24 décembre 2012

Noël 1941

   24 décembre 1941, l'année se termine !

   Pour les P.G. c'est déjà le troisième Noël loin des Leurs...

   Malgré tout, la vie s'est organisée dans les stalags et à Teplitz, comme dans les autres camps, les P.G. vont fêter Noël à leur manière.

   Dès 20h30, ils vont d'abord assister au spectacle du "Swing-concert" puis ils vont faire un festin avec les victuailles reçues dans les colis transmis par leurs familles.


   A minuit les croyants et beaucoup de non-croyants vont se rassembler devant la crèche puis assister à la messe célébrée par un prêtre, également prisonnier.



   Tous vont penser à leurs familles et à leur Patrie dans l'espoir d'un proche retour...
   Aucun n'imagine qu'il reste encore trois Noël à passer en captivité ...

Documents et photos : collections Ponroy (programme) et Morin (photo)

13 juin 2012

L'immatriculation

  Après un "voyage" de plusieurs jours le prisonnier arrive sur le territoire du Reich...


   Sa "réception" a bien été organisée car c'est presque immédiatement qu'il est pris en charge par l'administration de la Wehrmacht.

Il subit une fouille complète et abandonne même ses quelques sous... Ses maigres bagages et objets personnels - briquet, montre, bijoux - sont confisqués.
Fernand Babarit
le jour de son immatriculation
(collection Claude Babarit)
Vient ensuite l'épouillage des vêtements et du corps badigeonné avec un produit spécial ; ses poils et cheveux sont rasés, il est douché collectivement et attend, nu, ses vêtements qui lui seront remis après les formalités. Le P.G. n'est soumis à aucun examen médical !

  Puis c'est l'immatriculation pour devenir un "Krigsgefangener", un K.G.
Chaque K.G. se voit affecter un numéro matricule (sauf ceux déjà immatriculés en Frontstalag) et sera photographié - de face - avec ce numéro inscrit sur une ardoise tenue à hauteur de la poitrine. Le numéro est aussi gravé sur une plaque de métal qu'il portera autour du cou - ou sur lui - durant toute sa captivité et qu'il devra présenter à toute réquisition.
Plaque du P.G. Joseph PINÇON
immatriculé au frontstalag 133 de Rennes
(collection personnelle)
Il gardera ce numéro et restera attaché au camp où il a été immatriculé quels que soient ses changements d'affectations ultérieurs.
Ainsi, plus de nom ! Par exemple, le K.G. Joseph PINÇON, n° 11266 ne sera appelé ni par son nom ni par son numéro. Il sera désigné par le mot "du" (toi). Devenu anonyme, il devient un "stücke" (une pièce, une unité).


    Tous les renseignements d'état-civil sont notés sur une fiche signalétique et ses empreintes digitales sont prises. Il doit y indiquer sa religion, ainsi les juifs sont répertoriés à part... Mais sont également classées à part les fiches des Bretons et des Corses. Quant aux P.G. originaires d'Afrique du Nord, de la Réunion, d'Afrique Noire ou des Antilles, il seront renvoyés en France dans les Frontstalags.


Carte de capture - verso.
(collection personnelle)
    De son côté le P.G. remplira une fiche cartonnée dite "carte de capture" qui sera transmise à la Croix-Rouge.
Carte de capture - recto.
(collection personnelle) 


     A Genève, au siège du C.I.C.R. les fiches sont triées puis l'organisme humanitaire signale à la famille le lieu de captivité du soldat prisonnier.
Tri des cartes de capture au siège de la Croix-Rouge
(L'illustration n° 5058 du 10.02.1940)

sources : "La Captivité" Yves Durand - éditions F.N.C.P.G. 1980


10 juin 2012

Charlemagne MIDAVAINE

  Charlemagne MIDAVAINE voit le jour à Denain (Nord) le 31 juillet 1914 et exercera, comme nombre de ses "Pays", le métier de mineur de fond.

Charlemagne Midavaine
   Incorporé en octobre 1935 au 1er Régiment d'Infanterie il obtiendra durant son service militaire les brevets de tireur d'élite puis de fusilier mitrailleur d'élite.

   Mobilisé le 26 août 1939 au C.M.I.13 de Cambrai il va combattre dans l'Est et notamment le 16 juin 1940 où plusieurs de ses camarades sont blessés (DARRAS, DESRUEL, PIGNARD, ROUSSEN, WALLET, etc.) ou meurent sous ses yeux (ARMAND, CAUCHOIS, COCK, DUQUESNOY ...).

   Fait prisonnier le 19 juin 1940 à Houécourt, près de Vittel, il va être "parqué" avec plusieurs milliers d'autres soldats en divers lieux avant de partir, en gare de Chaumont le 22 août, pour la Poméranie où il "débarque" quatre jours plus tard au stalag II B d'Hammerstein.
  


   Mais son séjour à Hammerstein va être de courte durée puisque dès le 29 août il est dirigé vers le II C de Greifswald où il va être immatriculé sous le numéro 43.177. Il quitte Greifswald le 05 septembre 1940 pour Stralsund où un tracteur et une remorque attendent des P.G. pour les emmener au travail dans une grande ferme située à Scharpitz. Dans cette ferme Charlemagne va battre le seigle, arracher des pommes de terre puis des betteraves. Le 21 janvier 1941 c'est le retour au siège du II C ...

   Le 25 janvier 1941 changement de région et de stalag puisqu'il part pour le Pays des Sudètes et plus précisément Skyritz, village situé aux abords de Brüx où dès le lendemain il est au travail dans une mine à ciel ouvert. Voilà Charlemagne admis dans son métier mais loin des mines de son Nord natal ...

Page 1/45 du "Journal d'un P.G."
   Dans son journal Charlemagne relate sa vie de soldat puis de prisonnier de guerre. Le 11 août 1941 il note l'arrivée au IV C de 7000 Anglais et Russes, puis en septembre 43 de P.G. Italiens et enfin des Sud-Africains en octobre 1943 provenant des fronts d'Italie et d'Afrique du Nord.
   Blessé au travail le 15/08/41 il est admis à l'hôpital de Bilin mais n'est radiographié que le 30 août ... Dans l'établissement il côtoie des prisonniers Anglais, Belges, Crêtois, Yougoslaves etc. Il effectuera un second séjour au "Lazarett" de Bilin du 11 mars au 1er avril 1942.

   Tout le reste de sa captivité Charlemagne va le passer dans les mines de la région de Brüx qui va être bombardée à de nombreuses reprises par l'aviation Alliée. Il relate un premier bombardement le 05 mars 1943 qui fait 20 morts parmi les mineurs P.G. puis plus de 100 tués le 12 mai 1944 (1). Le 16 mai une cérémonie a lieu en l'honneur des disparus dont 57 Français, 32 Anglais, 15 Italiens ... et le 17 un Anglais est dégagé après quatre jours et quatre nuits d'ensevelissement.

Cérémonie du 16 mai 1944 ?  
  D'autres bombardements suivront ... 21 juillet sur Maltheuern (Zaluzi), 24 août, 11 septembre (toute la région de Brüx), 23 septembre (Brüx et Hydrierwerk), 23 octobre, 25 décembre 1944 (huit bombes à 100 m du camp mais ça n'empêche pas Charlemagne et ses camarades de se rendre à la soirée théâtrale pour y voir jouer "Une femme ravie"), 16 janvier 1945 (les bureaux de la mine sont soufflés !), 14 février, 19 avril et d'autres encore ...


Une troupe de théâtre :
est-ce celle de la pièce jouée le 25 décembre 1944 ?
   Le 14 avril 1945 Charlemagne note en majuscules : "Enfin l'Espoir !" Les Américains ne sont en effet plus très loin...
   Le 21 avril Krima (Krimov), située à une vingtaine de kilomètres de Brüx, est prise et le 25 Américains et Russes font jonction près de Torgau.
   Le 05 mai, les P.G. refusent de descendre à la mine !
   Le 07 mai les chars américains sont à Komotau ...

   08 mai 1945 !!!
A 05 heures du matin, ordre est donné de se préparer et des vivres sont distribués aux P.G.
A 07 heures, alors que le départ est proche et que les bombardements font rage Charlemagne ... prend le temps de faire le gâteau qu'il avait promis à trois copains pour le "jour de la délivrance". Et c'est avec ses trois camarades d'infortune et le fameux gâteau qu'il quitte son kommando sous les tirs d'artillerie.

Charlemagne et trois camarades.
Ceux qui partagèrent le gâteau ?
   Ce n'est que le 13 mai que les quatre copains passent la frontière tchèque ...
Le 14 mai ils arrivent par camion américain à Bamberg et passent la nuit dans une caserne.

   Charlemagne MIDAVAINE sera démobilisé le 04 juin 1945.

Sources : Récit d'après "Le journal de Charlemagne", documents et photos aimablement communiqués par Michel
.

49 photos de Charlemagne et de camarades sont visibles dans l'Album !

(1) Les P.G. suivants, notamment, décéderont au cours de cette journée : Francis CRÉZÉ, de l'ex. 125ème R.I. , 2ème classe, matricule 38.219 ; Gaston DESMOOR, de l'ex. 43ème R.I. , caporal, matricule 10.552 (cf. dossier Stalag IV C, archives nationales)

Toutes les photos publiées sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

04 mai 2012

Recherche famille Anna Hörnig

    Durant sa captivité mon père a notamment travaillé chez un tonnelier tchèque dans la région de Teplitz. L'entreprise était au nom de sa femme, Anna Hörnig.

Anna Hörnig assise à la table.
Mon père et un autre P.G. sont au premier plan.

   Ce blog étant quotidiennement consulté tant en Allemagne qu'en Tchéquie, je recherche tous renseignements sur Anna Hörnig et ses éventuels descendants afin de situer ce lieu de captivité pour préparer un futur voyage sur les traces de mon père...

   Je remercie Gerhard Rehatschek (lui même toujours à la recherche d'un P.G. prénommé Rolf et ayant travaillé à Leitmeritz) qui a déjà relayé cette recherche Outre-Rhin.

stalag.4c@sfr.fr - 02 56 44 56 32 ou depuis l'étranger 33 256 445 632


Vous avez - comme moi - une recherche particulière à faire ? Envoyez-moi votre question par mail !
(pour info ce blog est lu, chaque jour, dans plus d'une dizaine de pays mais principalement en France, Belgique, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, République tchèque, Russie, Pays-Bas etc.)

30 avril 2012

Stalags IV sur Facebook

Stalags IV


Un groupe "Stalags IV" a été ouvert sur Facebook.

Les publications sont quotidiennes.

De nombreux étrangers - notamment Tchèques - ont rejoint le groupe et aident les membres dans leurs recherches.

Plus de 2000 photos et documents - souvent inédits -
sont en ligne... 







Rejoignez le groupe "STALAGS IV" et venez partager
les infos de plus de
 600 membres !

@@@@

Et pour satisfaire les autres demandes d'info sur les camps de P.G. (autres que du Wehrkreis IV) le groupe
Prisonniers de guerre dans les Stalags et Oflags
est ouvert à tous ...

21 mars 2012

Victor DUCROCQ

Photo prise au IV C
   Victor DUCROCQ est né le 21 septembre 1906 à Crémarest (Pas-de-Calais).
   Il était de la classe 1926, numéro matricule de recrutement : 1866.
   Il a effectué son année de service militaire, au 110ème Régiment d’Infanterie, à compter du 10 novembre 1926 (arrivé au corps le 15 novembre, matricule n° 14012). Rappelé à l'activité le 05 septembre 1939, il est affecté au 310ème Régiment d’Infanterie, puis transféré au 149ème R.I. de Forteresse (avec d’autres soldats, chargés de famille -1-), dans les villes de Longwy et Longuyon dont il parlait souvent. Soldat de 2ème classe, il était l’ordonnance d’un officier. Cette fonction lui permettait de porter, aux mollets, des jambières au lieu des bandes molletières, et de pouvoir parfois se déplacer à cheval (1).
Le "laissez-passer" de Victor
   Il a été fait prisonnier dans les Vosges le 20 juin 1940. Arrivé en Allemagne le 26 septembre1940, il a été transféré au Stalag IV C, sous le matricule 7568. Son nom peut également être retrouvé avec l'orthographe DUCROQ (sans le "C" à la fin du nom), erreur qui apparaît sur sa plaque d'identité militaire. C’est avec cette orthographe qu’il est répertorié, page 22, sur la liste officielle n° 21 des prisonniers de guerre français, datée du 25 septembre 1940.

   Agriculteur de profession, il était cantonné à Strisowitz (devenue Strisovicè), petit village situé à 4 kilomètres au Nord-Ouest d’Aussig. Il travaillait dans une ferme, et faisait partie de l’Arbeit-Kommando A 17.

   Il ne s’est jamais plaint de ses conditions de vie. Seul le souvenir de l’un de ses camarades, mort de maladie, l’avait profondément affecté (1). Il en avait gardé les photos de sa sépulture, malheureusement disparues depuis.


   Il fut libéré par les Russes le 8 mai 1945 : « Nous avions fabriqué et mis des drapeaux français partout, car nous avions très peur des Russes. Dans les environs, une unité de soldats allemands fanatiques, de vrais « fils d’Adolf », a été massacrée (1) ».

   Il retrouva son épouse et ses deux enfants le 24 mai 1945, après plus de 5 ans d’absence. Il fut démobilisé le 06 juin 1945.

(1) Témoignages oraux de Victor, à son petit-fils Thierry (auteur de ce résumé).

D'autres photos de Victor et de camarades (à identifier) sont visibles dans l'album.

Les photos et documents publiés sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

23 février 2012

Jean SIMON

   Voici des documents transmis par un correspondant et achetés aux Puces !

   Jean SIMON, né le 15 mars 1911 à Bourbriac (Côtes-d'Armor), employé comme receveur à la Société des Transports en Commun de la Région Parisienne (S.T.C.R.P.) - service de Malakoff -, est mobilisé en septembre 1939 au sein du 47ème R.I. comme le précise la délégation qu'il signe en faveur de sa femme (?) et qui est validée par le maire de St Denis-de-Gastines (Mayenne). Cinq dates figurent au verso du document (05/09/40 - 22/10/40 - 05/11/40 - 05/12/40 - 04/04/41) ; s'agit-il de versements ?

   Prisonnier le 15 juin 1940 et immatriculé au stalag IV A sous le n° 32914, il sera libéré le 09 mai 1945.



Titre de permission transformé en "laissez-passer"

      Transféré au IV C, Jean va notamment travailler à la société Poldi-hütte située à Trauschkowitz (aujourd'hui Droužkovice) dans la région de Komauto comme l'indique le laissez-passer ci-dessous.


   A son retour, il se procure le journal "Libres" (édition du 21 mai 1945) qu'il conserva toute sa vie !


Merci à Bernard D. pour le "sauvetage" de ces documents, aujourd'hui reversés à un centre d'archives.

Nota : d'autres documents de Jean Simon seront publiés dans des messages spécifiques

22 février 2012

André DELBOS


André Delbos, à Lichtenwald, le jour de ses 29 ans.
   
   André DELBOS (1912-1964 Ris-Orangis), dit "Bobosse", 
effectue son service militaire au Maroc au début des années "30" puis arrive la guerre ...


   
Sa carte de capture
   Rappelé à l'activité à la déclaration de guerre, il rejoint le 15ème Régiment du Génie. Fait prisonnier au printemps 40, il est transféré vers le Stalag IV C où il est immatriculé sous le n° 1803. Il fut notamment détenu à 
Lichtenwald , l'une des résidences du maréchal Göring (aujourd'hui un pavillon de chasse sur la commune de 
Český Jiřetín).



Croquis signé R. Dag...
(sans doute DAGNEUX)
  
    La circulaire n° 
69 du 08 juin 1943 informe le délégué départemental du Comité d'Assistance aux Prisonniers de Guerre en captivité de Versailles qu'André DELBOS est "transformé" en travailleur libre. En août 1944 il se trouve dans la région d' Oberleutensdorf (
Horní Litvínov).

   Fin cuisinier, il réalisait quelques "repas" (en réalité, il améliorait l'ordinaire) et c'est ainsi que pour le remercier il fut "croqué" par un copain artiste avec cette mention "A mon cuistot Bobosse".
Réveillon de noël 1941 à Lichtenwald. Henri FOSSE, assis 1er à droite
et André DELBOS, debout  3ème à droite.
A Lichtenwald, André DELBOS 2ème à gauche
et Roger THINEL 2ème à droite
   
   Ses copains de captivité se nommaient : 
 CÉSAR, DEMUREZ (ou DEMURIEZ), Henri FOSSE, Marcel (?) HIRSCH, LONGCHAMP, PAQUEUX, Marcel ROBERT viticulteur à Chasselas, RUFFIER, Roger THINEL.

Nota : Des photos d'André et de plusieurs de ses camarades sont visibles dans l'album.
Remerciements à Martine Delbos pour tous les documents transmis
Mise à jour le 29 mars 2017


Les photos et documents publiés sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR


21 février 2012

Maxime LÉGER


   Maxime, Marcel, Valentin LÉGER est né à Bouffry (Loir-et-Cher) en 1906. Incorporé en 1939, il sert dans le 405ème Régiment de Pionniers. Le 21 juin 1940, il est fait prisonnier à Dabo (Moselle) puis transféré, dès août 1940, sur le stalag IV B de Mühlberg/Elbe où il est immatriculé sous le numéro 54909.

   Sa captivité se décompose en deux grandes périodes. L’une où il se trouve en Bohême, dans les Sudètes (stalag IV C) et une seconde période où il est retenu à l’ouest de l’Allemagne à Mannheim dans le land du Bade-Wurtemberg.

   Au "IV C", il travaille notamment dans le kommando 459 de Brüx-Hydrierweke où il est contraint - comme des milliers d'autres P.G. - à la construction de la vaste usine de carburant synthétique de la société « Sudetenlandische Treibstoffwerke AG » (STW), située près de la localité de Maltheuren (Záluží). 

   Durant l'été 43, avec d'autres compagnons, il tente une évasion depuis son détachement de  "Brüx-Hydrierwerke" ...

   Le 15 octobre 1943 il est incorporé dans le « Kriegsgefangenen-Bau- u.Arbeits-Bataillon » n°13 ou B.A.B. 13 (Bau-Arbeit-Bataillon) de la compagnie 2, créée à Brüx. Il quitte Brüx pour Mannheim-Ludwigshafen dans la vallée du Rhin (rattachement du BAB 13 au Stalag XII A).

   Maxime décédera à son retour de captivité, épuisé, début juillet 1945, un mois après sa libération.



Maxime Léger (à droite) avec son cousin René Léger* 
qu’il retrouve par hasard sur le site de Brüx-Hydrierwerke. 

* Né en 1913 à Bouffry, René est fait prisonnier à Darmannes (Haute-Marne) le 18 juin 1940 et transféré au Stalag VII A (matricule 66 116)



Nota : des photos de Maxime LÉGER et de compagnons sont visibles dans l'album.
Remerciements à François L. pour ce témoignage et les nombreux documents qu'il m'a transmis (d'autres seront partagés).


Les photos et documents publiés sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

17 février 2012

Départ en stalags

   Qu'ils aient été faits prisonniers sur les lieux de combats ou "cueillis" dans leur caserne, les soldats français (tous grades confondus) vont à un moment ou à un autre être transférés en Allemagne.

    L'Armée française est en déroute en mai et juin 1940. Elle n'a pas résisté bien longtemps ! Alors que les autres armées sont en grande partie motorisées, c'est à pied que le fantassin français va au combat...
La supériorité de l'Allemagne est aussi flagrante : deux fois plus de chars, dix fois plus d'avions et les nôtres datent...
   Et sur le front, les Allemands disposent de 150 divisions contre 90 pour notre Armée. La bataille est inégale !
   Les Allemands vont facilement capturer nos soldats, exténués et perdus et près de deux millions vont être faits prisonniers jusqu'au 25 juin 40 et même après (signé le 22 juin, l'armistice entre en vigueur trois jours plus tard).
Colonne de P.G. français

   Prisonniers, ils sont entassés dans des frontstalags surpeuplés ou conduits directement outre-Rhin.
Après des marches interminables c'est l'arrivée à la gare, l'entassement dans des wagons à bestiaux ou à marchandises et le départ pour une destination inconnue.
Puis, après un trajet de plusieurs jours, disposant de peu de nourriture et d'eau, ils arrivent épuisés dans des camps, les stalags.

11 février 2012

Germain LAFARGUE

   Germain LAFARGUE, P.G. n° 4410, est né à Clermont-Ferrand en 1913.
Le "Teplitz Jazz"
Germain LAFARGUE est le 1er à droite, accroupi.
 
   Violoniste, il est au début de la guerre musicien au sein de l'orchestre de la Radiodiffusion Nationale et fait partie durant sa captivité de l'orchestre "le Teplitz-Jazz" sous la direction de William DAVID.

(collection Marc B.)

   Le "Teplitz-Jazz" va même enregistrer plusieurs 78 tours et notamment des "airs russes", "Nuages", "Le Furet", "Les 3 hussards".






  
 
   A Teplitz, Germain est 
employé en 1944 chez Joseph König (Kleiderfabrik) selon le laissez-passer joint (réalisé sous le prénom de Jean !) et a comme voisin de chambrée l'écrivain Gilbert CESBRON.

   A sa libération il devient membre de la société des concerts du conservatoire de Paris et termine sa carrière à l'orchestre lyrique de l'O.R.T.F.   


Germain est décédé à Marseille en 1994. 


Remerciements à Marc B. pour les documents. Les photos et documents publiés sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

Quand tu reverras ton village


Attention : pour écouter cette chanson, STOPPEZ la playlist Deezer (musique automatique dès l'ouverture du blog) sur le bandeau droit.


Quand tu reverras ton village
Quand tu reverras ton clocher

Ta maison, tes parents, tes amis de ton âge
Tu diras rien chez moi n'a changé.
Quand tu reverras ta rivière

Les prés et les bois alentour
Et le banc vermoulu près du vieux mur de pierre
Où jadis tu connus tes amours.

Ta belle t'est fidèle et bien sage

C'est elle qui viendra te chercher
Quand tu reverras ton village
Quand tu reverras ton clocher.

La grand'rue ce jour là prendra des airs de fête

Son visage fleuri d'autrefois
Et la nuit sur la place un orchestre musette
Bercera ton amour et ta joie
Mon Pays, tout mon coeur écris-tu tendrement
A bientôt, je pense à toi maman.

Quand tu reverras ton village
Quand tu reverras ton clocher
Ta maison, tes parents, tes amis de ton âge
Tu diras rien chez moi n'a changé

Quand tu reverras ta rivière
Les prés et les bois alentour
Et le banc vermoulu près du vieux mur de pierre
Où jadis tu connus tes amours.

Ta belle t'est fidèle et bien sage
C'est elle qui viendra te chercher
Quand tu reverras ton village
Quand tu reverras ton clocher.


Paroles et musique de Charles Trénet 


Durant l'Occupation, Tino Rossi chante à de multiples reprises Quand tu reverras ton village, la chanson d'espoir de tous les prisonniers de guerre, composée pour lui par Charles Trénet, et refuse un cachet conséquent pour enregistrer Maréchal, nous voilà. (extrait de Wikipedia)

10 février 2012

Coupures de presse étrangère

   Voici quelques coupures de presse du "The Prisoner of  War" (pages reprises du site web de Krista avec son aimable autorisation), un journal britannique dont des extraits concernent le IV C - traduits gracieusement par Maria que je remercie - et peuvent être utiles aux très nombreux lecteurs d'outre-Manche...
N.B. les P.G. français sont séparés des étrangers (sauf  des Belges) dans chaque camp.

.


 Hôpital de Bilin (colonne de gauche, avant dernier article) : se compose d'une grande maison en pierre et d'un groupement de bungalows. Il y a 20 patients Anglais. L'eau est rare dans cette zone et la logistique a été supprimée tous les soirs pendant l'été. Quelques régimes alimentaires (diètes) sont disponibles mais il y a une pénurie de médicaments et de pansements. Il est rapporté que les colis en provenance de la Croix-Rouge arrivent régulièrement. (visite d'octobre 1942) - (T.P.W. 04/1943)


(Articles de la colonne de gauche ...)
Camps de travail (Teplitz-Wistritz).
 - Il existent de nombreux prisonniers Chypriotes dans ce "Stalag" mais quelques camps de travail contiennent des prisonniers Britanniques, particulièrement dans le district de Komotau.



Camp de travail "Schwarz II". - 114 prisonniers Britanniques vivent dans ce qui était auparavant l'étable dans le couvent. L'école d'équitation a été construite au XVIII ème siècle. Deux poêles de fer servent à chauffer la pièce. Les hommes dorment dans des lits superposés à trois lits et disposent de deux couvertures chacun. L'approvisionnement en eau en provenance de la ville est très insuffisant et le camp ne dispose pas de douches. Les WC (toilettes) sont adéquates (satisfaisantes).

On peut jouer au "foot" pendant plusieurs heures par semaine. Il n'y a pas de salle de loisirs et des promenades seront organisées.

Il est espéré qu'une nouvelle caserne sera construite dans le jardin adjacent au camp afin de soulager les conditions de surpopulation.


Camp de travail Tschautsch III - Mannsmann : a la réputation d'être "un bon camp" où 66 prisonniers de guerre Britanniques vivent dans des casernes en bois à l'intérieur d'une grande arène sportive. Les casernes sont décrites comme étant bien chauffées et bien illuminées. Même s'il n'y a pas de douches, les installations pour se baigner semblent satisfaisantes. Le service de courrier (postal) est très lent et irrégulier.


Il y a 37 prisonniers de guerre au camp de travail Bruch II et 25 au Kommando 173  Komotau. A Bruch II, ils habitent dans une école moderne et le camp est réputé comme étant un des plus visités. Depuis que le Kommando 173 a été visité (en octobre 42), de nouvelles chaudières ont été installées dans la cuisine. Il y a à présent un médecin Britannique à Komotau, pour la plus grande satisfaction des prisonniers de guerre Britanniques. Les soins dentaires sont administrés par un dentiste civil ; tous les prisonniers ayant bénéficié de l'accès à ces soins (janvier 1943)." (T.P.W. 06/1943)



Un groupe de prisonniers du IV C (T.P.W. 09/1943)



Mineur satisfait (colonne gauche, 4ème §)"Ça aurait pu être pire", selon un homme au Stalag IV C qui travaille dans une mine de charbon. "L'hébergement est confortable, la nourriture est bonne et en quantité satisfaisante, les compagnons de chambrée agréables, le travail n'est pas trop fatiguant et les collègues de travail sont intelligents". Il rajoute qu'il devient de plus en plus expérimenté comme cuisinier et qu'il trouve dans la grande variété des aliments fournis par la Croix-Rouge, plein "d'espace" pour sa créativité culinaire." (T.P.W. 04/1944)



Stalag IVC (photo footballeurs) l'équipe de football joue dans un terrain de sports proche de ce Stalag situé à Wistritz, à mi-chemin entre Dresden et Prague.




Stalag IVC, Wistritz (articles de la colonne droite) : 

Le "Lager 22 A" près de Brüx, héberge 2.030 prisonniers de guerre. En fonction des représentations établies par le "Pouvoir Protecteur", des prisonniers de guerre du "Lager 27 B" ont été transférés dans ce camp. Ils vivent dans des cabanes hébergeant de 16 à 22 personnes. L'illumination électrique est satisfaisante. L'eau froide et l'eau chaude sont abondantes.

Les repas sont confectionnés par les prisonniers de guerre Britanniques dans leur propre cuisine. Les prisonniers ont le droit d'aller au cinéma et d'utiliser le terrain de sports. Il y a une infirmerie.

Les prisonniers doivent travailler pendant de longues heures excessives - départ du camp à 5h30 du matin et retour vers 18h30-19h00, travaillant pendant de très longues heures, avec deux départs à 5h30 du matin le dimanche, par mois.

C'est regrettable que suite à des attaques aériennes alliées dans le voisinage de ce secteur, que 36 prisonniers aient perdu la vie (leurs familles ont été informées). Le retrait du camp de ce secteur a été demandé.


Camp de travail Columbusschacht N° 51.

1.120 Prisonniers de guerre Britanniques sont installés dans ce camp et plusieurs améliorations ont été faites.
Une nouvelle infirmerie bien équipée a été ajoutée. La situation en termes d'habillement est maintenant satisfaisante et le nombre de chaussures est suffisant. Les conditions de travail ont été améliorées et les infrastructures sportives sont bien organisées.
Le camp de travail 28 B (suite page ci-dessous...) (T.P.W. 10/1944)



Stalag IV C (photo) : groupe de musiciens sous les arbres.


(suite article de la page précédente ...) Le camp de travail 28 B (haut de la colonne gauche) est sévèrement surpeuplé et l'espace est insuffisant pour des activités de recréation en extérieur. Les prisonniers sont obligés à creuser des abris anti-bombardement aérien dans leur temps libre. Ceci est aussi exigé aux civils allemands.
L' infirmerie est trop petite.




Le camp de travail Haïda est un petit camp de 24 prisonniers qui logent dans un vieux restaurant. Ils ont une chambre à coucher assez spacieuse et airée (ventilée). Ils disposent d'une salle de loisirs. Il n'y a pas de plaintes.


Les camps de travail de Hopfenbluete et Falkenhein-Schönlinde ont aussi été visités et les conditions jugées satisfaisantes. Dans le premier (Hopfenbluete), 42 prisonniers de guerre travaillent dans une usine de textiles et dans le deuxième (Falkenhein-Schönlinde), 51 prisonniers de guerre travaillent pour un sous-traitant, posant des conduites (pipe-line). (Visité en juin 1944) (T.P.W. 10/1944)



Pas de temps pour les distractions (2ème article, colonne de droite) :Stalag IV C, 17/06/1944 


"Un camp de travail est complètement différent d'un grand camp de base. Des distractions sont proposées et le camp est propre. Nous n'avons rien à dire sur la façon dont c'est géré mais notre temps de travail va de 6h00 à 18h00 - ce qui exclut les temps de marche (les temps de déplacement à pied) ; c'est un travail dur fait à la pelle. Comme vous pouvez le constater, nous n'avons pas le temps ni l'envie pour nous distraire. C'est le travail, manger et au lit !

Nous avons droit à deux jours de repos par mois et profitons de ceux-ci pour avoir une douche, faire nos lessives et écrire des lettres.

Je suis bien habitué à tout ceci maintenant et je ne me fatigue pas facilement. Au fait, je suis en forme, en bonne condition et je ne me plains pas." (T.P.W. 10/1944)


L'Américain qui faisait mouche (colonne centrale, 2ème article)


Stalag IV C, 15/06/1944 

"Nous avons eu la visite d'un Américain il y a quelques temps que nous a fait une impressionnante démonstration, pour notre plus grand plaisir. Il faisait "mouche" tout le temps lors du championnat de jeu de fléchettes. Ses fléchettes atterrissaient tout le temps à l'intérieur du double anneau (il faisait mouche tout le temps). Il a atteint les 2.000 points en moins d'une demi-heure et nous avons tous eux nos "fesses bottées". (T.P.W. 10/1944)