31 mars 2013

Libération de Teplitz


Photo de Francis JARDIN (un P.G. français ?...)

    Pour suivre les évènements passés et l'histoire de la région de Teplice, à quelques kilomètres de Wistritz siège du stalag IV C, suivez ce lien :
TeplitzSchonau sur facebook

    Les photos, anciennes notamment, sont nombreuses et voici celle publiée concernant la libération de la ville le 08 mai 1945, à 08h30 par les troupes russes.

   
(collection personnelle)
    Ci-contre, ce qu'écrit mon père dans son carnet sur cette journée tant attendue :
"" 8 mai 1945, réveil 3h, départ pour la France à pied.
A 8h, chassés par les S.S.
12h30, passage à Brüx et bombardement par les Russes,
mort de 19 camarades du kommando Moulin (?) de Teplitz.
Libérés par les Russes, que des jeunes filles, à 20h à ...

Le 9, à ...., un régiment de Mongols nous dépasse, de vraies brutes, tous ivres"".

   Les troupes russes et américaines avaient fait la jonction quelques jours plus tôt, fin avril 1945, près de Torgau (photo ci-dessous).

Sources : http://www.museevirtuel-virtualmuseum.ca/
   Déjà, depuis le bombardement de Dresde (Wehrkreis IV) dans la nuit du 13 au 14 février 1945 qui fit, selon certaines sources, près de 250.000 victimes (pour 1 million d'habitants et de réfugiés confondus), les P.G. du IV C attendent leur délivrance (la libération des stalags s'est échelonnée en fonction des événements).

    La ville de Brüx, située à moins de 30 km de Wistritz, et son usine d'essence synthétique est aussi régulièrement bombardée (voir dossier Charlemagne Midavaine). 

    Dès les premiers jours de mai, les P.G. de Teplitz et alentours ont connaissance de l'avancée des Alliés et du recul de l'armée allemande car des convois importants de réfugiés civils traversent la région et le bruit des canons et des bombes se rapproche chaque jour...

    Finies les parades dans les villes et la liesse des Allemands des Sudètes !..
Octobre 1938 à Aussig (sources : Bundesarchiv)
Quelque part dans les Sudètes en octobre 38
(sources : Bundesarchiv)

   Comme la population française cinq ans plus tôt, les Allemands des Sudètes, de Saxe ou de la Bavière proches connaissent à leur tour l'exode... après d'autres Länder.

   Le 07 mai les Américains sont signalés à Komotau et, en soirée, les premiers obus tombent sur Teplitz, Wistritz et leur région. Les ordres sont donnés dans chaque kommando car la Libération est proche !
   Immédiatement les prisonniers s'affairent à récupérer leur maigre bien et se préparent à passer leur dernière nuit de captif. Mais, tous ne rentrerons pas ...

   Le 08 mai, à 03h00, c'est le réveil et presque immédiatement le départ pour mon père et ses camarades de Teplitz. Tous doivent rejoindre, à pied, les lignes américaines les plus proches (à plus de 100 km !). Au fur et à mesure du trajet, la colonne des nouveaux "hommes libres" (les posten ont vite fuit...) s'étoffe par l'arrivée de dizaines de kommandos.
Ils marchent à la queue leu leu en direction de Brüx et la colonne s'étire sur plusieurs kilomètres.
   A 12h30, alors qu'ils viennent de pénétrer dans Brüx, l'aviation russe bombarde la ville faisant des dizaines de victimes (anciens P.G., soldats allemands, civils).
   Moins d'une heure plus tard, une bataille entre chars russes et allemands se déroulent sous leurs yeux et tourne à l'avantage de l'Armée Rouge.

   A 23h01, l'Allemagne a capitulé ! La guerre est finie !

   Les P.G. du IV C ont donc été parmi les derniers délivrés ... mais ils ne sont pas encore rentrés en France !

   A suivre ... "Le retour"

Sources : photos, mention sous chaque cliché ; textes, archives familiales, carnet de captivité de Charlemagne Midavaine et wikipedia. 

18 mars 2013

Louis LACOUR


   Mon père, Louis LACOUR (21/03/1913-02/05/1989), est fait prisonnier au massif du Donon le 20 juin 1940. Il est détenu dans un camp de transit à Sarre-Union jusque vers septembre-octobre 1940 (mes souvenirs d'enfance des rares récits de mon père sont imprécis sur ce point). Les prisonniers ont parcouru à pied une partie du trajet de leur lieu de captivité à Sarre-Union.


La plaque du K.G. Louis Lacour
   Mon père est expédié à Mülhberg (Brandebourg) par le train (wagons à bestiaux, mais wagons de voyageurs lors de la traversée de vallée de l'Elbe). Il est immatriculé au Stalag IVB sous le matricule 55557. Il est ensuite affecté et expédié au Stalag IVC à Brüx dans les Sudètes où les Allemands construisent une usine d'essence synthétique (procédé Fisher-Tropsch).
Il y reste jusqu'au 8 mai 1945.

   Le 8 mai 1945, c'est la débandade allemande. Les prisonniers sont laissés à eux-mêmes. La situation est terrible en raison d'un bombardement aérien russe qui fera de nombreuses victimes parmi les prisonniers français (mon père parlait d'un proche camarade tué en étant hospitalisé).
Louis Lacour (2ème rang, 4ème en partant de la gauche)
et d'autres camarades le dimanche 31 octobre 1943
Mon père et un camarade (je ne me souviens pas de son nom) décident de quitter le camp pour rejoindre les Américains et fuir les Soviétiques. Ils parcourent à pied la vallée de l'Eger (Ohre) jusqu'à Karlsbad (Karlovy Vary). Ils transportent leur maigre bagage au moyen d'une brouette. Quelques allemands des Sudètes leur ont offert à manger et à dormir. Mon père rappelait le changement d'attitude des ces allemands à l'égard des prisonniers.

Louis Lacour (1er à gauche au 3ème rang)
le 1er janvier 1945

   Vers Karlsbad, mon père et son camarade empruntent un train de fortune qui transporte des prisonniers vers l'Allemagne. Le train est escorté et protégé par des soldats américains en raison des desperados SS qui sévissent le long de la ligne. Les prisonniers réparent les voies (pose de rails et de traverses). Un pont détruit stoppe le voyage en train. Ils continuent dans des camions de l'armée américaine jusqu'à Gera (Thuringe). Les Américains transfèrent les prisonniers français vers Paris par avion (Dakota). Mon père arrive à Paris-Le Bourget vers le milieu de juin 1945, et est démobilisé. 

Obsèques des P.G. victimes du
bombardement du 12 mai 1944 à Brüx
   Quelques souvenirs de récits supplémentaires :
A partir de la fin de 1943 ou du début de 1944 le camp a subi de fréquents bombardements la nuit (britanniques) et le jour (américains) pour détruire l'usine d'essence synthétique.
Ces bombardements ont fait des dizaines de victimes parmi les prisonniers français. Les prisonniers employés à la construction et à l'extension de l'usine ont effectué de nombreux sabotages pour entraver sa construction et son extension (par exemple, canalisations obstruées, détruites ou interrompues, sable dans les boîtes à graisse des wagons de marchandise, casse lors du déchargement de wagons de marchandise) avec une grande habileté pour ne jamais éveiller les soupçons des Allemands et éviter les représailles.

Texte et documents : Jean-Louis Lacour, que je remercie. 

D'autres photos sont consultables dans le diaporama
"Stalag IV C"

Des documents de la collection de Jean-Louis seront insérés ultérieurement dans des messages particuliers (La foi, bombardements etc.)

Toutes les photos publiées sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR