30 décembre 2014

Vœux 1945


("Reflets", journal du IV C - collection personnelle)

Meilleurs vœux
de bonheur et de santé à toutes et à tous 



28 décembre 2014

Échange de voeux pour 1945

   En cette fin d'année 1944, les hommes de confiance échangent leurs voeux et forment espoir que l'année nouvelle sera celle de la Libération ...

   Des lettres similaires à celles reproduites ci-dessous seront échangées entre tous les Stalags IV (sources : dossier stalag IV C - Archives Nationales).

Pierre HUBY à Élie PASCAUD
Élie PASCAUD à Pierre HUBY

17 décembre 2014

La faim !

La faim !


   Les prisonniers de guerre ont tous souffert de la faim à un moment ou à un autre de leur captivité et, bien sûr, il ne l'écrivait pas à leur famille pour ne pas la rendre plus soucieuse...



   Ce creux de l'estomac vide ils le connaissent déjà dès les premiers jours de leur capture mais également lors de leur transfert en Allemagne. Puis ce fut, à nouveau, en 1943 puis de l'été 44 jusqu'en mai 45 car l'étau se resserrait sur les nazis.

   Voici un exemple de repas :

matin : un quart de litre d'eau chaude aromatisée par des plantes sauvages ou des branches de sapin ;
midi : soupe à base d'orge, patates... non épluchées et de qualité médiocre, betteraves ou rutabagas, choucroute (simplement le chou !) ;
soir :  morceau de pain noir (150 à 200 grammes...) avec un peu de margarine, de la charcuterie ou de la confiture de betterave.


   Alors que le soldat allemand dispose de 46 grammes de viande par jour, le P.G. français reçoit... 8 grammes. Même chose pour  le pain : 150 grammes contre 350 g pour l'Allemand (rapport Scapini sur le stalag X A mais valable, semble-t-il, pour beaucoup de camps).



Il y a donc une insuffisance de calories (moins de 2000) avec cette sous-alimentation alors que le P.G. est astreint chaque jour à un travail pénible et long...



Un rapport du CICR note qu'au début de l'année 1945 la ration du prisonnier français est de 1530 calories...



   On a dû se battre pour un bout de pain ... ou "fait" les poubelles, comme ici durant l'hiver 41-42 aux abords du camp de Brüx.


Sources : archives Pascaud

09 décembre 2014

La boxe ...


Affiche d'un gala donné en 1943


La boxe au IV C



 Des galas de boxe étaient organisés dans les stalags et notamment dans les "gros" kommandos. Les matchs étaient disputés par des P.G. ayant déjà pratiqué ce sport mais d'autres captifs "s'essayaient" également à cette discipline. Les rencontres avaient aussi pour but de distraire les prisonniers et ... leurs geôliers !


      Charles PATOZ décrit l'atmosphère exaltée et passionnée des matchs au sein du camp 17/18 de "Brüx-Hydrierwerk" :
Gala du 22/08/1944 entre Teplitz et Brüx



" Dans cette salle, que de souvenirs depuis trois ans ! Tout un passé : ALONSO, BEAUCHANT, BRAMAI, MARMET ... Le présent s'appelle VETESSE, LAMBERT, JACQUEMINET. Déjà lointaine, la facilité de SANDRÈS ... Ce qui compte aujourd'hui, c'est la puissance de GIRAUD, la science de  SEVESTRE, les k.o. dramatiques de CORDEAU. 
Gala du 22/08/1944 entre Teplitz et Brüx

En entrant, nous retrouvons immédiatement quelque chose de l'atmosphère de la Mutualité et du Central. C'est un vertige de lumière crue, des hurlements, des senteurs fortes. Impossible de circuler. La foule est partout. Sur les tabourets, sur les tables, même au bord du ring. La resquille a donné à fond. Les consignes du service d'ordre se canalisent en rumeurs sourdes qui alternent avec des éclats bruyants. La fumée des pipes enveloppe déjà le haut de la salle d'un nuage épais. A leur tréteau, le maestro et sa bande se déchaînent comme Jack Hylton. Le cri aigre des chasseurs de primes troue la symphonie du Hott. Mais le rythme du jazz l'emporte sur les clameurs. Les saxos ont retrouvé les accents de Haarlem, le public vibre à l'unisson. Tout à l'heure, sur le cercle enchanté, on va s'affronter entre hommes. A l'avance la foule en manifeste une joie âpre et brutale. Chacun  joue les costauds. Les gars de l'organisation doivent y aller de l'épaule. Le moindre froissement amène sur les visages un rictus de colère qui s'accompagne d'un défi. C'est le triomphe de la force. Par contraste, on se prend à chercher les comédiennes platinées qui viennent, aux premières loges, humer l'odeur du mâle. L'orchestre se tait. Entre spectateurs on discute le coup. Tout le monde s'y connait, mais les nez écrasés, les oreilles en choux-fleurs apparaissent en augures. C'est à la fois le paddock, la réunion fédérale, la bourse des matches, les couloirs du Palais des Sports, les populaires de Wagram. Faisceau de lignes blanches, le ring s'érige sous la lueur aveuglante des lampadaires. A chaque instant un soigneur en franchit les cordages. Cette simple escalade semble devoir conférer, à ceux qui en sont dignes, des quartiers de noblesse... Privilèges du ring ! Aux angles, deux boxeurs, propres et gominés, se dévisagent, un peu pâles devant  l'imminence de la sanglante confrontation. Dans son coin, impassible, l'arbitre attend. En tenue civile, le speaker fait les présentations dans un inénarrable mélange de gouaille et de grandiloquence. Les préparatifs s'achèvent. L'arbitre appelle les deux adversaires. Dans la salle, les globes s'éteignent. Autour du ring, la lumière, tamisée, devient plus douce. Un long frémissement, quelques rires énervés, puis la foule, instinctivement observe le silence. Un coup de gong. L'instant devient pathétique ...
"Première reprise ! crie le speaker"

Reprise de la publication du 1er février 2014 de François Léger pour le groupe  "Stalags IV" de Facebook.
Photos : archives Pascaud

26 novembre 2014

Le journal mural du kommando 459

                                   Entre-nous !


     
   Au camp 17/18, district de travail  de Brüx-Hydrierwerk qui "hébergeait" l'important kommando 459 et différents B.A.B., il y avait un journal mural nommé "Entre-Nous..." qui se trouvait à côté de la bibliothèque.
   
Jean GOUROT, assis,
et le relieur et bibliothécaire-adjoint Joseph FONTENEAU
 
Jean GOUROT, le bibliothécaire écrit : " L'antichambre de la bibliothèque a aussi ses habitués. L'antichambre, je veux dire : le journal mural "Entre Nous...". Pareil en cela à des confrères plus illustres, il a des périodes de hautes et basses eaux. Certains jours, il est en veilleuse, réduit à quelques maigres papiers et tout à coup c'est l'abondance ! Le service d'affichage ne sait plus où donner de la tête, où trouver de la place ! Caricatures, textes, réponses à ces réponses s'affrontent dans une pittoresque bigarrure. Tel artiste, hérissé, déchaîné, débraillé, explosif et tout fou, plusieurs fois dans une journée, nous dit triomphalement "encore un petit dessin" et il déroule sous nos yeux ravis et effrayés un vaste rouleau que nous nous demandons où caser. A peine nous a-t-il quitté que s'en vient, porteur d'un autre dessin, son rival et ami, à la haute taille, au vaste front ; plus mesuré mais non moins riche en idées, il sait être gentiment cruel. A combien de controverses, de querelles sur les Beaux-Arts, sur les  traditions académiques et le renouveau "Zazou" les colonnes d' "Entre Nous" s'ouvriront encore ? "


   Paul PATTIER donnera quelques repères sur ce journal mural :


"Il y avait le tableau d'affichage, 
Où par le verbe et par l'image, 

Peintres et polémistes se livrèrent à de virulentes attaques ;

Où les Zazous , par exemple, et les Cocomacaques

Prolongèrent leurs polémiques,

Leurs polémiques épiques ;

Où DAVESNE nous donnait de littéraires et substantifiques c
ritiques ;
Où nous goûtions l'originalité des poésie de GABÉ ;

Où le camp A, il faut l'avouer, se montrait, littéralement parlant, supérieur au camp B.

Où MERLE et COTTEL, entre autres, se livrèrent à des débauches de verve,

Parce que, après tout, les artistes il faut bien que ça serve !

Où PATOZ, enfin, classa périodiquement de fort ressemblantes gueules."


Charles PATOZ "croqué" par Jean-Louis MERLE dit "El Zazou"

D'après les recherches et la documentation de François Léger.
Photos et dessins : archives Pascaud




20 novembre 2014

Robert PÉRIN




Depuis plusieurs années je consulte votre blog et je cherche quelques "traces" de mon grand-père Robert PÉRIN.

J'ai vu que son nom apparaît dans la liste des hommes de confiance dans le district de Schönlinde

Cette photo n'a pas été prise au IV C. Si quelqu'un peut identifier le lieu ...Henri MAILLARD pourrait être le 2ème à gauche au dernier rang.

J'ai retrouvé des photos, elles ont été prises au stalag IV C ; aucun nom ne figure au dos.
Robert PÉRIN a tenu un journal de captivité dans lequel il raconte sa vie. Il était instituteur dans la Meuse.

Il a été fait prisonnier le 18 juin 1940 à Rennes. Parti de Rennes le 02 novembre 1940, il arrive au stalag IV A d'Estelhorst puis au stalag IV C à Varnsdorf. Il rejoindra ensuite Rumburg, Schönlinde et Teplitz. Puis ce sera le stalag IV B de Mühlberg jusqu'à sa libération le 19 mars 1943.
J'espère que plusieurs personnes pourront identifier un parent grâce à ces trois photos.


Courrier d' Agnès B. (16.08.2011).
Les photos ci-dessus apparaissaient jusqu'alors dans l'album "IV C" qui est, comme le blog, en cours de réorganisation. Robert est marqué d'une croix rouge.

15 mai 2014

Chant des trois années


Chant des trois années : 
Paul PATTIER évoque la dure épreuve de la captivité à Brüx !

 

   Paul PATTIER, rattaché au camp 17/18 de Brüx écrira des textes sur la vie dans les kommandos de travail de « Brüx-Hydrierwerk » et dans le camp proprement dit. Les textes sont par moments « codé », compréhensible par ceux qui ont partagé le même environnement. Nous livrons au lecteur ce texte « Chant des trois années » qui est une évocation des années 1941, 1942 et 1943 en Bohême où les dures conditions d’existence des prisonniers du kommando n°459 sont relatées. Notons que pour la compréhension du texte par le lecteur, nous avons parfois mentionné à l’intérieur de crochets une information ou une traduction, quand celles-ci nous étaient connues.



Paul PATTIER, un personnage impliqué dans la vie culturelle du camp 17/18 de Brüx :
Il écrira avec Roger KOLLER, l’opérette « Pénélope » qui sera mise en musique par
Léon FERRERI et jouée au camp 17/18 de Brüx. Croquis Paul-Robert BON.


Chant des trois années



Quand les temps seront révolus ;
Quand les beaux jours de l’Hydrierwerk ne seront plus ;
Voici ce que deux ombres d’ex-prisonniers du camp B [camp n°18] de Brüx, remuant les cendres de leurs souvenirs,
Psalmodieront, un jour, dans un royaume des morts des siècles à venir :


Y- Il y avait une fois l’Hydrierwerk, avec pour horizon les monts métalliques de Bohême,
Dont les pentes, en Avril, moutonnaient de frondaisons aux nuances d’une richesse extrême.
Z- Il y avait la colline de Brüx, piquée de sa tour sans garde [il s’agit du château dit « Schlossberg »], comme une présence
Où ne veillait cependant pas notre sœur Anne d’Espérance…..
Y- Il y avait les barbelés,
Qui semblaient vouloir empêcher les gens de s’en aller,
De s’en aller musarder tout le long des blés,
Avec, par exemple, de blondes jeunes filles de ces petits villages qui, de loin avaient l’air presque heureux de vivre,
Parce qu’ils se cachent dans l’air bleu dont, bien sûr, les hommes libres s’enivrent,
Tschausch et Triebschitz, Nieder et Obergeorgenthal,
Oberleutensdorf, Maltheuern et Rosenthal [localités environnantes] :
Avec des souvenirs de rencontres sportives, et d’autres, d’un genre différent, c’était fatal !
Z- Il y avait le réveil à 4 heures et demie,
Qui ne parvenait pas à troubler le calme des chambrées endormies.
Y- Il y avait, toute proche, l’Usine amie….. ( ?!?!)
Toute proche, et nous appelant de tous les ronronnements de ses machines.
Y- Il y avait la pelle et la pioche, à tous, égalitairement nous courbant l’échine.
Y- Il y avait « l’invitation au voyage » par les Werkschutz [service de sécurité des entreprises ou police des entreprises].
Z- Il y avait la plaisanterie usée des « Rauchverbot für das gesamte Werk » [Défense de fumer dans toute l’usine]…. mais… Chut !
Y- Il y avait la journée de douze heures.
De douze heures de dur labeur.
Un transport général et supplémentaire de bois de chauffage ;
Et parfois, à la sortie, des ennuis avec des gardiens pas très bien au courant des usages.
Z- Il y avait les jeux de la brique et du béton, de la ferraille et de la terrasse, et le pavage des routes revêches.
Et, un peu partout, l’irrespirable « Portlandzement » [ciment de Portland] qui vous faisait la gorge sèche.
Y- Il y avait les petites du laboratoire [qui se trouvait dans l’enceinte des chantiers de l’usine où du personnel féminin pouvait être affecté],
Qui mettaient un peu de rêve bleu dans notre captivité sans histoire.
Z- Il y avait cette confusion de langues « italo-tchéko-provençalo-germano-polako-bretonne »
Sur des chantiers aux noms impossibles et à l’Arbeit [travail] uniformément monotone,
(Principalement pour ceux dont l’essentielle préoccupation consistait à s’appuyer sur leurs manches de pelles).
Y- Il y avait des machineries que personne ne sait comment çà s’appelle.
Z- Il y avait des Tchèques et leurs « ne rozumish »….
Y- Il y avait la bibliothèque tant bien achalandée où tout le monde en trouvait pour ses goûts et ses 5 pfennig
Depuis le dernier Larousse jusqu’aux moyen-âgeux fabliaux.
Z- Il y avait Biblio [surnom de Jean GOUROT, le bibliothécaire].
O Muse redis moi… et toi, Renommée aux cents bouches, descends donc plus vite que çà du parnasse.
(Mais je me souviens à temps de 2 lignes par lui censurées sur un mien papier et j’en passe !...)
Y- Il y avait hors d’atteinte du profane, des volumes précieux qui étaient quasiment tabous.
Et sur les murs, l’humoristique et hilarant Dubout.
Z- Il y avait le tableau d’affichage [situé près de la bibliothèque],
Où par le verbe et par l’image,
Peintres et polémistes se livrèrent à de virulentes attaques ;
Où les Zazous, par exemple (tu te souviens) et les Cocomacaques
Prolongèrent leurs polémiques,
Leurs polémiques épiques ;
Où DAVESNE nous donnait de littéraires et substantifiques
Critiques ;
Où nous goûtions l’originalité des poésies de GABÉ ;
Où le camp A [camp 17], il faut l’avouer, se montrait, littéralement parlant, supérieur au camp B [camp 18].
Où MERLE et COTTEL, entre autres, se livrèrent à des débauches de verve,
(Parce que, après tout, les artistes il faut bien que çà serve !)
Où PATOZ, enfin, classa périodiquement de fort ressemblantes gueules.
Y- Il y avait ceux qui, le long des barbelés, lorgnaient les passantes plus ou moins bégueules,
Et qui les dévoraient du regard avec des râles de fauves en rut.
O l’hystérie de l’homme brut !
(Mais cela n’était le fait que des plus atteints, en somme !)
Z- Il y avait les expositions qui nous redonnaient pour un temps notre fierté d’hommes :
Merveilles de patience des bois sculptés et des travaux artisanaux ;
Talent incontesté de nos peintres aux palettes et aux crayons presque originaux.
Y- Il y avait les policiers du camp qui, tout de même n’avaient pas de matraques.
Z- Il y avait la Strafbaracke [baraque des punis, cellule d’arrêt], mon Dieu, oui ! la Strafbaracke…..
Des barbelés dans les barbelés, jugez un peu !
Mais que voulez-vous, n’est-ce pas, on à l’humour qu’on peut !
Y- Il y avait la visite, et l’émoi profond en la présence de 3 tampons de l’Infirmerie du Camp B.
…Ces pauvres travailleurs des bataillons [B.A.B. = Kriegsgefangenen-Bau- u.Arbeits-Bataillon.] qui étaient toujours mal tombés !
Z- Il y avait le Serbe, puis le Polonais du Camp B, et les docteurs bien français du Camp A.
Chez ceux-ci, le tampon « Schonung » [dans le langage des camps, ce terme signifie exempté de travail], qui savait s’appliquer aux cas intéressants, et celui du Camp B qui ne le savait pas.
Y- Il y avait les « Innen-Dienst » [services intérieurs] spécialisés.
Spécialisés dans l’épluchage des Kartoffel [pommes de terre en allemand] et des Rutabagas incompréhensiblement méprisés.
Z- Il y avait les Kolrabi [Kohlrabi, chou-rave en tchèque]
Y- Il y avait dans ma chambre, l’épouvantable entêtement de Sabi.
(Mais je ne puis citer dans les détails tous les faits et gestes d’Hydrierwerk, merveilleux ou singuliers).
Z- Il y avait le sport en général, et Patate en particulier.
Patate, qui promenait sa popularité sur le terrain de foot, aux alentours du Laboratoire et tout le long des barbelés.
Patate, qui, hors de cette ambiance, se devait de n’être plus que l’ombre de lui-même,
Patate ayant été tout spécialement créé et mis au monde pour épater les filles de Bohême.
Y- Il y avait le Théâtre qui nous présentait tout autre chose que des navets :
Opérettes et fantaisies de CHAMBARETAUD, de KOLLER ou de PICAVET,
Alternant avec du moderne et du classique.
Z- Il y avait une très acceptable musique.
Y- Il y avait le susdit KOLLER et Marc MEYER, nos subtils chansonniers ;
Evidemment conçus  de toute éternité pour réjouir les pauvres prisonniers.
Z- Il y avait la Grand’Messe du Dimanche avec chorale.
Y- Il y avait les matinales exhibitions de l’équipe théâtrale,
Présentant invariablement un numéro de ramassage de poubelles d’un réalisme des mieux réussis.
Z- Il y avait les puces aussi…
Y- Il y avait les conférences :
POILLY Robert et Robert BRÉGEON,
Qui chacun à leur façon.
Nous promenèrent parmi les gens et choses de douce France.
-Biblio [surnom de Jean GOUROT, le bibliothécaire], dont les causeries littéraires emportaient au septième ciel de la poésie un public de qualité.
-Maurice GABÉ, qui sut nous faire goûter la germaine littérature, malgré le parti-pris premier de l’hostilité.
-Charles BOCHEREL, dont les histoires de nègres réjouissaient dûment l’assistance.
-De RENGERVÉ, commentant le droit et l’histoire avec compétence.
Z- Il y avait le R.P. CORBE, dont l’impressionnante auréole d’omniscience s’adoucissait d’inénarrable popularité,
Et qui était le grand diseur des bobards de qualité,
Qui nous parlait tour à tour de l’évolution, du principe de causalité ou de Charles Trenet.
Et dont l’allant, le dynamisme et la sportivité, irrésistiblement vous entraînaient.
Y- Il y avait d’abracadabrantes histoires de relève…..
Z- Il y avait les « Marche ou Crève » [nom donné à un type de cigarettes]
Dont le parfum était célèbre jusque parmi les peuplades les plus éculées de l’Europe Centrale.
Et qui, pour nous, remplaçaient avantageusement les Gauloises bleues par trop banales.
Y- Il y avait les Gars, qui, pour nommer les choses par leur nom, étaient très forts :
Tel le « Tréteau » prétentieux et démesuré, ornant les cartes de travail des malades abandonnés à leur triste sort.
Telles les « Marche ou Crève » de luxe qu’à l’instant vous citiez.
Aussi les « Chapeaux verts » et les « beaux-frères » en vigueur sur tous les chantiers,
Les « Gueule en Or » et les brillants « Casque de Cuivre »
Les pullulants « Choux-verts » qui vous mettaient au cœur la joie de vivre.
Les « Komm-Komm » [Venez-venez] de 15 ou 20 firmes et les « Nimbus » plus ou moins anémiés.
(Je me souviens avec bonheur d’un rayonnant « Sourire d’Avril » et même d’un très identique Saint Galmier).

Z- Souvenons-nous des jours heureux de l’Hydrierwerk où nous étions les braves et purs « Gefang » [prisonniers] sous le signe du triangle et du K.G. [abréviation de Kriegsgefangenen, soit prisonnier de guerre]
….Quand nous nous rependions sur les routes du Dimanche en longues théories dont nous mitigions la martiale discipline par nos airs dégagés !
….Quand déferlaient dans l’usine monstre nos hordes houleuses de dantesques tâcherons.
Y- Souvenons-nous des jours anciens et pleurons !

Puis les deux ombres d’ex-prisonniers du Camp B disparaîtront dans les ténèbres du Walhalla [Le Walhalla est un temple néo-dorique en marbre situé à Donaustauf au bord du Danube, à 10 km en aval de Ratisbonne, en Bavière, Allemagne. Ce monument imposant fut édifié dans la vallée du Danube entre 1830 et 1842 dans un site imposant, par l'architecte Leo von Klenze pour le compte du roi Louis Ier de Bavière. Ce dernier voulait en faire le mémorial (la Walhalla constitue le séjour des héros dans la mythologie nordique) des grands hommes qui illustrèrent la civilisation allemande : artistes, militaires, rois, empereurs, scientifiques, personnalités, etc... [1] ]Alors se lèveront deux ombres à treillis larges et courts du Camp B,
Qui diront de l’Hydrierwerk les difficiles, les mirifiques, les homériques débuts.
Car, si j’en parlais moi-même, tard venu du Camp B, il y aurait de l’abus ! [2]

Paul PATTIER




Paul PATTIER écrira qu’au-delà des barbelés du camp 17/18 :
« Il y avait la colline de Brüx, piquée de sa tour sans garde, comme une présence
Où ne veillait cependant pas notre sœur Anne d’Espérance….. »[3]



Sources :
[2] Documentation François Léger

[3] Cliché : documentation François Léger

Article de François Léger d'après sa documentation


13 mai 2014

Adieu, les gars !...


Aux victimes du bombardement de Brüx du 12 mai 1944



Vous aviez comme nous longuement attendu,
Vers des cieux moins grisaille étaient vos cœurs tendus,
Ô frères malheureux, dans la mort étendus !

Vous aviez, comme nous, là-bas, votre village,
Usine, échope, étal, bureau, riant cottage...
Et ces lointains aimés vous soufflaient le courage.

Vous chérissiez souvent les évoquer, le soir,
Quand, néfaste rôdeur, planait le désespoir...
Déjà des bras s'ouvraient pour vous y recevoir !

Bras de vieilles mamans, sur le seuil avancées,
Bras de gosses grandis, bras blancs de fiancées,
Bras d'épouses enfin, aux fidèles pensées.

Lorsque le camp dormait en écoutant leurs voix,
Il vous est arrivé de connaitre les lois
D'un destin douloureux ... et de pleurer parfois ...

Mais, un jour, c'est l'enfer ! Mon Dieu quelle hécatombe !
Le ciel laisse échapper des chapelets de bombes,
Le feu, le fer et l'eau viennent fermer vos tombes...

Ce sont membres épars et crânes pourfendus,
Lambeaux humains noircis aux poutres suspendus...
Ah ! déchirants adieux qu'on n'a pas entendus !

Dans ce tohi-bohu, ce sont en toutes langues
Des cris mourants  jetés par des bouches exsangues ...
Dernier sursaut de l'âme au sortir de sa gangue ...

Et, tandis qu'aveuglé, dans ce fumant décor,

L'ami venu trop tard recueille votre corps,
Là-bas, l'être adoré veut espérer encor...

Mes frères, est-il vrai, qu'un simple mot : "Patrie"
Demande tant de pleurs et tant de chair meurtrie ?

Près de vos humbles croix, je m'agenouille et prie ...

Henri GIRAUD, mle 51.897/IV B
Schimberg (Komotau), mai 1944





("Le Lien" extrait du n° 171 de mai-juin 1974)

28 avril 2014

Les bataillons de travail (Bau-und-Arbeitsbataillon)


Les Bau-und-Arbeitsbataillon (B.A.B.)



   Une catégorie spéciale de prisonniers de guerre était groupée dans des unités appelées Bau-und-Arbeitsbataillon.


  Les membres de ces B.A.B. - normalement tous ouvriers spécialisés du bâtiment -  travaillaient dans des conditions pénibles et dangereuses.

   En effet, les B.A.B. étaient de gros Kommando itinérants (600 hommes environ) chargés de construire et d'aménager des abris nécessaires à la défense et de réparer les dégâts causés par les bombardements aériens.

   Les Arbeitsbataillon étaient les plus nombreux et il en existait encore une trentaine en juin 44 sur l'ensemble du Reich. Mais il y avait aussi les Gläser-bataillons chargés des réparations de vitres et les Dachdecker-bataillons dont la mission était de réparer les toits.

   Ces Kommando spéciaux étaient répartis en compagnies qui se déplaçaient à travers l'Allemagne mais ils étaient surtout cantonnés près des villes les plus visées par l'aviation alliée et Brüx en faisait partie à cause de son complexe chimique, l'usine d'hydrogénation de la STW (Sudetenländische TreibstoffWerke AG).



  Aux difficultés de travail s'ajoutait le danger direct des bombardements. C'est ainsi que le 12 mai 1944, plus de 1600 bombes sont larguées par les Forces alliées sur Brüx Hydrierwerk faisant des centaines de victimes, dont 13 P.G. des B.A.B. 23 et 43.

   Certains de ces Bataillons de travail ont séjourné longuement - la majorité du printemps 1942 à l'été ou l'automne 1943 - sur le territoire du IV C (camps 17 et 27). 

   Plus de 400 prisonniers du Stalag IV C vont être mutés vers des B.A.B. entre août 1942 et mai 1944.

   Ces unités, en raison de leur vocation "passagère", avaient leurs propres hommes de confiance, au même titre que les Stalag où ils étaient affectés provisoirement.
      




Hommes de confiance des Bataillons implantés sur le IV C :
- B.A.B. 4 : PLANQUETTE Charles
- B.A.B. 5 : FONTAINE Léon
- B.A.B. 11 : DUBOIS Georges
- B.A.B. 13 : PINAUD Pierre
- B.A.B. 23 : GROUX René 
- B.A.B. 27 : BRÈCHE André
- B.A.B. 29 : ROUSSEAU René
- B.A.B. 31 : LAFARGUE René
- B.A.B. 33 : CATHELIN Alphonse
- B.A.B. 43 : DAVID Michel 


   Par exception, compte tenu de la longue durée de leur séjour sur le territoire du Stalag IV C et des excellents rapports entretenus avec leurs camarades du Stalag, les deux B.A.B. 23 et 43 (réunis en 1944 par les Allemands en un seul, le 23) ont été considérés comme partie intégrante du IV C et admis - d'un commun accord - comme membres à part entière des œuvres sociales du camp, dont ils ont pu, à compter de la fin de l'année 1943, bénéficier de la Caisse de Secours mutuels et du Comité de parrainage des orphelins. 
  


   Au retour, une amicale des B.A.B. a été créée au sein de l'Union Nationale des Amicales de Camps (U.N.A.C.) mais de nombreux ex-P.G. des B.A.B. 23 et 43 ont adhéré à l'Amicale du Stalag IV C. 



Sources : archives Pascaud
Clichés : P.G. du B.A.B. 43 aimablement communiqués par François Léger

17 février 2014

Les amicales du kommando 459


Les amicales du kommando n°459, camp 17/18,
district de travail de « Brüx-Hydrierwerk » 



  L’important kommando n°459 comptait plusieurs milliers de prisonniers français (2700 hommes en juin 1943 et encore 2100 en avril 1944) qui étaient employés à différentes tâches auprès des entreprises chargées de la construction du complexe industriel de la société « Sudetenländische Treibstoffwerke AG » (S.T.W.), consistant au montage d’une usine d’hydrogénation. Les hommes occupaient le camp 17/18 qui jouxtait l’usine.

   Au delà des popotes, les hommes ont cherché à se retrouver ou à se regrouper par affinités régionales. René DUFOUR explique qu’à Brüx : « Dès le début, un rassemblement s’organisa de P.G. de la même région. C’est là que, oh ! surprise, je retrouve un camarade de ma commune : Félix RÉVEILLON ; un autre tout proche des Maillys en Côte-d'Or : Raymond JOVIGNOT. A partir de ce jour, nous nous rencontrerons chaque jour. Comme je ne fume pas, je leur partage mes cigarettes. Plus tard, je les ravitaillerai en pommes de terre. Nous parlons du pays, cela nous procure un grand réconfort. » Un autre témoin, Jean GIRARDIN, nous dira que dans le camp des Français (il faut entendre le camp 17/18), les prisonniers ont cherché à se rassembler par affinités régionales ou départementales pour lutter contre les difficultés de l’exil et le mal du pays. Malgré le nombre important de prisonniers au sein du camp 17/18, dispersés auprès d’une multitude d’entreprises associées au vaste chantier de l’usine, les hommes savaient se retrouver et des réunions de P.G. de même origine locale avaient lieu. Jean GIRARDIN se souvient des rassemblements à 10 ou 15 hommes de l’Aube où il retrouvait notamment un copain de Dampierre. Les nouvelles étaient échangées, surtout celles du pays qui parvenaient et transpiraient par le biais du courrier. Les réunions régionales, nous dira René DUFOUR, étaient annoncées par des affichettes au sein du camp et par le bouche à oreilles. Arthur GALLERON, originaire de Touraine et instituteur à Saint- Genouph (Indre-et-Loire) quand il est capturé en 1940 rapporte que des Amicales régionales se constituèrent au camp 17/18 de Brüx pour resserrer les liens entre prisonniers. C’est ainsi qu’une Amicale de Touraine fut créée en 1941. Arthur GALLERON fut du bureau dès sa création et elle continuera d’exister après guerre quand les prisonniers retrouveront leur province. Il précise : « A un moment donné, les Allemands demandèrent les noms des responsables. A partir de ce moment là, aucun communiqué ne parut dans le camp mais nous organisâmes des réunions, des concours de cartes, la galette des rois, etc. Cela nous permettait de nous communiquer les renseignements sur notre région, de mieux nous connaître et de se faire connaître les membres de nos familles de France qui, ainsi, pouvaient avoir des nouvelles les uns par les autres. »


A Brüx, au camp 17/18, affichée au mur, probablement dans le réfectoire, une carte de France des amicales du kommando n°459 avec, en vis-à-vis, un panneau avec la liste des villes, régions, provinces ou départements, pour lesquels il existait une amicale. On trouve ensuite les noms des animateurs puis deux colonnes de chiffres. La première correspond aux lieux de réunions (n° de la chambre, salle de service ou bibliothèque) et la seconde aux jours du mois au cours desquels les réunions se tenaient pour les différentes amicales. Judicieusement, il n'y a pas de recoupements pour les dates, ce qui avait probablement l'avantage pour un P.G. de participer à différentes réunions au cours du mois, selon ses origines, sans avoir à sélectionner l'une ou l'autre. Sur le mur, on peut noter aussi quelques blasons (parmi lesquels, sauf erreur de ma part, on reconnaît entre-autres les provinces du Roussillon, de la Savoie, du Poitou) ainsi qu’une photo ou un croquis évoquant "un coin de France…"

(Source cliché : archives et fonds documentaire d’Élie-Jean Pascaud, homme de confiance du Stalag IV C)

Tableau I : Retranscription des informations
disponibles sur le cliché

Villes, régions, provinces
ou départements
Animateurs
Chambres
Jour de réunion
Chtimis 
PLANÇON
96
8
Calvados 
LEBAR
48
5
Seine-et-Oise 
MOREAU
64
23
Manche 
MALLARD
42
19
Bretagne 
GABÉ
79
4
Loiret, Loir-et-Cher 
MAHU
77
16
Lorraine 
DESBUISSON
Salle de service
17
Yonne 
MAUBROU
91
28
Berry 
BEGUE
64
2
Haute-Marne 
GAUTHIER
Salle de service
12
Paris, 13, 14 et 15ème
BRIDIER
62
20
Touraine
GALLERON
93
25
Limousin 
LAURENT
62
14
Vendée 
FONTENEAU
Bibliothèque
26
Bourgogne 
JACQUEMIN
1
3
Vienne :
DEVERGNE
1
27
Charentes 
MAINARD
64
7
Seine-Inférieure (actuellement Seine-Maritime)
MORIN
Salle de service
22
Cantal
FORCE
28
6
Dordogne 
SUDREAU
65
9
Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées (actuellement Pyrénées-Atlantiques), Landes, Gers 
VALETTE
20
10
Alpes, Savoie, Ain 
PUICILLAND
61
1
Tarn 
BEZIAT
98
24
Loire 
FRANCAN
67
15
Rouen 
DUDOUT
72
21
Lot
SOUZAT
28
18
Isère, Rhône
GUILLOT
65
13


Informations complémentaires sur les amicales :

Les mentions disponibles sur le tableau permettent d’identifier formellement certains des animateurs de ces différentes amicales. Les informations suivies d’un astérisque proviennent des renseignements fournis par le blog.

Amicale "Chtimis" : l’animateur est de toute évidence Marcel PLANÇON.* Sous le vocable "Chtimis", en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l'Aisne et de l'Oise.

Amicale de la Seine-et-Oise : l’animateur est certainement Christian MOREAU, matricule 27258/Stalag III B, soldat/1er régiment d'infanterie, menuisier, Houilles (Yvelines).*

Amicale de Bretagne : l’animateur est bien entendu Maurice GABÉ. En comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre les quatre départements bretons et la Loire-Atlantique (à l’époque Loire-Inférieure).

Amicale du Loiret et du Loir-et-Cher : il existait deux patronymes MAHU : Daniel né le 29/08/1901 et Alcide né le 21/05/1905, tous les deux à Chitenay (Loir-et-Cher), immatriculés au Stalag IV B ; le premier était 2ème et le second 1ère classe. Tous deux appartenaient au 405ème régiment de pionniers.

Amicale de Lorraine : en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre Meurthe-et-Moselle, Meuse et Vosges.

Amicale du Berry : l’animateur est très probablement Gérard BEGUE, né le 18/08/1912 à Romorantin (Loir-et-Cher), 2ème classe, immatriculé au Stalag IV B, ayant appartenu au 405ème régiment de pionniers. En comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre sous le vocable « Berry », les départements du Cher et de l'Indre.

Amicale de la Haute-Marne : l’animateur est très probablement Émile GAUTHIER.*

Amicale de Paris (13, 14 et 15ème) : l’animateur est Joseph BRIDIER, matricule n°37875/Stalag IV B, 1ère classe/295ème régiment d’infanterie, commerçant, Paris XIVe.*

Amicale de Touraine : l’animateur est bien entendu Arthur GALLERON, matricule 56724/IV A, 1ère classe/112ème régiment d’artillerie lourde, instituteur, Saint Genouph (Indre-et-Loire). Par Touraine et en liaison avec la carte, il faut comprendre l'Indre-et-Loire.*

Amicale du Limousin : par comparaison avec la carte de France associée, il faut comprendre les départements de la Creuse et la Haute-Vienne.

Amicale de la Vendée : il s'agit bien entendu de Joseph FONTENEAU, relieur et bibliothécaire au kommando n°459. Il était originaire de Cugand (Vendée) et réunissait ses compagnons PG vendéens à la bibliothèque le 26 de chaque mois !

Amicale Bourgogne : en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre Côte-d'Or et Saône-et-Loire (l'Yonne possède une amicale départementale).

Amicale de la Seine-Inférieure (actuellement Seine-Maritime) : l’animateur est très probablement Albert MORIN.*

Amicale de la Dordogne : l’animateur est bien entendu Pierre SUDREAU, matricule 56676/Stalag IV B, soldat/112ème régiment d'artillerie lourde, voyageur de commerce, Périgueux (Dordogne).*

Amicale Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées (actuellement Pyrénées-Atlantiques), Landes, Gers : en comparant avec la carte de France, il faut probablement rajouter la Haute-Garonne à cette liste.

Amicale des « Alpes, Savoie, Ain » : en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre Ain, Savoie, Haute-Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes.

Amicale de l’Isère et du Rhône : l’animateur est Mario GUILLOT, matricule 10945/Frontstalag 133, Brüx, soldat/2ème RR (régiment régional [infanterie]), directeur de scierie, Lyon (Rhône).*


François Léger
Le 11 février 2014