13 décembre 2016

Jean BERNACHOT


Jean BERNACHOT -  P.G. 1.000



   Mon père, Jean BERNACHOT, né en 1915 et décédé en 1962, a passé cinq ans au Stalag IV C.

   Il a d'abord effectué son service militaire d'octobre 1936 à octobre 1938 au 27ème R.I. de Dijon (Côte-d'Or). Rappelé en mars 1939 et affecté au 21ème bataillon du même régiment, il a ainsi séjourné environ un an en Alsace, à Village-Neuf, à quelques kilomètres de Bâle (Suisse), aux frontières franco-suisse-allemande. Avec son régiment il a participé à la construction d'ouvrages de la Ligne Maginot, ouvrages qui n'ont d'ailleurs jamais été terminés... 
Son séjour dans la région fut assez agréable et la population accueillante ; la troupe se mêla aux festivités villageoises et la musique régimentaire - dont mon père faisait partie - animait les dimanches.

   A partir de mars 1940 il a parcouru la région dans tous les sens avant de combattre l'ennemi et être fait prisonnier à La Chapelle-sous-Rougemont (Territoire de Belfort).

Herrlich vers 1935
   Après avoir passé un mois à Mulhouse, il est envoyé par train dans les Sudètes, à Herrlich (Hrdlovka), et va travailler dans la grande ferme de Ferdinand  Zuber, puis de temps en temps sur des chantiers locaux. 

   Herrlich, village aujourd'hui disparu, - 1 - était une cité minière avec trois puits pour alimenter l'Hydrierwerke de Brüx.

 Selon son Ausweis de 1944, mon père dépendait de l'Arbeitkommando 140 d'Oberleutensdorf et était autorisé à circuler dans les villages voisins : Osseg (Osek), Dux (Duchcov), Loosch (Lahost) et Bilin (Bilina).




Fiche d'aptitude sur générateurs
gaz de bois
   L'été, la ferme des Zuber employait des saisonniers slovaques et les cinq/six prisonniers de guerre français furent plus tard rejoints par des prisonniers russes et ukrainiens - hommes et femmes - "invités" à l'effort de guerre...

   Mon père, souvent affecté à la conduite du tracteur, a également effectué de nombreux transports de nature diverse pour des civils locaux : charbon, matériaux de construction, etc.

Il m'a également parlé d'un transport spécial : l'évacuation de l'épave d'un bombardier américain dont tout l'équipage avait été tué.   
   Le travail ne manquait pas à la ferme et mon père, qui était agriculteur, appréciait sa modernité par rapport à notre région.   
Le fermier Ferdinand ZUBER, son épouse et un neveu ? (le couple n'avait pas d'enfant)

   D'après les lettres que je possède en quasi-totalité, il semblerait que les P.G. de la ferme Zuber jouissaient d'une certaine liberté dans le secteur. Ils ont ainsi pu rendre visite à des "pays", prisonniers à proximité, effectuer quelques achats et rencontrer des citoyens tchèques, hommes... et femmes.


 
La tombe d'Albert  BERTRAND à Osseg
(photo de décembre 1944)
   Le 14 décembre 1944, l'un de ses camarades du 27ème R.I., Albert BERTRAND, également P.G. à Herrlich et travaillant dans l'industrie, meurt électrocuté. - 2 - 

Il est enterré à Osek où sa tombe est toujours entretenue par les Tchèques.
La tombe d'Albert BERTRAND au cimetière d'Osseg à Teplice
(cliché : Edvard D. Benes - sept. 2014)

La date est erronée puisque Albert est décédé le 14 décembre 1944
          

     Je n'ai jamais su si mon père et ses camarades avaient été transformés en "travailleurs civils".   
P.G. du Kommando de Herrlich le 01 janvier 1944.
Auguste CONSTANT, d'Espira de l'Agly (66) est le 2ème à gauche, Albert BERTRAND, + 1944, de St Martial de Viveyrols (24), calot de travers et mains derrière le dos au  1er plan et à ses côtés, coiffé d'un béret et main droite dans la poche, Jean BERNACHOT.

   Sa dernière lettre date du 01 janvier 1945. Après, plus rien ne fonctionnait.
   



La Libération par les Russes fut assez brutale et il n'aimait pas trop parler de ces événements.

   Le rapatriement a été fait par les Américains, d'abord en camion jusqu'à Schweinfurt et ensuite en train.

   Il est rentré chez lui, complètement dépaysé, le 29 mai 1945.


Témoignage de René Bernachot, que je remercie.
Textes et photos sous licence d'usage CC BY-NC-SA 4.0 FR

Toute info sur la famille ZUBER ou sur les camarades de captivité de Jean BERNACHOT est à transmettre à stalag.4c@sfr.fr qui fera suivre à René. Merci