05 mai 2016

Auguste-Jean GAUDIN


Portrait d'Auguste-Jean GAUDIN



"GAUDIN
Un type comme on en voit peu.
GAUDIN vu par Jean-Louis MERLE "el Zazou"
( © collection privée)

Une figure ovoïde axée de travers, un menton anormalement proéminent, des lèvres tordues par un rictus perpétuel, un nez qui n'en finit plus, des yeux brillants de fièvre, des joues creuses et blêmes, une barbe qui ébrèche le rasoir, une tignasse impossible à décrire, tels sont les éléments d'une synthèse qui semble imputable au ciseau du sculpteur décadent en mal d'inspiration surréaliste. Cette tête étrange, juchée sur un torse maigre qu'encadrent des bras efflanqués, d'une longueur inusitée et que soutiennent deux guibolles paradoxalement courtes, est l'aboutissement d'un ensemble qui suffirait à lui seul, si l'on tentait un essai de classification orthodoxe, à faire ranger Gaudin hors de toute catégorie bien déterminée.
Au moral c'est également un personnage rigoureusement à part.
Il est entendu que la Bohème n'a pas survécu à Murger. Trop longtemps, en effet, elle a servi de masques aux cyniques et aux faux-sceptiques. Il existe toutefois, de part le monde, quelques désabusés qui ne croient plus à rien, qui n'ont aucun souci des valeurs officielles ou des droits acquis, qui vivent en eux et pour eux, sans être dépourvus cependant d'un altruisme bourru et véritable. Ils contribuent Villon et Rimbaud, Trillo et Jules Vallès. Le jargon moderne les qualifie de non-conformistes. S'il fallait absolument accoler une étiquette à Gaudin, ce serait celle là.
Comme beaucoup de réfractaires, il reste sensible à l'harmonie. Celle des couleurs surtout puisque c'est un peintre. Pas à l'harmonie reconnue d'utilité publique mais à une harmonie intérieure, personnelle, subjective.
Un semblable état d'esprit ne s'explique pas. Au surplus avec sa logique de rapin, Gaudin s'en fout."


Signé : Charles PATOZ




    Avec six autres peintres, dont Jean-Louis MERLE auteur de son portrait, GAUDIN faisait partie du "Syndicat de la barbouille" (cf. "Stalag IV C" dessins de J.-L. Merle, textes de P. Merle - e/dite - 2005) au sein du Kommando 459 de Brüx-Hydrierwerk. 


Jules BIRAU lisant un livre au Stalag IV C à Wistritz le 03/12/1943
(Auguste Jean GAUDIN - crayon noir 209 x 147)

Toute info sur ce Jules BIRAU est la bienvenue ...


    Né en 1914 à Argentré-du-Plessis (35) Auguste-Jean GAUDIN est élève, au début des années "30", de l'École Régionale des Beaux Arts de Rennes.
Il a réalisé de nombreux dessins et gravures de scènes de la vie quotidienne au Stalag.
Après guerre, il fait de la peinture et de la gravure son métier et reçoit le prix Blumenthal en 1948. Plusieurs de ses œuvres sont conservées dans des musées nationaux.

Il est décédé en 1992. 

 La partie de cartes au Stalag IV C le 20/12/1944
(
Auguste Jean GAUDIN - fusain 178 x 146)

Le texte de Charles PATOZ et la caricature de A.-J. GAUDIN proviennent des archives de François Léger.
Les dessins réalisés au Stalag m'ont été adressés par François D. dont le père, également artiste peintre, a travaillé avec lui.
Merci à eux !

Les infos ont été "récupérées" sur Wikipédia.

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