21 décembre 2010

Le district d'Oberleutensdorf

   Le 07 octobre 1944 se déroule l'élection de l'homme de confiance du district d'Oberleutensdorf (Horní Litvínov aujourd'hui) en remplacement de Pierre BOULOUK-BACHI, matricule 52268/IV B, appelé à d'autres fonctions.

   Le district compte 26 kommandos et tous les hommes de confiance vont voter. Malheureusement, aucun nom ne figure sur le document.

   Le bureau de vote est constitué par :
  1. Germain MOUSSET, mle 1768/IV C ;
  2. Georges FAUBERT, mle 1630/IV C ;
  3. Guillaume LE FLOCH, mle 44152/III A.
   Jean DUBUT, mle 3633/IV C est élu par 24 voix devant Germain MOUSSET, mle 1768/IV C, 2 voix.

Sources : dossier stalag IV C (Archives Nationales)

Kommandos et hommes de confiance des districts de Brüx

   Liste des kommandos et hommes de confiance du district de Brüx-Hydrierwerk lors de l'élection de leur camarade Paul MAISON le .... (date non précisée).
Nota : Brüx est aujourd'hui Most en Tchéquie.
www.abchistory.cz/mapy/stary-most/
  1. Boreslau, kommando 57 (Bořislav) - Gilbert LE DAIN, matricule 55038. Usine de guerre "Hermann Goering" employant 69 P.G. français au début de l'année "45" ;
  2. Brüx-Hydrierwerk  I A - Jules GUSCHEMANN, mle 24677 ;
  3. Brüx-Hydrierwerk 2 A - Robert HEMART, mle 34701 ;
  4. Brüx-Hydrierwerk 3 A - Robert GORGET, mle 55661 ;
  5. Brüx-Hydrierwerk 4 A - Pierre DEBRAY, mle 1816 ;
  6. Brüx-Hydrierwerk 5 A - Auguste LEBEAU, mle 3552 ;
  7. Brüx-Hydrierwerk 6 A - Jean DAVESNE, mle 55634 ;
  8. Brüx-Hydrierwerk 7 A - André RICHARD, mle 3781 ;
  9. Brüx-Hydrierwerk 8 A - Lucien FERMENTIN, mle 25590 ;
  10. Brüx-Hydrierwerk 9 A - Jean PICOT, mle 56677 ;
  11. Brüx-Hydrierwerk 10 A - Marcel BESNARD, mle 41010 ;
  12. Brüx-Hydrierwerk 12 A - Jean DUBOIS, mle 6851 ;
  13. Brüx-Hydrierwerk 13 A - André GOBERT, mle 25690 ;
  14. Brüx-Hydrierwerk 14 A - Jean RUELLAN, mle 23701 ;
  15. Brüx-Hydrierwerk 15 A - Pierre LELOUEY, mle 54377 ;
  16. Brüx-Hydrierwerk 16 A - Marcel PLANÇON, mle 3444 ;
  17. Brüx-Hydrierwerk DIBS - Pierre BEAUGUIL, mle 26411 ;
  18. Brüx-Hydrierwerk DIBS - Émilien MULLOIS, mle 45107 ;
  19. Brüx-Hydrierwerk S de S - Albert MORIN, mle 25615 ;
  20. Brüx-Hydrierwerk II A - Raymond DROUIN, mle 54096 ;
  21. Brüx-Hydrierwerk II A - Louis HECKLI, mle 26782 ;
  22. Brüx-Hydrierwerk II A - Robert LESTABLE, mle 54355 ;
  23. Dubitz, kommando 69 (Dubice) - Lucien BERNARD, mle 3944 ;
  24. Hostomitz, kommando 54 (Hostomice) - Jean GREEZE, mle 56902 ;
  25. Langugest II (Jeníšův Újezd) - André BARBARA, mle 53781 ;
  26. Oberleutensdorf, détachement à Brüx-Hydrierwerk, (Horní Litvínov)- Émile GAUTHIER, mle 55565 ;
  27. Salesel, kommando 333 (Dolní Zálezly) - Gaston HEIER, mle 54498 ;
  28. Schima, kommando 65 (Žim) - Louis SCHWENDER, mle 53019.



Nota : on peut remarquer que certains lieux sont très éloignés de Brüx. Il s'agissait sans doute de kommandos détachés.

Cette seconde liste concerne le district de Brüx-Ville à une date également non précisée :
  1. Homme de confiance du nouveau district (Brüx-Ville) : René PIOTON, mle 53962, du kdo de Brüx V, né à Nérondes, employé de bureau, domicilié à PARIS ;
  2. Brüx 5, Warenversorgung ? - Robert KOZÉRAWSKI, dt Quimperlé ;
  3. Brüx 6, Hebigan ? - Antonin COUTURIER, dt Lyon ;
  4. Brüx, Reichsbahn - Jean MOCAËR, dt Le Havre ;
  5. Oberleutensdorf, camp 27 (Horní Litvínov) - André PLAT, dt Maisons-Alfort ;
  6. Stadt kaserne - Édouard TAVERSON, vicaire à Mésanger.


    André DELBOS a été détenu à Lichtenwald (cf. message Dossier André Delbos) aujourd'hui sur la commune de Český Jiřetín  (Georgendorf  pendant la guerre) dans un pavillon de chasse, propriété de Hermann Göring.

Lichtenwald (collection Delbos)

Sources : dossier stalag IV C (Archives Nationales)
Traduction des lieux d'après le site : http://www.soalitomerice.cz/
Dernière mise à jour : 23 février 2012

20 décembre 2010

Réveillon de Noël

   Je n'ai pas, dans ma documentation, de renseignement sur les menus des cinq réveillons de Noël passés au Stalag IV C ou dans les kommandos mais nos P.G. - même si le coeur "n'y était pas" - partageaient sans doute le contenu des colis reçus de France et s'établissaient un menu ...

   A ce sujet, découvrez ci-dessous un lien permettant de voir le menu du kommando 44 de Teuplitz (ne pas confondre avec Teplitz !) en 1943 et celui de Lübben en 1944.
http://stalag-iiib.fr/blog/?p=304

   La nuit de Noël était aussi l'occasion de se divertir, notamment par un spectacle de théâtre ou de chants, puis d'assister à la messe de minuit.

Crèche de Noël au Stalag IV C en 1941
(collection Morin)

Couverture du programme
de la nuit de Noël 1941 à Teplitz
(collection Ponroy)

Programme de la nuit de Noël 1941
(collection Ponroy)

03 décembre 2010

Liste "Solidarité"

Une caisse de secours mutuels des P.G. français ainsi qu'un comité de parrainage des orphelins avaient été mis en place au sein du stalag IV C.

En 1944, le bureau de la caisse de secours était composé ainsi :

  • président : Élie-Jean PASCAUD, homme de confiance général ;
  • vice-président : abbé Jean BONNARD, sergent-chef, interprête, mle 54563/IV B, Orléans ;
  • trésorier : Robert PHILIPPE, sergent, 1097/IV C, employé de commerce, Paris 5 ;
  • trésorier-adjoint : Fernand ARRAULT, sergent, 1038/IV C, instituteur, Mornay-Berry ;
  • secrétaires : Jean GOZE, sergent-chef, chef de camp du Lager Wistritz, 5964/IV C .... faculté de médecine, Lyon ; Jean MORAMEZ, sergent, homme de confiance de la P.U., 6276/IV C, instituteur, Bruay-su-Escaut ; Louis SAUNAL (photo ci-dessous), sergent, 55382/IV B, instituteur, Gometz-le-Châtel.
Louis SAUNAL

Quant au comité de parrainage des orphelins il comprenait :
- un bureau : 
  • Élie-Jean PASCAUD et son suppléant ;
  • les hommes de confiance des districts ;
  • les membres de la section permanente.
- section permanente :
  • Élie-Jean PASCAUD ;
  • abbé Jean BONNARD ;
  • Émile LENORMAND, sergent, 38422/IV B, instituteur, Paris 19.

Voici la liste des membres de la section "solidarité" (nom et prénom, matricule et stalag, grade et régiment, profession et adresse civile) :
  1. ABADIE Éloi, 3900/IV C, soldat/211 RI, cultivateur, Samatan ;
  2. ALLONCELLE Jean, 67882/... , caporal/11 Génie, charpentier, Nantes ;
  3. ARNAUDIN René, 5959/IV C, sergent-chef/80 RI, sous-officier de carrière, Talence ;
  4. AYMAT Louis, 4488/IV C, soldat/444 RP / vigneron, Listrac ;
  5. BARRIER Félix, 34569/IV B, soldat/148 RI, employé des Contributions, Saignes ;
  6. BARRIO Marcel, 5960/IV C, adjudant-chef/80 RI, sous-officier de carrière, Montpellier ;
  7. BILLARD Roger, 5412/IV C, sergent/119 RI, menuisier, Roche-Servière ;
  8. BLANC Raoul, 7996/IV C, caporal/12 Zouave, employé, Bagnère-de-Bigorre ;
  9. BONNARD Jean, 54563/IV B, sergent-chef/405 RP, prêtre, Orléans ;
  10. BOUCHACOURT Roger, 5299/IV C, soldat/12 BM, chauffeur, Huisseau-sur-Cosson ;
  11. BOULET Liévin, 168/IV C, sergent/2 Génie, mineur, Auchel ;
  12. BOULOGNE René, 22911/IV A, soldat/310 RA, directeur commercial, Chambly ;
  13. BREST Jean, 7995/IV C, sergent/481 RP, employé, Brest ;
  14. CAMPERO Albert, 30/IV C, sergent-chef/121 RI, comptable, Marseille ;
  15. DEROUET Paul, 4864/IV C, sergent/2 RIC, boulanger, Tours
  16. DESNEULINS Gaston, 16512/IV F, caporal-chef/54 RIF, secrétaire, Tourcoing ;
  17. DUPRAT Gaston, 7713/IV C, sergent/18 RI, séminariste, Morcenx-Gare ;
  18. FAFIOTTE Georges, 59105/IV B, sergent, 403 DCA, comptable, Paris 15 ;
  19. FEDY Robert, 11149/133, brigadier/406 DCA, émailleur, St Quentin ;
  20. GABILLOT Marcel, 2585/IV C, soldat/69 RA, dessinateur, Paris 13 ;
  21. GARBERT Gabriel, 8464/..., caporal/15 Train, clerc de notaire, Sarrians ;
  22. GARDE Louis, 4998/IV C, caporal-chef/444 RP, boucher, Libourne ;
  23. GENON Edgard, 3960/IV C, sergent/155 RIF, militaire de carrière, Levresy ;
  24. GOUSSET Marcel, 15067/170, passé civil, prêtre, Pont-Ste-Maxence ;
  25. GUY Roger, 7835/IV C, soldat/12 Train, géomètre, Champigny ;
  26. HUEL (voir RUEL)
  27. HUGUET Roger, 4899/IV C, sergent-chef/444 RP, employé, Saintes ;
  28. JACQUART Pierre, 56613/IV B, caporal-chef/156 RI, cultivateur, Harnes ;
  29. JAQUEN  (ou JAOUEN ?) Émile, 2927/IV C, sous-officier/133 RI, boucher, Lanmeur ;
  30. JEANNIN Léon, 1907/IV C, sergent-chef/44 TH, comptable, Aulnay-sous-Bois ;
  31. JEANTET Gaston, 1454/IV C, sous-officier/134 RI, inspecteur d'assurances, St Claude ;
  32. KAROTSCH Albert, prisonnier transformé, St Dié ;
  33. LACUNE Gaston, 55347/IV B, sous-officier/153 RIF, employé, Savigny-sur-Orge ;
  34. LATHUILLIÈRE Jean, 2088/IV C, caporal-chef/4 Génie, employé PTT, Lyon ;
  35. LE DE Edmond, 1762/IV C, brigadier/55 RAD, instituteur, Antoigné ;
  36. LEFEUVRE André, 7965/..., sergent/139 RI, chaudronnier, Rehon ;
  37. LORAND Alfred, 12131/138, caporal/D.In 44, employé, Paris 6 ;
  38. LORRE Jean, 7880 (ou 7890)/IV C, soldat/21 RI, cultivateur, St Martin-de-Beaupriac ;
  39. MAILLOT André, 8085/IV C, sous-officier/332 RI, instituteur, Fiennes ;
  40. MALARME Marcel, 53907/IV B, sous-officier/155 RI, militaire de carrière, Rehon ;
  41. MENEY Georges, 1438/IV C, soldat/15 RP, bourrelier, Pommard ;
  42. MIRAT André, 1992/133, soldat/3 COA, électricien, Le Blanc-Mesnil ;
  43. NAIL André, 38293/IV B, sergent/13 RI, dessinateur, Villebarou ;
  44. NAVEAU Edmond, 52071/IV B, sous-officier/87 RI, imprimeur, Mortagne-du-Nord ;
  45. PALISSIERE Roger, 6598/IV C, caporal/21 RIC, ajusteur, Cherbourg ;
  46. PAUTROT Isidore, 55292/IV B, sergent-chef/37 RIF, cultivateur, Leray ;
  47. PERRIN Pierre, 39188/..., soldat/PA 9, secrétaire de Police, Angers ;
  48. PLANCQUEL André, 6880/IV C, soldat/21 RIC, cultivateur, Ste Colombe-la-Campagne ;
  49. QUÉAU Guy, 61611/II A, sous-officier/153 RIF, employé SNCF, Houilles ;
  50. ROINARD Raymond, 4324/IV C, sergent/444 RP, cultivateur, Miré ;
  51. ROCHEBOIS Jacques, 11716/133, caporal/CRV, charcutier, ..... ;
  52. RUEL Martin, 25602/IV B, sergent/33 BC, employé SNCF, Paris 15 ;
  53. SOUDIEU Paul, 5549/IV C, sergent-chef/2 RI, metreur, Paris 19 ;
  54. THÉBAULT Émile, 2942/IV C, soldat/GA 5, menuisier, Colompbes ;
  55. VALLOIS Jean, 1709/IV C, sergent-chef/412 RP, magasinier, Paris 10 ;
  56. VANDENHENDE Alphonse, 6857/IV C, soldat/422 RP, chocolatier, Leers ;
  57. VANDERBRECK Jules, 28140/IV B, soldat/150 RAF, employé, Dijon ;
  58.  VASCHE Louis, 25610/IV B Komotau, sergent-chef/1 RCM, militaire de carrière, Carentan ;
  59. VATTIER Roger, 12068/133 Komotau, sergent-chef/3 RIC, mécanographe, Caen ;
  60. VENTEZOU Marcel, 54299/IV B Brüx, sergent/415 RP, employé, Paris 17 ;
  61. VIALLE Lucien, 53540/IV B, soldat/403 DCA, joallier, Paris 17 ;
  62. VION Pierre, 55234/IV B Komotau, soldat/279 RI, commerçant, Longueville ;
  63. VISONNEAU Armand, 7273/IV C, soldat/32 RAD, Nantes ;
  64. WAGNER Alexis, 55496/IV B, soldat/150 RAF, employé, Dijon. 
Sources : dossier Stalag IV C (Archives Nationales)
Documents : collections privées avec la collaboration de Ronald Kemeling.

Réunion des hommes de confiance du 26 juin 1943

Le  26 juin 1943 une réunion des hommes de confiance français du district de Teplitz se tient au camp de Wistritz en la présence de J.E. FRIEDRICH délégué du CICR .
Voici le compte-rendu (Mémorial de Caen avec le concours de Nathalie C.) retranscrit intégralement :

--- Une quarantaine d'hommes de confiance, représentant environ 2000 prisonniers français de la région de Teplitz, Wistritz et des villages environnants, assistaient à cette réunion. Ces hommes  de confiance nous ont donné des détails concernant la vie des prisonniers de leurs détachements. Leurs remarques ont ensuite fait l'objet d'une discussion avec les autorité du stalag, au cours de laquelle la majorité des questions ont pu être résolues.

Logement -
- Il s'agit pour la plupart de détachements industriels ou municipaux, réunissant des prisonniers occupés aux services des municiaplités ou de particuliers. Les logements sont en général satisfaisants. A la Anserstrasse à Teplitz cependant, les conditions hygiéniques laissent à désirer ; on compte 100 hommes par chambre ; la vermine abonde et le nombre des lavabos est insuffisant. La fermeture des locaux la nuit ne permet pas aux prisonniers d'utiliser les latrines remplacées dans la plupart des cas par un simple seau, sans cuvette ; à bien des endroits les prisonniers doivent uriner par la fenêtre.

Alimentation -
- Rien de spécial à signaler à cet égard.

Habillement -
- L'état des vêtements est partout déplorable ; on a retiré les chaussures des prisonniers qui en possédaient encore ; ces souliers auraient été remis à des prisonniers faisant des travaux dangereux. Tous les prisonniers portent des sabots à semelles de bois non articulés.

- On procède actuellement ça et là à la distribution de pantalons gris clair, en un ersatz de textile, qui n'ont rien de militaire. La moitié à peu près des prisonniers dont le travail est salissant reçoivent des tenues de travail de leurs employeurs.

Envois collectifs -
- Tout fonctionne normalement dans ce domaine. Les hommes de confiance gèrent librement ces envois. On s'étonne cependant que des chaussettes, provenant manifestement d'envois collectifs (elles portent encore à l'intérieur une marque d'origine), soient .... sur les cartes d'habillement, comme s'il s'agissait d'effets appartenant à la puissance détentrice.

- On se plaint généralement de ce que les cartes d'habillement soient mal tenues, avec des inscriptions au crayon, et corrigées sans que les prisonniers en soient témoins.

Hygiène et soins médicaux -
- Quelques remarques au sujet de l'hygiène ont déjà été faites au début de ce rapport. On signale que, d'une manière générale, l'eau manque dans la région de Teplitz. Les prisonniers ne peuvent se rendre dans un établissement de bains que tous les 15 jours ; comme plus de 100 prisonniers à la fois l'utilisent, les derniers venus n'ont que des douches froides.

- Beaucoup de prisonniers rencontrent des difficultés pour se rendre à la consultation médicale qui, à bien des endroits n'a lieu qu'une fois par semaine. Les chefs de détachements allemands opposeraient souvent à ce que les prisonniers s'y rendent. Ils décident eux-mêmes si un prisonnier doit consulter le médecin ou non ; ils utilisent pour cela un thermomètre ; un prisonnier de guerre n'ayant pas de température n'est pas considéré comme malade. Au détachement de Kosten, la visite n'a lieu qu'une fois par semaine, le mercredi ; si un homme tombe malade le jeudi et est incapable de travailler, il restera 5 jours sans voir le médecin et pour chaque absence au travail, on lui fait une retenue de RM 1.20 pour la nourriture et le logement. Des hommes ont été punis après avoir insisté pour se rendre à la visite médicale ; la punition a même été maintenue après qu'ils aient été reconnus malades.

Travail et solde -
- Les hommes travaillent en moyenne 10h. 1/2 à 12 h. par jour ; presque partout les dimanches sont jours de congé. On nous signale cependant un détachement, Settenz II/351, où 44 prisonniers français travaillent dans un mine 1h. 1/2 de plus par jour que le personnel civil ; ils sont généralement astreints au travail tous les dimanches matin alors que le personnel allemand a congé. Dans un autre détachement de travail à Kalkhofen 166 A/122, 19 prisonniers français travaillent comme forestiers et se plaignent de ce que l'entreprise ne leur verse leur salaire qu'avec 4 à 5 mois de retard.

Discipline -
- Les questions de discipline sont très discutées ; en effet depuis deux mois, à la suite de quelques évasions, et, comme nous l'apprend la "kommandantur", de deux cas où les sentinelles auraient été battues par les prisonniers, la discipline est devenue beaucoup plus sévère. Les hommes sont enfermés dans leur cantonnement dès qu'ils rentrent du travail. Le dimanche, 10% seulement des prisonniers peuvent sortir du cantonnement dans un rayon déterminé sans être accompagnés, alors que les autres n'ont droit qu'à une sortie de 2 h. par groupe sous la garde d'une sentinelle. Inutile de dire que la majorité des prisonniers ne tient pas à profiter de la possibilité de se promener en groupe le dimanche, étant donné que, d'une part, ils sont entièrement libres pour se rendre au travail pendant la semaine et que, d'autre part, certaines sentinelles profitent de cette sortie de dimanche pour leur faire faire des exercices de marche militaire.

- Plusieurs prisonniers ont été maltraités par des sentinelles ; au détachement Eschwald II (fabrique de fibres de bois), dans un détachement de mine à Maltheuern, au détachement de Settenz I/349.

- D'une façon générale, les punitions collectives paraissent être souvent appliquées ; les hommes de confiance nous déclarent que lorsqu'ils ont protesté contre ces punitions collectives en se basant sur la Convention de Genève, ont leur a répondu que c'était l'usage de procéder ainsi dans l'armée allemande.

Courrier -
- La distribution du courrier se fait une fois par semaine, en règle générale, et deux fois par semaine pour les détachements importants. De la sorte, une lettre qui arrive au camp un lundi n'est pas encore censurée lors de la distribution du mercredi suivant ; ainsi elle est distribuée avec 12 jours de retard. La censure des livres dure environ 2 mois 1/2. En revanche, tous les prisonniers sont satisfaits de la parfaite organisation du service des colis, qui arrivent très rapidement et régulièrement avec des pertes minimes. Pour les Belges, les lettres mettent un peu plus de temps à parvenir à destination que pour les Français.


--- La discussion avec les hommes de confiance fut suivie d'un entretien avec les autorités du stalag, qui montrèrent beaucoup de compréhension pour nos requêtes et qui nous donnèrent l'assurance que la plupart des réclamations formulées seraient étudiées avec bienveillance et les mesures nécessaires prises là où elles s'imposaient.

Conclusion -
- Depuis tout récemment la discipline est appliquée beaucoup plus sévèrement dans les détachements de prisonniers français ; en outre, l'état des vêtements est mauvais. Ces deux faits contribuent à démoraliser les prisonniers. Le transfert des prisonniers dans les rangs des travailleurs civils (environ 20% dans la région de Teplitz) sur la moitié duquel, personne ne paraît être très exactement informé crée également une certaine inquiétude parmi les prisonniers.

02 décembre 2010

Visite du camp par le CICR le 02 décembre 1940

   Le 02 décembre 1940, une délégation du CICR visite le camp principal du stalag IV C. Voici le rapport  (Mémorial de Caen avec le concours de Nathalie et André C.) :


Commandant du camp : major STOSSIER
Homme de confiance : sergent-chef SADRIN

   L'effectif total du camp est de :
- 18349 prisonniers de guerre français et de 30 belges.
- Au camp même ne se trouvent que 273 prisonniers ; tous les autres sont répartis dans 225 détachements de travail dont le plus grand groupe à, lui seul, 5800 hommes. A l'exception de 1000 prisonniers qui sont occupés à des travaux d'agriculture, tous les autres travaillent dans l'industrie, notamment dans les carrières de lignite.


Le camp :
- A été aménagé dans une ancienne fabrique récemment rénovée. L'éclairage est électrique et le chauffage central a été installé partout.

- Les dortoirs, qui peuvent loger une cinquantaine de prisonniers chacun, n'en abritent, en fait, qu'un nombre beaucoup plus restreint. Les couchettes, étagées sur 3 hauteurs, sont composées d'une paillasse et d'une couverture.

Nourriture :
- Les délégués ont goûté la nourriture et l'ont trouvée bonne et suffisante. Voir à ce sujet le menu ci-dessous  (copie en langue allemande jointe). Il est à noter que les prisonniers reçoivent des suppléments de nourriture qui sont proportionnés à la différence du travail qu'ils ont à fournir.

Menus du jeudi 21 au lundi 25 novembre 1940 

Habillement :
- Le camp dispose d'importantes réserves d'uniformes et de sous-vêtements. En revanche, les chaussures sont en mauvais état et il serait souhaitable qu'on leur en envoyât. A la fin de mois de novembre, les autorités du camp procédèrent à la distribution de souliers provenant de vieilles réserves.

- Un atelier, qui occupe 100 cordonniers et tailleurs a été mis sur pied.

Cantine :
- Des cantines ont été installées dans plusieurs détachements de travail, mais il n'y en a pas au camp même, car les prisonniers y sont trop peu nombreux. Toutefois, ces derniers ont la possibilité de faire acheter en ville, par les soldats de la garnison allemande, tout ce qu'ils désirent.

- Le cirage et 7 paquets de cigarettes "G.... " par mois sont distribués gratuitement par les autorités du camp.

- Une installation d'épouillement, qui fonctionne à la vapeur, a été aménagée au camp et dans les principaux détachements de travail. La vermine a presque totalement disparu.

- L'eau courante a été installée dans des locaux adjacents aux dortoirs. De plus, les prisonniers peuvent prendre une douche chaude par semaine.

L'infirmerie :
- Le camp ne possède qu'une infirmerie très petite où ne sont soignés que les malades très peu gravement atteints et les convalescents. Les cas les plus graves sont transférés au Lazaret (hôpital militaire) de Bilin que nos délégués n'ont pas visité et qui a été installé très récemment dans une grande villa. Ce lazaret, qui paraît être un modèle du genre, peut abriter 300 malades ; à la fin du mois de novembre, il n'en hébergeait qu'une centaine approximativement.

- Ont déjà été rapatriés : 250 prisonniers incapables de travailler ; 100 autres le seront prochainement.

- Quelques cas de scarlatine survinrent peu de temps après le passage de nos délégués. L'épidémie fut très rapidement enrayée.

Exercice du culte :
- Une quarantaine de prêtres-soldats sont répartis dans les divers détachements de travail et peuvent exercer librement leur activité. Ils collaborent également aux travaux de bureau.

- Une messe par semaine est dite au camp même.

Distractions intellectuelles :
- Les prisonniers ont à leur disposition un assez grand nombre de livres. Les autorités du camp ont acheté, il y a peu de temps, pour 4000 RM de livres de lecture et de délassement. Le service de distribution dans les détachements de travail fonctionne très bien.

- Les prisonniers d'un détachement de travail ont mis sur pied un orchestre complet dirigé par le directeur de l'orchestre de l'Opéra de Paris.

- Chaque dimanche, les prisonniers qui sont occupés dans les ateliers et les bureaux du camp peuvent faire une promenade dans la campagne, ce qu'ils paraissent apprécier beaucoup.

Discipline :
- Celle-ci paraît excellente et aucune plainte n'a été formulée à cet égard. Le commandant assura qu'il était très satisfait de la conduite des prisonniers et qu'il avait décidé de les récompenser pour la fête de Noël.

Solde :
- Les prisonniers qui sont occupés dans les détachements de travail reçoivent leur solde réglementaire. Ceux qui travaillent dans le camp même touchent 60 Pf par jour.

Correspondance :
- Les services postaux fonctionnent des plus normalement. Les paquets et les lettres sont distribués au plus tard le lendemain de leur arrivée. Les prisonniers peuvent écrire 2 lettres et 2 cartes par mois. Ils ont presque tous reçu des nouvelles de leur famille. Tous ont rempli la carte d'avis de capture.

- Quarante censeurs sont utilisés dans les bureaux.

- De très nombreux colis (2 wagons) ont été envoyés par la Croix-Rouge française de Paris ; ils contenaient des vivres, des vêtements chauds et du pain. En outre, de nombreux paquets provenant pour la plupart de Vichy et contenant principalement des étoffes et des sous-vêtements sont reçus tous les jours. Ces envois sont faits au nom du maréchal Pétain.

Assurance :
- Toute entreprise individuelle qui emploie des prisonniers est tenue de les assurer contre les accidents, au même taux que les ouvriers allemands. Les indemnités pour incapacité de travail et les rentes pour invalidité sont payées régulièrement et continueront à l'être lorsque le prisonnier sera rentré dans son pays.

Requêtes : 
- Les prisonniers n'ont pas de requêtes à présenter ; ils seraient heureux, toutefois, qu'une cantine soit aménagée dans le camp même. Des ballons de football et des jeux seraient reçu avec satisfaction. Le commandant du camp d'ailleurs est disposer à les acheter avec l'argent de la caisse.

- Nos délégués ont relevé qu'il serait urgent d'envoyer aux prisonniers de ce camp un certain nombre de bonnes paires de chaussures ainsi que de nombreuses paires de gants de travail, articles qu'il n'est pas possible de se procurer sur place.

Conclusions :
- Nos délégués ont relevé l'excellente organisation de ce camp ainsi que le bel esprit qui y règne. 

01 décembre 2010

Bronislaw PULRULCZYK / Les Étrangers du stalag IV C

   Dans l'un des messages de ce blog il est noté qu'en 1943 plus de 4500 PG du IV C étaient des étrangers ;
Bronislaw PULRULCZYK était l'un de ces malheureux.



   De nationalité Polonaise, il est arrivé en France en 1938. A la déclaration de guerre il est incorporé dans l'armée Polonaise en
France (reformée à Coëtquidan en novembre 1939)

   En 1940, vers le 14 juin, combattant dans l'Est de la France, il est fait prisonnier et envoyé en Allemagne et plus précisément au Stalag IV C. Durant sa détention, il travaillera dans une ferme.

   Jamais il n'a parlé de cette période à ses proches !

   Aujourd'hui, son fils recherche tous renseignements sur son père, ses compatriotes, la ferme dans les Sudètes...

Document et récit : Stanislas Pulrulczyk

Les photos et documents publiés sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

Organigramme du camp en 1943

Un document établi lors d'une visite (sans autre précision : CICR ?) le 09 octobre 1943  nous précise l'organigramme du Stalag IV C à cette date :

I - Personnalités allemandes :
  • commandant du camp : colonel LORENZ
  • adjoint : major JAEKEL
  • abwehr : capitaine JAEKEL
  • betreuung : sonderführer ZIERVOGEL
II - Effectif  : 

21 - Environ 20.000 PG (le 15 juillet 1944 l'effectif est de 14.545 hommes) au total dont :
  • 16.500 français
  • 4.500 étrangers
22 - Effectif du camp central (à Wistritz) : 
  • français : 150
  • étrangers : 40

III - Camp central :
  • homme de confiance : André LEFÈVRE, sergent, matricule 12100, Paris 16 ;
  • adjoint : Élie-Jean PASCAUD, 2ème classe, mle 34288, Paris 4 ; 
  • secrétaires : Marcel GLAIZE, brigadier, mle 27900, Clermont-Ferrand et André LAGRANGE, mle 11288, Mont-Saint-Aignan ;
  • chef de camp : Jean GOZE, mle 5964, faculté de médecine, Lyon ;
  • interprète : Jean BONNARD, mle 54563, Orléans ;
  • Croix-Rouge "vivres" et "vêtements" : Jean LE HARS, mle 1239, Scaër ;
  • université : René MARTIN, mle 8659, maître des requêtes au Conseil d'État, Paris
  • orchestre : en suspens ;
  • théâtre : en suspens ;
  • sports : en suspens ;
  • journal : Charles VERGEREAU, mle 49056, Légé ;
  • œuvre d'assistance : Caisse de secours mutuels du Stalag IV C ;
  • aumônier catholique (depuis fin 1942) : Charles LANCARO, mle 54557, St Jean-le-Vieux ;
  • aumônier protestant : néant
IV - Districts et hommes de  confiance :
  • Aussig : Raymond LEPERT, mle 3236, Paris 15 ;
  • Bilin : André PUGINIER, mle 50049, Castenault-de-Monmirail ;
  • Bohm-Leipa : Raymond HERAIL, mle 69078 ;
  • Brüx-Hydrierwerk : Georges ONDEL, mle 1746, Courbevoie ;
  • Komotau : Guy DEGUILHEN, mle 52215, St Yrieix ;
  • Niedergeorgenthal : Henri COSTE, mle 57268, Montreuil-sur-Mer ;
  • Oberleutensdorf : ... BOULOUK-BACHI, mle 52268, Paris 15 ;
  • Reichenberg : Gérard GUÉRAND, mle 34462, Arras ;
  • Teplitz : Robert LESTABLE, mle 54355, Paris .. ;
  • Tetschen : Henri LE LAY, mle 3597, Le Lude.
Sources : dossier Stalag IV C (Archives Nationales)

Officiers au stalag IV C

Les prisonniers de guerre officiers étaient placés dans des Oflags et l'oflag IV C était à Colditz. Or, sur deux documents établis en 1944 et début 1945 au stalag IV C, quatorze noms d'officiers y figurent. Ils sont notés comme "docteurs" "médecins" et "dentistes" sans précision individuelle pour la majorité.

  • BLANCHARD Marius, capitaine, 9025/IV C Brüx kommando, Bordeaux (Gironde) ;
  • CAUSSE Robert, sous-lieutenant, 10532/IV C, Toulouse (Haute-Garonne) ;
  • DUPUY Francis, lieutenant, 733/oflag VIII A, Aix-les-Bains (Savoie) ;
  • FAVIER Marcel, lieutenant, 9026/IV C, Arinthod (Jura) ;
  • GALANT Antonio, sous-lieutenant, 9028/IV C, Tlemcen (Algérie) ;
  • GOMER Maurice, sous-lieutenant, 10536/IV C, Pau ;
  • GONTIER Pierre, lieutenant, 9027/IV C, Toulouse (Haute-Garonne) ;
  • MADRANGES Maurice, capitaine, 96320/IV B, Brive (Corrèze) ;
  • MARIE Maurice, sous-lieutenant, 9024/IV C, Paris 15 ;
  • MOULINIER Edmond, lieutenant, 20001/III D, Paris 5 ;
  • NIÉGO ...., ...., médecin auxiliaire, ..../.... Brüx kommando ;
  • ROPARS Auguste, lieutenant, ... en kommando, Poullaouen (Finistère) ;
  • VALDEYRON René, capitaine, 9022/IV C, affecté au service des PG hollandais en kommando, Aix-les-Bains (Savoie) ;
  • VERDIER Georges, sous-lieutenant, 10431/IV C, dentiste en kommando, Nancy (Meurthe-et-Moselle). 
Ces officiers devaient tous être employés au service de santé du camp ou dans les kommando (sans précision). Dans chaque stalag c'était ainsi et ces médecins français étaient placés sous les ordres des médecins allemands qui restaient "maîtres" des décisions médicales.

Le 27 juillet 1942, lors de la réorganisation des cadres français du IV C, le président du bureau est : 
  • FREY ..., capitaine (un document publié début 1945 nous indique que le capitaine "FRAY" était interprète et homme de confiance au service médical de l'hôpital de Bilin qui disposait de 500 lits).


Sources : dossier Stalag IV C  (Archives Nationales) / mise à jour du 21/12/2010

28 novembre 2010

Le district de Komotau : kommandos et hommes de confiance

   Liste et carte "Google Maps" des kommandos de P.G. français du district de Komotau, aujourd'hui Chomutov, avec leurs numéros postaux, les firmes principales (employeurs) et les noms des hommes de confiance connus :
Afficher Kommandos de Komotau sur une carte plus grande


  1. Dicks Gasthaus - lu aussi Dick's Gasthof - 166 B - ville de Komotau/Reischbahn - COULON André, 6524/IV C puis VASCHE Louis, 25610/IV B (nov. 1944) ;
  2. Eidlitz (Údlice) - 88 - ...... - JOUGLET Charles, 48949/IV B puis MILLION Henri, 33697/XVII B (nov. 1944) ;
  3. Gersdorf (Mezihoří)- 120 B - .... - DUPRÉ Roger, 34985/IV B puis JAOUEN Émile,2927/XII C (nov. 1944) ;
  4. Görkau I (Jirkov) - 122 - .... - MARTIN Robert, 1911/133 ;.... ;
  5. Görkau II  (Jirkov) - 121 C - .... - .....  puis BOULOGNE René,22911/IV A (nov. 1944) ;
  6. Hagensdorf (Ahníkov) - 137 - divers - DEGUILHEM Guy, 52215/IV B puis NAVEAU Edmond, 52071/IV B (nov. 1944) ;
  7. Hareth (Hořany) - .... - ..... - DABLET Georges, 18357/IV B ;
  8. Heeresstandort ou H.St.O.V.  - 175 C - ville de Komotau/Heeresstandort Verwaltung - ...... ;
  9. Hohentann (Vysoká Jedle) - 149 - ..... - LEMAIRE Arthur, 6161/IV C ;
  10. Holletitz (Holetice) - 151 A - .... - GAUCHOT Rémy, 51942/IV B ;
  11. Kallich (Kalek) - 192 - .... - RAPPENEAU Georges, 55047/IV B ;
  12. Kastanien-Garten - 169 - ville de Komotau/Reischbahn - .... ;
  13. Klein Priesen (Malé Březno) - 270 - .... - .... puis MASSEMAIN Clément, 62743/IV B (nov. 1944) ;
  14. Kranken-Revier ou K.G. Revier - 172 A - ville de Komotau - .... ;
  15. Krima (Křímov) - 181 B - .... - COUSIN Charles, 31423/IV B ; 
  16. Losan (Lažany) - 352 - ..... - BROTHIER Edmond, 67937/IV B ;
  17. Néosablitz (Nezabylice) - 242 - .... - FORTIN Paul, 23253/IV B puis VOLLAND Alphonse,51661/IV B (nov. 1944) ;
  18. Petsch (Bečov) - 282 A - .... - LECONTE Henri, 3471/IV C puis GARNIER Auguste, 10673/133 (nov. 1944) ;
  19. Pirken (Březenec) - 297 A - .... - VANDERBECK Jules, 28140/IV B ;
  20. Pösswitz (Pesvice) - 286 - .... - STYGER Charles, 52165/IV B ;
  21. Pritschapl (Přečaply) - 292 A - .... - TRÉFIER Fortuné, 50040/IV B ;
  22. Quinau (Květnov) - 300 - ... - TAILLADE Pierre, 4103/IV C ; 
  23. R.A.W - 174 A - ville de Komotau/Reischbahn Ausbes/Serunkg Werk - POTELLE Henri, 68178/IV B puis FOUCHARD Marcel, 52283/IV B (nov. 1944) ;
  24. Sadschitz (Zaječice) - 329 - .... - CALMÈS Roger, 3911/IV C ;
  25. Schergau (Šerchov) - 334 A - .... - BOURRET Marcel, 49574/IV A ;
  26. Schlegelfabrik - 171 A - ville de Komotau/cordonniers, taielleurs/Verwaltung - GUÉRIN Henri, 8080 IV C ;
  27. Schimberg (Podhůří) - 336 B - .... - GENON Henri, 3960/IV C puis MALARME Marcel, 53907/IV B (nov. 1944) ;
  28. Schössl (Všestudy) - 345 - .... - HEYDON Jean, 44207/XVII B ;
  29. Seestadtl (Ervěnice)- 347 A - CHOFFIN Alfred, 32742/IV B puis LE BIHAN Louis, 23327/IV B  (nov. 1944) ;
  30. Silbererbleiche - 172 - ville de Komotau/divers - BESNARD Henri, 71372/IV B ;
  31. Skyrl (Škrle)- 352 - .... - LUCAS Léopold, 72047/VII A ;
  32. Sonnenberg (Výsluní) - 367 - .... - LAMBERT Jack,11061/133 ;
  33. Sperbersdorf  (Hrádečná) - 366 - .... - BRESSE André/1650/IV C ;
  34. Sporitz I (Spořice) - 355 - Poldi Hütte - PASCAUD Élie-Jean,34288/IV B ;
  35. Sporitz II  (Spořice) - 369 A - Poldi Hütte - .... - LESAGE Roger, 51862/IV B ;
  36. Sporitz IV ou Sporitz-Poldi IV (Spořice) - 354 - Poldi Hütte - DUPLANIL Pierre, 49640/IV B ;
  37. Steinermühle - 173 - divers/ville de Komotau - WOLF André, 8086/IV C ;
  38. Trauschkowitz I (Droužkovice)- 389 - cultivateurs - SORIAUX Pierre, 4733/IV C ;
  39. Trauschkowitz II  ou Trauschkowitz-Poldi (Droužkovice) - 407 - Poldi Hütte - VASCHE Louis, 25610/IV B ;
  40. Triebschitz I  (Třebušice) - .... - ..... - BOCQUET Maurice, 4130/IV C ;
  41. Triebschitz II  (Třebušice) - .... - ..... - ROUDAUT Gabriel, 69521/IV B ;
  42. Tschern (Všehrdy) - 372 - divers - SCHMITT Charles, 52994/IV B puis CARBONE René, 3381/IV C (nov. 1944) ;
  43. Tschochl (Stráž) - .... - .... - GAUTHIER Eugène, 31105/IV B ;
  44. Türmaul (Drmaly)- 396 - .... - MOREL Marcel, 3563/IV C ;
  45. Uhrissen (Orasín) - 413 - .... - BIGLIARDI Léopold,39407 IV B ;
  46. Ulmback (Jilmová) - .... - .... - THOUREY Roger, 1678/IV C ;
  47. Ukkern (Okořín) - 409 - .... - FOURCADE Joseph, 6891/IV C ; 
  48. Wurzmès (Vrskmaň) - 446 - .... - NURRY Antoine, 3555 IV C puis DELAIRE Michel, 8303/IV C (nov. 1944) ;
  49. 352* (Sušany) - 503 - .... - .... puis LEFEVRE Gaston, 52518/IV B (nov. 1944).
   Début "45", 114 P.G. français sont employés au Kommando 349 de Komotau dans une usine de guerre.

   Nota :  tous ces renseignements sont les recoupements de plusieurs listes. L'une a été établie en 194 ? lors de la nomination de l'homme de confiance du district Georges ONDEL avec le recensement de 43 Kommandos, une autre écrite le 08/11/1944 qui mentionne les changements d'hommes de confiance et enfin une dernière avec les numéros postaux.
   La société tchèque Poldi-Hütte, mentionnée ici, existe toujours.

   Les noms des Kommandos ont été traduits en langue tchèque (noms entre-parenthèses) à partir du site : http://www.soalitomerice.cz/



   Il existait également dans ce district des Kommandos de P.G. d'autres nationalités :

Les Britanniques à :
  1. Komoto (chomutov) - 6 camps (quatre décrits) :
    - Les détenus logés dans un camp de travail sur le site des travaux "Poldi course". Le camp se composait de 15 casernes et était entouré de l'usine. 100 P.G. anglais.

    - Les prisonniers étaient logés dans le "Rulandhalle". Le camp avait en moyenne 300 prisonniers. Il a été démantelé en 1943 et les P.G. transférés vers d'autres emplois et pour certains à l'hôpital militaire de Komotau (Chomutov). Après la dissolution du camp, "Rulandhalle" servit à nouveau à des fins culturelles et, en janvier 1945 pour accueillir les réfugiés de l'Empire. 360 P.G. y sont morts.

    - Ce troisième camp se composait de 70 prisonniers britanniques ; ils étaient logés dans une usine de production de fils.

    - Un camp de 40 prisonniers.

  2. Sporitz (Sporice) :
    - Les prisonniers étaient logés dans l'Auberge Heer. Le camp se composait de 15 Britanniques employés à la fonderie Poldi. Après l'arrivée de l'Armée Rouge, le 09 mai 1945, les P.G. furent dirigés vers Karlovy Vary (nom du district depuis 1992).

  3. Trupschitz (Strupcice) :
    - Les prisonniers étaient logés dans une auberge locale et utilisés dans la construction de conduites d'eau. Une équipe se composait en moyenne de 60 P.G.

  4. Wurzmes (Vrskman) :
    - Les prisonniers étaient logés dans le camp de baraques près de la mine de charbon où ils travaillaient. Le camp se composait de 120 P.G.. Deux prisonniers britanniques (au moins) sont morts et enterrés dans le cimetière local. Le 19 février 1945 les P.G. britanniques ont été emmenés vers une destination inconnue ...

  5. Zollhaus (Celna) :
    - Logés dans le camp, au milieu du village, sur la route nationale Chomutov-Vejprty (noms actuels), les prisonniers britanniques arrivèrent en 1942 et restèrent jusqu'en 1943. Ils travaillaient dans les bois environnants. Il y avait en moyenne 40 à 50 P.G. dans ce camp.
Sources : dossier stalag IV C (archives nationales) http://www.evzi.estranky.cz/ - Mise à jour du 31/01/2013

27 novembre 2010

Liste "enseignement"

Les renseignements ci-dessous (nom, prénom, matricule et stalag, grade et régiment, profession, adresse civile avant la guerre) proviennent d'une liste "enseignement" établie le 20 décembre 1944 à Wistritz par Charles VERGEREAU (matricule 49056/VIII A).
  1. BÉAUD Jean, 22280/IV A, sergent-chef/17 BBC, inspecteur d'assurances, Besançon ;
  2. BOCHEREL Charles, 406/133, soldat/111 R, missionnaire catholique, Port-au-Prince ;
  3. BOCQUET Maurice, 41?0/IV C, caporal-chel/291 RI, instituteur, Charleville ; 
  4. BON Paul-Robert, 55719/IV B, caporal/37 RI, décorateur, Le Chesnay ;
  5. BONNARD Jean, 54565/IV B, sergent-chef/405 RP, prêtre, Orléans ;
  6. BOUQUET Louis, 33190/IV B, caporal-chef/2 Spahis, instituteur, Buxy ;
  7. BOUTOILLE Marcel, 81483/VII A, .../..., instituteur, Harnes ;
  8. BRÉGEON Robert, 39292/VII A, caporal/302 RI, La Chapelle-aux-Fitzméens ;
  9. CHAMBARETEAU Louis, 36115/IV B, caporal-chef/4 Génie, agent de cadastre, Lyon ;
  10. CHAUVELON Henri, 26454/III B, caporal-chef/131 RI, instituteur, Rouans ;
  11. CIER Renaud, 28874/IV B, brigadier/317 RAD, instituteur, St Pé-d'Ariet ;
  12. COMBÉPINE Jean, 24834/IV B, sanitaire/2 BCA, vigneron, Fuissé ;
  13. COMMARMOND Maurice, 6595/IV C, brigadier/29 GRDI, mécanicien, Bordeaux ;
  14. CORBÉ Jean, 62183/V B, .../... , (actuellement au stalag V A), prêtre missionnaire, Béthune ;
  15. COTTEL Jean, 55265/IV G, soldat/37 AIF, dessinateur, Paris VI ;
  16. DAVESNE Jean, 55634/IV G, 1ère classe/18 Génie, instituteur, Villemonble ;
  17. DEAURIAC Henri, 527/IV C, sergent-chef/4 RI, prêtre, Sens ;
  18. DELOL René, 74598/..., soldat/510 RCC, professeur, Prignac ;
  19. DROUIN Raymond, 54096/IV B, adjudant/21-13 RI, chef comptable, Nevers ;
  20. DUBOIS Jean, 6851/..., .../... , (actuellement au stalag IV B), instituteur, Villejuif ;
  21. ESPINASSE Joseph, 38360/IV B, 1ère classe/52 BMIC, prêtre, Beyrouth ;
  22. FAIRERE Armand, 25484/IV A, .../BAB 4, instituteur, Champagney ;
  23. GABE Maurice, 42261/III A, sergent/41 RI, professeur, St Servan-sur-Mer ;
  24. GALLERON Arthur, 56724/IV A, 1ère classe/112 RAL, instituteur, St Genough ;
  25. GAILLARD Edmond, 52015/IV B, adjudant-chef/9 Zouave, sous-officier de carrière, St Léger-du-Bois-Noiron ;
  26. GOUROT Jean, 10983/133, soldat/RR 2, professeur, Paris VI ;
  27. GUÉGUENIAT Jean, 8723/IV C, caporal-chef, 2 RIL, employé PTT, St Ouen ;
  28. GUÉRINOT Germain, 72848/IV B, sergent/151 RI, instituteur, Herné ;
  29. JOUANNEN André, 77471/IV B, soldat/ ..., instituteur, Draveil ;
  30. HÉRAULT Jacques, 7544/IV G, sergent/36 RA, négociant, Moulins ;
  31. LANCARO Charles, 54557/IV B, caporal/49 RI, prêtre, St Jean-le-Vieux ;
  32. LASSANDRE Raymond, 3923/IV C, caporal-chef, 321 RI, instituteur, St Mathieu ;
  33. LE CAM Étienne, 13723/VII A, caporal-chef/137 RI, instituteur, Guingamp ;
  34. LEFEUVRE Louis, 62329/XVII A, sergent/137, moine, Plouharnel ; (***)
  35. LE HARS Jean, 1239/IV C, sergent/Dep 212, instituteur, Scaër ;
  36. LEJAMTEL René, 41053/..., .../... , (relevé en 1943), instituteur, Carnet ;
  37. LENORMAND Émile, 38422/IV B, sergent/331 RI, instituteur, Paris XIX ;
  38. MAROTTE Jacques, 55480/IV B, caporal/405 RP, expert-comptable, Sancoins ;
  39. PAULUS Joseph, 38033/IV B, sergent/148 RIF, instituteur, Mézières ;
  40. PLAT André, 54291/IV B, sergent-chef/154 RIF, directeur de banque, Maison-Alfort ;
  41. POLLY Robert, 10976/133, caporal-chef/RR 2, employé du Trésor, Péronne ;
  42. POLETTI François, 57877/IV B, caporal/224 Génie, professeur de dessin, Choisy-le-Roi ;
  43. PUBERT Pierre, 35283/IV B, 1ère classe/355 RAA, frère des écoles chrétiennes, Nantes ;
  44. RANDONNET Joseph, 24786/IV B, 1ère classe/116 RI, instituteur, St Hilaire-des-Loges ;
  45. REBSTOCK Lucien, 55294/IV B, sergent/37 RI, professeur, Vanves ;
  46. RENGERVE (de) Jean, 32068/IV B, caporal/24 GRDI, avocat, Campénéac ;
  47. ROBERT Henri, 5121/IV C, sergent/18 Train, professeur, La Rochelle ;
  48. ROSIER Pierre, 6959/..., soldat/294 RI, instituteur, Cousances-aux-Forges ;
  49. SACCIOCHI François, 7700/IV C, soldat/294 RI, ouvrier, Drancy ;
  50. SAUNAL Louis, 55382/IV B, sergent/166 RIF, instituteur, Gometz-le-Chatel ;
  51. VINAUGER Jean, 39386/IV B, soldat/26 RA, employé SNCF, Paris VII.  

(***)  Le père Louis LEFEUVRE était un écclésiastique. Le 27 mai 1940 il est fait prisonnier à Cappelbrouck (Nord). Dans un premier temps il est dirigé sur le stalag XVII A ou il recevra l'immatriculation N° 62329. Ensuite ce sera le stalag IV B à Mühlberg, Altenburg, Bulzig, Karlsfeld, de nouveau Mülhberg à l'infirmerie transformée en hôpital, Reichenberg, stalag IV C Wistritz, Reinowitz, usine Hydrierwek à Brüx. Il est libéré le 8 mai 1945. Une fois rentré en France il rejoint l'abbaye de Kergonan (Morbihan) où il restera jusqu'à son décès. Durant sa captivité il a célébré les offices plusieurs fois par jour et a donné des conférences sur la philosophie, la morale conjugale ou l'hindouisme. (Merci à Joël pour ces précisions, 15/07/2011 dans "Des noms parmi d'autres").
sources : dossier stalag IV C

26 novembre 2010

Les villes des districts du stalag IV C en cartes postales anciennes

AUSSIG
BRUX
KOMOTAU
BILIN
TETSCHEN
REICHENBERG
SCHÖNLINDE
OBERLEUTENSDORF
BOHM-LEIPA
TÉPLITZ
Pas de carte des villes de TRIEBSCHITZ (TREBUSICE aujourd'hui) et MALTHEUERN (ZALUZI).




22 novembre 2010

Fernand BABARIT, son récit

Le prisonnier de guerre n° 38 372 


Il s’appelait Fernand BABARIT. Pour l’administration du Stalag IV B, c’était d’abord un numéro matricule qu’il portait  sur une plaque métallique attachée autour du cou : le 38 372. La guerre a été déclarée le 2 Septembre 1939 et  Fernand, 32 ans, est mobilisé dès le deuxième jour, car il fait partie  de la première réserve. Vendéen, il prend le train à Pouzauges pour rejoindre Vannes par la Roche-sur-Yon et Nantes.

Il raconte :
« J'ai rejoint le 35ème d'artillerie. De Vannes à Meucon nous sommes partis à pied. C'était un régiment qui se formait alors. Nous sommes passés au magasin : "Habillez vous". On a reçu tout le barda : bidon, musette, deux masques à gaz, mais aucun n'était utilisable. C'était du vieux matériel de la guerre 14-18. Plus tard les Allemands se moqueront de notre équipement.


Les convois 

Au bout d'un mois à Vannes, nous avons conduit à la gare les chevaux et les canons. Chacun des wagons pour chevaux avaient deux hommes pour les garder. En tant que conducteur je m'occupais aussi des chevaux. Il fallait huit chevaux pour tracter un canon de 155 court. Le canon pesait 3 515 kilos. Les canons étaient montés sur des wagons plats. Les chevaux demandaient beaucoup de soins : il fallait leur donner à manger, à boire, les brosser, les atteler. Les faire monter dans le train était un véritable sport. Les servants s'occupaient des canons et des caisses de munitions à charger dans les wagons.


Nous avons quitté Vannes. A Paris nous sommes passés par la petite ceinture, puis direction Reims. On s'arrêtait pour manger la soupe. On emmenait la roulante : une grande chaudière sur roues. Chacun s'approchait avec sa gamelle dans laquelle la soupe était versée. Par dessus la gamelle individuelle, il y avait un compartiment plat dans lequel était déposé un morceau de « barbaque ». On recevait aussi un quart de pinard.



Après Reims, nous sommes partis vers la Meuse jusqu'à Champigny. Pour dormir on a trouvé des toits à cochons. Il a fallu enlever le fumier, nous avons mis de la paille et nous avons dormi là. Les chevaux étaient attachés par groupes de quatre. Des piquets avaient été plantés pour les attacher. Des sentinelles montaient la garde auprès des chevaux et des canons.



De Champigny jusqu’à la Meuse nous avons marché pendant quarante-huit heures. Le lendemain nous sommes partis pour la Meurthe-et-Moselle. Nous y sommes restés quinze jours. De là, nous sommes partis en Moselle, à Ilayance.  Puis direction les Ardennes. De là nous sommes montés en Belgique.



On n'avait rien à faire ! Nous étions là comme des touristes ou comme un cirque en déplacement. Un jour ici, un jour plus loin. On emmenait nos quatre batteries, nos fourgons et nos chariots, toujours tirés par les chevaux. Les servants étaient assis sur les caissons des batteries, des caissons dans lesquels il n'y avait rien. Car nous n'avions toujours pas de munitions. J'avais deux chevaux à conduire. Ils tiraient les canons qu'il fallait garder à distance l'un de l'autre. Parfois les chevaux  s’énervaient et  devenaient difficiles à tenir. A Thionville, je devais faire chauffer la chaudière pour la cuisine, chauffage au bois, bien sûr. Le bois vert taillé dans la forêt brûlait mal, mais en y ajoutant deux ou trois kilos de graisse, le feu démarrait quand même.


Le cavalier 

J'avais remplacé un cuisinier dans le moment où les ouvriers spécialisés étaient rappelés par leur patron. J'avais aussi remplacé un ajusteur à la cuisine. Le chef cuistot était un ancien boucher qui travaillait à la Villette dans une boucherie chevaline. Il s’y connaissait en chevaux et ce jour-là il m'avait confié deux canassons, signalés comme "très dangereux" sur leur fiche. Mais on ne m'en avait rien dit. "L'ordre de service en campagne" arrive. On part, toujours sans munition, mais avec les canons. Mes deux chevaux ont été joints à deux autres qui ne voulaient pas démarrer. Les miens se cabrent tout debout. On a enlevé les deux autres et les miens ont démarré au grand galop. Je tenais les guides, mais  arrivés sur la route, les chevaux ont commencé à lever le cul, à danser de gauche et de droite. J'étais sur l’un d’eux et je ne pouvais pas descendre. Un timon s’est trouvé brisé par le milieu  et il a fallu  le remplacer. On en installe un autre et dix mètres plus loin, il casse aussi. L'adjudant qui était là, au lieu de m'aider, me regardait. J'ai fini par réussir à sauter à terre. Je n'ai jamais pu remonter et il a fallu faire les quinze kilomètres à pied.
En arrivant le capitaine me dit : "Dites donc, vous, vous n'avez pas peur. Vous auriez pu vous faire tuer"
Par la suite nous menions nos chevaux aux champs. On était là, on tournait en rond. L'armée avait loué un pré pour y mettre les chevaux. Des paysans nous vendaient du cidre à cent sous le litre.

Face à l’ennemi 

Tout cela a duré environ neuf mois. Les Allemands ont attaqué la Belgique. La plupart du temps il faisait beau, un temps clair, avec un beau soleil.
Mais la guerre était là. Les Allemands ont contourné la ligne Maginot et envahi la Belgique. A cette nouvelle nous sommes partis en un quart d'heure, toujours avec les chevaux. Un copain Fernand VANDICK, du bureau du commandant me dit : "Tu sais, ça va mal. On part à la rencontre des Allemands. Ils ont envahi la Belgique." Nous avons marché durant plusieurs jours, principalement de nuit.


Le 8 mai, on prend position à quatre heures du matin, soit-disant pour arrêter les Allemands, mais ils avaient déjà passé la Meuse. Les canons étaient en position de tir. Des camions devaient nous amener des obus, mais on n'en n'avait toujours pas. On devait aller à l’attaque, mais sans munition.

Un chauffeur est tout de même arrivé avec un grand camion d'obus, en nous demandant où les mettre. Nous ne savions pas quoi lui dire. Finalement on ne s'est jamais servi de nos canons.
L'armée allemande a fait irruption avec des chars, alors que nous n’avions que des chevaux. Nous avons été encerclés, les chars allemands devant et les automitrailleuses derrière. La mitraille tombait. Des avions nous survolaient.
Le commandant s'avance vers les Allemands. C'était le comte de LAMBILLY, un breton. Il est allé à leur rencontre, révolver au poing. A l'approche des Allemands il a balancé son révolver. Nous avons couru sur une centaine de mètres, mais les Allemands sont restés calmes. Des haut-parleurs invitaient les soldats à rester sur place. Ils disaient "Rappelez vos camarades !" Sur mon cheval, j'ai levé les bras en l'air, le cheval allait dans tous les sens car il était excité. Face à moi et arborant un insigne à tête de mort, un soldat allemand. Un copain me crie : "Attention, il va te descendre". A cause de mon étui de révolver, il pouvait me croire armé.
On ne nous a pas tiré dessus car nous n'apparaissions pas comme dangereux. Pour tout équipement militaire je ne disposais que d'un masque à gaz et mon étui de révolver était vide.
Les soldats allemands ont regroupé les chevaux dans un parc. Le commandant allemand, qui parlait français, a dit à notre commandant : "Ce n'est pas très fort pour un commandant de se rendre sans se battre." Et notre commandant a répondu : "Pour se défendre, encore faut-il avoir des armes." Les Allemands savaient que nous étions sans armes. Nous avons été faits prisonniers. Notre chance, malgré tout, a été d'être sans armes. Ils nous ont dit :"Il nous faut des travailleurs en Allemagne ; vous serez payés."

Des hordes de prisonniers 

Nous avons marché pendant huit à neuf jours. Quand on demandait à manger, on s'entendait répondre : "Débrouillez-vous !". Il était déjà impossible de s'évader. Nous avions marché jusqu'à Virvim-d'Aisne et de là nous sommes partis, toujours à pied jusqu'à Bastogne en Belgique.


On nous donnait quand même à manger, mais il y avait deux heures d'attente pour une gamelle de soupe. Une gamelle qui souvent n'était que de l'eau ou à peu près. Quand arrivait notre tour, parfois il ne restait plus rien.

Les marches étaient interminables. En une semaine, on a peut-être fait trois cents kilomètres. On dormait la nuit sur la banquette (bord de la route). On marchait n'importe quand. Les Allemands ne nous forçaient pas. De plus, il n'y avait plus de train. Toute la division Korapt a été ramassée à ce moment-là.


A Bostogne, on nous a donné un bout de pain avec un peu de saucisson. Embarqués sur des wagons à bestiaux, on ne pouvait pas même pas s’allonger pour dormir. Tout juste un peu d'air pour respirer. La Croix Rouge est passée, elle a demandé nos gamelles et nous a donné un peu de soupe servie à la louche.

On nous a débarqués à Mulberg en Saxe. Nous étions là une file de cinq cents prisonniers, à la queue leu leu. Nous y sommes restés un mois dans une chaleur abominable, envahis par les puces laissées par les Polonais qui venaient de partir. Question nourriture, nous avions droit à une gamelle de bouillon ; pas plus. Difficile encore de donner des nouvelles à la famille. Pour la première carte que j'ai pu expédier, nous n'avions le droit qu'à quelques mots :"Je suis en bonne santé." C'est tout.

La vie dans les camps 

Nous étions un convoi de 1500 prisonniers et je fus envoyé dans les Sudètes, près de la Tchécoslovaquie comme travailleur forcé dans une usine d'essence synthétique où nous étions 28 000 ouvriers (sans doute le site de Brüx-Hydrierwerke - note de Loïc P.D.). L'usine s'étalait sur seize kilomètres carrés. Devant mon peu d'empressement à travailler pour l'ennemi, le contre-maître, qui était gros et gras, me traitait de "gross faoud" autrement dit "grand fainéant". On travaillait à ciel ouvert, quand il pleuvait trop, une sentinelle finissait par crier : "aux baraques !". Alors on nous conduisait aux baraquements. Un camp de trois mille prisonniers.


La faim ne nous lâchait pas : on avait une gamelle de choux pour tenir jusqu' au lendemain soir et quelques grammes de pain de seigle. Après le travail, avant de retrouver les baraques de prisonniers, j'allais chercher dans les poubelles. Parfois je trouvais quelques patates plus ou moins avariées, je les glissais dans ma vareuse. Pour les faire bouillir il fallait voler du charbon ou du bois en déjouant la surveillance du S.S. de faction. Quand on était exempt de service, on était de corvée de pluches. Bonne occasion pour en dissimuler dans les poches. Pour survivre on essayait d’en voler n’importe où mais il aurait été dangereux de toucher aux silos qui étaient très surveillés. Dans cette usine et ces baraques, c’était
"la mort à petit feu". J'ai réussi à en sortir au bout de neuf mois.


La zinguerie

Je travaillais avec un parisien qui était agent d'assurances, six mois à Nevers, six mois à Paris. Quand les tôles partaient, il fallait les dégager. Elles passaient sur des rouleaux, sur une machine par séries. Ensuite sur des chariots qui roulaient sur des wagonnets. Lui poussait les tôles, moi je les attrapais. Elles étaient brûlantes et nous n’avions pas de gants. Pour les mettre sur le chariot, il fallait faire très vite. Le parisien et moi, on avait de la peine à se coordonner.

Un soir après la douche, - j'y allais souvent à l'usine, - à mon retour, le contre-maître me dit : "Ferdinand, viens m'aider car une autre équipe va arriver et il faut mettre une série de tôles dans l'acide chlorydrique. Il y en a pour dix minutes". En fait, le contre-maître n’est pas resté et ce travail m’a pris  une demie heure. Quand le contre-maître a été parti, je prenais les tôles sur les wagonnets et je les mettais directement dans la cuve. A son retour,  il m'a accusé de sabotage. Je lui ai dit : " Tu m'avais dit qu'il y en avait pour cinq minutes et voici une demie heure que je suis là et toi tu es parti." Il s'est radouci. J'ai pu m'en aller, mais arrivé au kommando, les sentinelles s'inquiétaient, au point d'avoir téléphoné à l'usine pour savoir si je m'y trouvais encore.

Par la suite, des déportés Russes sont arrivés. Ils étaient un groupe de vingt-deux. Après nous, ils ont assuré ces rudes travaux de manutention.

Une évasion 

Un camarade qui travaillait avec nous s'est évadé. Aussitôt on nous a accusés d’être complices. Il s'appelait "BONNET", de Saint-Étienne. Il avait combiné son évasion avec un civil allemand qui travaillait à la zinguerie. Il avait fait venir des costumes civils. C'était un jeune actif, blond, les yeux bleus. Il vendait les colis qui lui arrivaient de France (chocolat, tabac) pour acheter des effets . Il s'était procuré un petit chapeau et un transcott. Il voulait m'emmener avec lui. Il a pris un billet de train pour Stuttgart. C’est là qu’il a été repris. Le chef de poste nous en a informés. Il était parti dans la nuit, il avait scié les barreaux du kommando. Un copain les avait recollés et ça ne paraissait pas du tout. Tous les soirs il y avait l'appel, mais le matin pour aller au travail, il n'y avait pas d'appel. A la zinguerie, quand on est arrivé au travail le matin, on nous a dit : " Où est BONNET ?". On a dit qu'on ne savait pas, que l'on ne l'avait pas vu. Mais le soir à l'appel il n'était toujours pas là. L'interprète a montré les barreaux qui avaient été sciés. Le mois suivant, tous les jours nous étions contrôlés. Si on arrivait légèrement en retard à l'usine qui était à cinq minutes du kommando, il fallait en expliquer les raisons.

Violences

Un jour, un Russe qui avait avalé un litre de schnaps m'envoie un coup de poing. Il s'appelait PREKOP. Il a commencé par me demander des cigarettes et moi je n'avais pas de tabac. Les mots nous manquaient pour s’expliquer entre Russes et Français. Il veut me démontrer que les Russes sont plus forts que les Français qui ont perdu la guerre, qu'il fallait bien trois Français pour faire un Russe… Il m'envoie un coup de poing qui me projette en arrière. Je reviens sur lui. On se bagarre à terre. J'étais dessous, l'autre était dessus. Il était costaud. Au bout d'un moment pourtant, j’avais le genou sur lui et il commençait à pâlir. Les autres disaient : " Tu n'as qu'à le finir, on fera un trou et personne n'en saura rien." Je leur dis : "On n'est pas fou, on ne peut pas aller jusque-là." Je lui dis : "Moi, je n'ai pas bu de schnaps, je n'ai bu que de l'eau, tu me dis qu'il faut trois Français pour battre un Russe, regarde, je suis tout seul".  Il me dit : " ia, ia". Par la suite il a continué de m'en vouloir.

Stratagème

La vie était très dure à l’usine. Un type qui faisait partie de ma piaule m’avait dit : "Va à l'infirmerie. Il y a là deux infirmiers qui donnent des soins l'après-midi :  le petit est vache mais le grand est bon gars. » J'y suis allé. L'infirmier a bien vu que je n'avais pas grand-chose, mais il m'a mis un jour et demi exempt de service.

L'exemption de service s'est prolongée. Tous les jours j'allais à la visite médicale mais on ne me donnait pas de soins. Après quinze jours environ, l'infirmier me dit : " Demain, arbeit. " 

Là on travaillait nuit et jour. L'usine ne s'arrêtait jamais. Les gaz de la zinguerie étaient toxiques. J'en avais marre. De temps en temps je me faisais porter malade et j'allais à la visite. Je voulais quitter ce travail. Je suis allé voir l'infirmier, un Belge. Je lui dis carrément que je n'étais pas spécialement malade, mais il me dit : "Il faut avoir un motif pour quitter la zinguerie, il me dit : "Je ferai tout ce que je pourrai pour toi, tu ne diras rien".
Le stratagème a marché. Je suis appelé et le commandant fait venir l'interprète. J'avais pris la précaution de fumer des cigarettes polonaises, les plus dures. Il y en a cent par paquet, j'en avais peut être fumé cinquante. J'arrive en toussant comme un tuberculeux. Je toussais sans arrêt, car cela me piquait à la gorge. Il ne m'a même pas ausculté. Il a pensé que j'avais les bronches prises. Il a dit :
" Changez le de travail, travail léger (leich arbeit)". Déjà à la zinguerie, on avait remarqué que je demandais souvent d'aller à la visite médicale  mais  le sous officier allemand m'avait dit : " Si tu n'es pas reconnu, cela ira mal pour toi."

Au moment de retourner à la baraque, l'interprète de la baraque, un Français m'appelle par mon numéro : "le 38372, tu pars demain matin". Il m'a dit : "Je ne sais pas où tu vas, mais en tous cas tu seras mieux que là. Sois au poste de police demain matin à 7 heures." Je n'ai pas dormi de la nuit et à 6H30 j'étais devant le poste de police. C'est à ce moment là que j'ai rencontré Éloi ABADIE, de Samatan dans le Gers. 
Éloi ABADIE



Il y avait aussi un maréchal-des-logis-chef, de Rennes, mais originaire de Vendée et qui s'appelait "COINDREAU". C'était un engagé. Sous-officier-de carrière, il était maître-sellier, galonné, avec de grosses bagues aux doigts. Il y avait aussi un professeur de Limoges qui avait enseigné à la Roche-sur-Yon et qui s’appelait Henri BESNARD. Il parlait anglais et allemand. A la déclaration de guerre, il était devenu aspirant officier de réserve. Il a été fait prisonnier comme sergent. Tous m’appelaient « Ferdinand ».

Nous avons été conduits à "Komotau". Le maître-sellier travaillait chez un patron en ville. Il s'est pris de querelle avec lui, affirmant que les Allemands étaient "kapout". Il a été embarqué, peut-être pour un camp de concentration. On ne l’a jamais revu.

Après neuf mois de zinguerie, nous sommes déposés chez un architecte. Ce patron, qui était actionnaire d'une usine de guerre, avait dit au professeur de Limoges : "Je ne vous donne pas cher, je vous donne soixante-dix pfennings par jour, mais vous ne les gagnez pas". L'autre lui répondit : "Je ne vous demande rien".
On avait d'abord à déblayer cette usine qui avait brûlé : une ancienne fabrique de portes et de fenêtres dans une entreprise générale du bâtiment. Ce patron avait aussi deux ou trois vaches, une paire de bœufs et trois chevaux. Il avait également, nous a-t-on dit, une usine d'automobiles à Prague. Notre travail, c’était surtout des travaux de manutention entre la gare et l'usine.

Jardinier 

Comme j’étais censé être malade des poumons, le commandement allemand m’envoie travailler chez un fleuriste. Ici j'ai passé un an à cultiver les fleurs. Les serres étaient chauffées l'hiver. Les murs étaient recouverts de carreaux de mosaïque. Le patron diplômé de l'école de Prague, arrivait en cravate et souliers de daim. Au potager il récoltait des radis dès le mois de février. Il m'en donnait pour le kommando où je retournais chaque soir avec les autres prisonniers. Je suis devenu cocher et je faisais du transport notamment vers la gare. J'avais ma pipe. On trouvait plus facilement du tabac que de la nourriture. Heureusement, il y avait les colis envoyés de France par la famille.


Bombardements 

Dans les bombardements, tout le bâtiment du kommando était ébranlé. Les bombes les plus terribles étaient les bombes soufflantes. Elles arrachaient tout. La première fois qu'ils ont bombardé la ville de Komotau, nous étions ensemble : ABADIE, BESNARD et moi. Après les bombes, nous sommes partis déblayer, ramasser les arbres coupés, les volets ou les portes arrachées. Nous étions tous les trois avec nos pelles et nos pioches. Une bombe à retardement a éclaté tout près de nous au moment où nous passions devant une usine. Heureusement, elle était à demi-enterrée dans une terre calcaire. J’étais couvert de terre. Les deux chevaux se sont cabrés. Les civils couraient, affolés.
Nous n’étions pas loin de la ville de Dresde, tristement célèbre, pour les bombardements américains qui ont fait 200.000 victimes en 1945.

72 lits dans une baraque 

Dans ce kommando on dormait à soixante-douze dans la même pièce, sur des lits superposés. Je dormais tout en bas. Dans le kommando, nous étions de toutes sortes de profession : mécanographes, dentistes, électriciens, mécaniciens, imprimeurs. Nous n'étions que deux paysans, Eloi ABADIE et moi. Nous arrivions d'un peu partout, Marseille, Toulouse, Paris. Deux autres vendéens, un sergent originaire de Saint-André-d'Ornay et un huissier de justice, venant de Beauvoir-sur-Mer.

Radio clandestine

On apprenait les nouvelles car nous avions un poste de radio dans le kommando. Certains patrons n'étaient pas favorables à la politique du pouvoir nazi et ils le faisaient savoir. Quant à nous, nous  écoutions les postes clandestins. On disait aux sentinelles que c'était Radio-Vichy. On s’était remis à espérer. Quand un gardien arrivait et qu'on écoutait Radio-Londres, on fermait tout de suite mais après on revenait dessus tout naturellement. A d'autres moments, des sentinelles nous disaient : "Si chacun de vous nous donne une cigarette, ce soir vous pourrez écouter Radio-Londres ou Radio-Moscou".


Quand les Américains ont débarqué en Normandie le 6 juin 1944, la population allemande ne l'a pas su tout de suite. Nous l'avons appris et ce fut la fête. On a tapé sur les casseroles. L'officier, devant ce barouf est venu trouver la sentinelle pour savoir ce qui se passait. Elle a répondu : " Ah, vous savez depuis cinq ans qu'ils sont là, ils sont un peu fous, un peu malades."Ia, ia" répond l'officier. Il ferme la porte puis il s'en va. Le lendemain matin la sentinelle dit à notre interprète : "Komm, Komm, viens, viens, les Américains ont débarqué." On ne lui a pas dit qu'on le savait depuis la veille. On a fait les étonnés. On savait tout ce qui se passait.

Marche vers la liberté 

Plus tard, quand les Russes sont arrivés à Prague, la dernière semaine a été abominable. Nous étions encerclés. La première usine où j'avais travaillé a été bombardée dix-sept fois. Il y avait quatre ou cinq usines de guerre et une gare de triage importante à Komotau. Les Russes arrivaient à Prague, les Américains à Karlsbad et les Anglais à Dresde. Les Français étaient à Stuttgart. Nous étions situés près du dernier noyau de résistance de l'Allemagne nazie. Quand le commandant allemand a capitulé, on nous a fait dire qu'on était libres. C'était le 7 ou le 8 Mai 1945. "Allez où vous voulez, les Américains sont à Karlsbad. Les Russes sont à Prague, ils vont arriver ici."
Nous redoutions d'être libérés par les Russes. Ils avaient la réputation de tirer sur tout ce qui bouge sans regarder si c'est Français ou Allemand, ami ou ennemi. Qui allait arriver les premiers? Le maire de Komotau avait dit : Si c'est les Russes, je me défendrai jusqu’au bout. Si c'est les Américains, je hisse le drapeau blanc.
Les S.S.pris dans la poche de résistance ont été grillés au lance-flammes par les soldats russes.
Pour rejoindre les Américains, nous avons marché pendant soixante-douze kilomètres dans les montagnes des Sudètes. Nous étions un groupe de quatre-vingt ou cent ensemble. Nous avions entendu les Américains nous dire, sur les radios clandestines : "Restez en groupes homogènes pour éviter d'être attaqués individuellement".
Il devint vite très difficile de circuler. On voyait arriver beaucoup d'Allemands, des civils de tous les côtés, qui fuyaient les Russes. Les « Military Police » circulaient avec des haut-parleurs sur la route en disant : "Dégagez, dégagez. Les Anglais d'abord et puis les Français."

A tombeau ouvert derrière une chenillette 

Au contrôle de police, il suffisait de montrer sa plaque métallique avec son numéro matricule. On nous a demandé de nous rendre à Heideger mais il fallait y aller par ses propres moyens, soit quatre-vingt kilomètres à pieds.
Nous étions quatre ensemble dont Henri BAUDU, l'ami vendéen de Saint-Pierre-du-Chemin, un cuisinier du Hâvre, ancien de la marine marchande, et un quatrième prisonnier du Jura, du nom de GENTÉ qui nous dit : "Si on trouvait une voiture…, moi, chez moi j'en conduisais une ». Et voilà que se trouve là une belle voiture décapotable, mais sans essence !... Il demande un jerrican d'essence aux soldats américains qui refusent. Voilà que passe une chenillette à bord de laquelle se trouve un Français. Au moyen d'un câble on attache la voiture derrière. La chenillette tombait constamment en panne, mais comme il y avait deux ou trois mécaniciens dans la bande elle repartait toujours. Une bonne fois, elle s'arrête complètement. Surgit un camion américain conduit par un noir. Il s'arrête, on attelle la chenillette derrière le camion et la voiture décapotable, derrière la chenillette. On roule à tombeau ouvert dans les lacets de la montagne. GENTÉ, le conducteur de la voiture décapotable attelé en troisième position nous dit : "Eh les gars! jusque là on a eu la vie sauve, mais maintenant je ferme ma gueule". Tout à coup, on entend un grand choc. La chenillette s'immobilise et commence à prendre feu. Le chauffeur noir arrête son camion, défait le câble et s'en va. Un officier de la Military Police survient. Il parle très bien le français, il nous dit : "Qu'est-ce que vous faites avec cette caisse ? Balancez-moi ça, c'est un danger public ! Et attendez ici ! Cela demandera une heure ou plus, mais on vous ramassera tous. Je ne veux pas voir tout ce monde au long de la route."


Des camions sont arrivés au bout de quelques heures ? On nous a fait monter à trente ou quarante par camion. Aux affamés que nous étions, on a remis des rations américaines avec jambon, pâtes, oeufs, cigarettes. Nous sommes restés huit à quinze jours dans un camp. Nous étions à Bamberck. Puis on a pris le train qui nous déposait de camp en camp. On dormait sur la paille : deux jours ici, deux jours plus loin. On attendait que les trains soient prêts et que le ravitaillement arrive.




A l'extrème droite : Henri BAUDU et près de lui 
l'auteur de ce récit, Fernand BABARIT

Retour au pays  après  5 ans

Il a bien fallu cinq à six jours pour arriver en France. Le train s'arrêtait souvent pour laisser passer les convois qui montaient sur le front. On a rejoint Metz où j'ai pu envoyer un télégramme à la famille qui était sans nouvelle depuis des semaines. Le télégramme est daté du 20 mai. A la poste de la Flocellière il arrive le 22 et ne sera porté à la famille que le lendemain en raison du dimanche.
Pendant ces années de captivité tout le courrier était censuré. On ne pouvait pas mettre un mot de critique sur 1'Allemagne nazie. On nous remettait des imprimés comme papier à lettres. Dans le courrier qui nous arrivait, comme dans celui qui partait, certaines lignes étaient barrées de noir pour les rendre illisibles. Dans les dernières semaines aucun courrier ne passait.


Le train nous a conduits  à Nantes en évitant Paris. Et puis à La Roche-sur-Yon où un centre d'accueil est ouvert pour les prisonniers. De là, le train jusqu'à Pouzauges, avec Henri BAUDU qui est descendu une station ou deux avant. C’était le 24 mai 1945.

Personne à la gare ! Dans la rue je trouve quelqu'un qui me dit : "Mais tu es un ancien prisonnier ? " Sur ma réponse il me prend dans sa voiture et se fait accompagner par le maire de ma commune. Les deux hommes me laissent à distance de la maison pour que je fasse seul mon entrée. Ils ne veulent pas s'imposer au moment où  je vais m'avancer vers les miens. L'émotion alors est forte. Je retrouve mon épouse, mes deux enfants. Après cinq ans d’absence, les  mots viennent difficilement, mais peu à peu la vie normale reprendra et un vrai bonheur  familial nous réunira. »

Notes recueillis par Claude BABARIT, sur un récit oral de son père.

Remerciements à M. BABARIT pour ce témoignage et les photos de son papa
Photo Éloi ABADIE (archives É.J. PASCAUD)
Texte remis en page le 07/01/2014
Les photos et documents publiés sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR