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07 mai 2018

La Libération du IV C


La libération du IV C



Achtung, achtung, eine luftlage meldung starke kampfverbäude uber West-Deutschland in anflug nach Böhmen (Attention, attention, communiqué de la Luftwaffe, d'importantes formations de combat contre l'Allemagne de l'Ouest en vol vers la Bohême)


Pendant des jours, des semaines, cette litanie est entendue chaque matin des hauts-parleurs de l'Hydrierwerk (Kommando 459). Mais, lorsque le hurlement strident des sirènes se fait entendre, c'est le ruch vers les bunkers, le sprint vers les mines de Tschausch... jusqu'au signal bienheureux de fin d'alerte ou de bombardement.

Quand PASCAUD, homme de confiance principal du IV C, apprend que troupes russes et soldats américains ont fait jonction près de Torgau, fin avril 1945, il demande à l'Oberst Lorenz l'évacuation du Stalag et de remettre l'ensemble des hommes, par anticipation, aux mains des autorités américaines. Il considère en effet, à cette date, que la Wehrmacht est dans l'impossibilité matérielle d'assurer la subsistance et la sécurité dans des conditions suffisantes (d'autant qu'entre 20 et 30.000 P.G. provenant d'autres Stalags se trouvent sur le "territoire" du IV C). Il essuie un refus !

Le 7 mai, les Américains sont signalés à Komotau et, en soirée, les premiers obus tombent sur Wistritz, Teplice et leur région. La capitulation est proche ! Les Allemands envisagent, enfin, l'évacuation du camp principal pour le lendemain matin, 8 mai ...
Il est trop tard, les Soviétiques sont aux portes du camp ! Les routes sont encombrées, le danger partout, puisque les troupes allemandes, en déroute, se font mitrailler sans arrêt par l'aviation alliée.
Cet ordre d'évacuation, et la libération soudaine des Kommando, va mettre sur les routes des milliers de prisonniers de toutes nationalités et les exposer aux tirs que se livrent à terre chars russes et allemands sans compter les mitraillages de l'aviation. 
Alors que la guerre est terminée en France depuis plusieurs mois, elle n'a jamais été aussi proche des prisonniers du IV C depuis le printemps 40.

Dans les Kommando, chacun s'affaire à récupérer son maigre bien et se prépare à passer sa dernière nuit de captif. C'est le cas de mon père, Joseph PINÇON, de l'A.K. d'Hansastraße à Teplitz, qui se lève dès trois heures du matin dans le but de rejoindre, avec ses copains, les lignes américaines les plus proches.

Avant de déserter le IV C, Lorenz et ses hommes, ont brûlé leurs archives dans la nuit.

Le 8 mai, Robert BRÉGEON est réveillé par un brouhaha monstre au camp d'Oberleutensdorf. Un "lève-tôt", revenu à la baraque, a lancé à la cantonade "Les Chleuhs sont barrés". En moins d'une demi-heure, les prisonniers sont sur la route, chargés de leur barda, parlant fort, serrant les mains de Tchèques venus vers eux. Ivres de joie, tous "volent" désormais en pleine liberté... 

À quelques kilomètres de là, Charlemagne MIDAVAINE prend le temps de faire un gâteau. Il tient ainsi la promesse faite à trois copains pour "le jour de la délivrance". Et, c'est avec ses trois camarades d'infortune, et le fameux gâteau, qu'il quitte son Kommando sous les tirs d'artillerie qui se multiplient autour de la vallée.

En arrivant en ville, les nouveaux Hommes Libres voient déjà des Tchèques occupés à changer les poteaux indicateurs : Brüx est redevenue Most ...

Des colonnes de "libérés" s'étendent sur les routes et se dirigent vers l'Ouest. Dans le sens contraire, c'est l'exode du peuple Sudète et de soldats allemands... ayant quitté l'uniforme.
"Des fusils et des cartouchières gisaient dans les fossés et de petits insignes à croix gammée se ramassaient à la pelle" écrira Robert Brégeon.

À 12h30, l'aviation russe bombarde Most et, moins d'une demi-heure plus tard, une bataille entre chars russes et tanks allemands se déroule sous les yeux de mon père. Dans son carnet, il notera plus tard, la mort de plusieurs camarades, partis comme lui vers la Liberté et fauchés sur la route du retour...

Marcel LAVERGE était au Kommando de Dux IV, cinéma Kino Swan, le 8 mai. La veille, il a refusé l'ordre d'évacuation avec ses vingt autres camarades de Lindau. Il accueille donc des troupes russes entre 12 et 13h. Mais, auparavant, il a juste eu le temps de recueillir et de désarmer un "Malgré-Nous", soldat alsacien de la Wehrmacht en déroute, et de l'habiller en prisonnier français ; il le sauve d'une mort presque certaine.

Dans une lettre, écrite deux ans après son retour, Émilien H. du Kommando de Sporitz (district de Komotau) se confie. Il écrit : " Avant de partir, trois Chleuhs sont passés par les armes par les gars du maquis, les Tchécos. J'ai été les chercher chez eux et j'espère avoir fait du bon travail avant de quitter la Bochie".

Après des dizaines de kilomètres de marche en direction de l'Ouest, Jean OBLIN remarque un ancien prisonnier, épuisé, au bord de la route. Pâle, il regarde avec tristesse passer ses compagnons et dit en balbutiant "J'ai Faim". Oblin lui tend une poignée de biscuits et voit alors revivre ses yeux. D'une voix fatiguée, l'inconnu dit tout simplement "Tu me donnes là un royaume".

Sources : carnet de Charlemagne Midavaine, lettres de la succession Pascaud, exemplaires du Lien - "Les Échos du IV C",  documentation personnelle   

01 juin 2017

Scènes de la vie en Bohème

L'article qui suit a été écrit par un P.G. du Kommando 459 de Brüx-Hydrierwerk et adressé à l'Amicale du IV C après la guerre pour être publié dans "Le Livre du IV C", qui n'a jamais vu le jour.

Malheureusement, je n'ai pas découvert les feuillets 1 à 6 !

Voici donc, de la fin de l'année 40 à l'été 1941... (feuillets 7 à 21).

Scènes de la vie en Bohème

(...) Il y avait aussi la garde aux pommes de terre, aux lavabos, aux w.c.

On ne sait si c'est l'effet de la tisane qu'on nous sert vers 05h1/2 - 06h, quand nous rentrons du chantier, mais de nombreux camarades sont obligés de sortir nuitamment et de faire un tour dans la cour. Leurs intentions sont sans doute mal interprétées puisqu'on fait garder les silos à patates...

Ceux qui ont faim fouillent d'ailleurs dans les peluches et en retirent des morceaux de pommes de terre qu'ils lavent, cuisent ensuite dans le poêle de la "carrée". Et la nuit, quand ils sont pris de coliques, ils n'ajustent pas toujours dans la lunette "les ruines des merveilles de la cuisine". C'est pour cela qu'il faut une garde aux w.c.

Aux lavabos, c'est sans doute parce qu'il fallait à certains le concours d'un robinet ouvert pour pouvoir pisser !


Nous avons pu écrire trois cartes et une lettre depuis notre arrivée ici - sept lignes sur une carte, c'est peu et c'est tout un problème de dire en si peu d'espace ce qu'on devient, ce que l'on fait et ce que l'on désire comme colis ; c'est cela surtout l'important et il faut voir l'application de tous, au moment de la rédaction de ces messages. C'est incroyable ce que la condition morale de l'homme s'abaisse depuis quelques mois. Ce n'est d'ailleurs pas spécial à la vie de prisonnier, cela était déjà remarqué dans la vie de caserne. Que de discussions pour un quart de boule ou un bout de saucisson un peu plus petit que les autres ! Quelle précipitation chez certains sur le jus de la tisane ! Que de bousculades à la cantine, au théâtre !

Dimanche 22 décembre 1940 - Le froid s'est adouci légèrement mais nous ne travaillons quand même pas, comme depuis trois ou quatre jours, suivant les entreprises. Nous avons cependant deux heures de rassemblement de 7h1/2 à 9h1/2 dehors. Ce que nous avons pu avoir froid aux pieds !



Messe à 10h, moins triste impression qu'à la première. Les premiers colis sont arrivés dans la baraque - 14 pour 180 - un seul dans notre chambre. En aurons-nous d'autres pour noël ?

Théâtre l'après-midi. Le programme n'a rien de sensationnel mais cela passe trois heures, mais quelle tabagie et quel chahut. Les tousseurs semblent se donner le mot et leur toux couvre la voix des acteurs. On n'entend rien ! On ne voit pas grand chose car devant nous, beaucoup mettent leur capote sous leurs fesses. Il n'y a que l'orchestre symphonique qui mérite le déplacement.



23 décembre - Temps froid. Pas de travail mais cependant rassemblement de 1h1/4 le matin. Touchés 500 grammes de sucre contre 41 Pfenning et 48 biscuits "pain de guerre" fabriqués par la maison Brun pour l'armée française.


24 décembre - Même temps ! Pas de travail, 1h1/4 de rassemblement dans la cour, touché un pain blanc de deux livres (nous ignorons le poids exact) pour deux jours. La première  tartine est tellement bonne qu'on croirait manger de la brioche. Soirée théâtre gratuite : que le spectacle est pauvre ! Le premier sketch de DURANTON relatif à la vie des prisonniers cette dernière semaine a du succès, ainsi que quelques chansons dont une de circonstances sur l'air des pantins (Noël si loin de papa qui est la-bas - pas de joujoux !). ARNOULT de l'Opéra chante La Truite et La Sérénade de Schubert puis Manon (une maison).


Louis ARNOULT en couverture
de "La Semaine radiophonique"
n° 9 du 27/02/1938 © col. privée 
La pièce Cœur de mère nous endort. Avec les tousseurs sans nombre, on n'entend rien en dehors des cris de ceux qui gueulent "A la porte, aux chiottes les tousseurs, à l'infirmerie, allez crever dans vos chambres". On patiente quand même car il va y avoir la messe de minuit - un prêtre soldat nous a invités à changer l'atmosphère de cette salle pour se croire à l'église, à changer ce milieu. Cela s'accomplit en un quart d'heure et la messe commence. Le Minuit chrétiens est chanté par le camarade ARNOULT de l'Opéra comique, c'est très beau et le silence qui suit est impressionnant car nous sommes habitués à entendre applaudir tant d'idioties ! Une chorale, dont c'est la première audition, chante divers hymnes et cantiques en latin ou français - kyrie, sanctus, Agnus Deï - de la messe et chants spéciaux à la fête de noël - Adeste fideles majestueux - Gloria in excelsis Deo si nuancé - ARNOULT a chanté le Panis Angelicus. Les communiants se pressent nombreux, tant, que le prêtre n'a pas assez d'hosties et qu'il doit inviter la moitié des camarades à se présenter aux matinales du jour de Noël.


Nous rentrons à notre chambre à près de deux heures du matin. Pour marquer ce jour, nous avons décidé de faire réveillon. Oh, il n'est pas compliqué, nous mettons en commun pâté de foie truffé et sardines, apportés de Rennes et nous mangeons du pain blanc, des biscuits et des confitures de notre casse-croûte - nous avons pu acheter de la bière, et nous pouvons arroser notre "réveillon" d'une bouteille chacun, une cigarette et nous nous mettons au lit vers 3 heures.


25 décembre - Le réveil est à 7 heures - nous nous offrons un petit déjeuner de biscuits de guerre, réchauffés sur le poêle, recouverts de margarine et de confitures ou de chocolat râpé. Pour un prisonnier c'est très bon. Beaucoup font la grasse matinée. Fait la carte correspondance. Après la messe de dix heures, où le prêtre soldat a prononcé une allocution qui nous a remué le cœur, nous procédons au nettoyage général de la chambre car il y aura inspection demain et cela fera du bien à la "piaule" mais l'eau est bien froide et il ne fait pas bon nettoyer l'extérieur des fenêtres. L'eau gèle quelques minutes après. Après la soupe (choucroute) retour à la baraque et parties de belote jusqu'au soir. Tous ont dû songer aux noëls des années précédentes, aux enfants qui n'ont pas leur papa près d'eux, à tous ceux qui avaient des joujoux et qui n'en ont pas aujourd'hui, à tous les foyers où il manque un être cher, tué, disparu ou prisonnier. Qu'il ferait bon aujourd'hui près des êtres chers, les enfants sur les genoux !



31 décembre - Depuis noël la température a remonté et nous avons eu le dégel, la pluie, la neige. Tous les matins rassemblement et balade aux chantiers. Ceux-ci sont d'ailleurs silencieux et vides. Toute l'Allemagne semble arrêtée. Quelques équipes de prisonniers travaillent cependant chaque jour pour décharger les wagons de matériel qui arrivent. C'est ainsi que notre entreprise a travaillé le dimanche 29 à décharger des wagons de charbon. Il faisait un vent ! La poussière de charbon nous vole au visage et couvre les capotes. Aujourd'hui la neige est revenue.

Un certain nombre de colis est arrivé et il y en a 24 dans notre baraque pour 176. Notre chambre n'est guère favorisée : un seul colis pour 30. Notre tour viendra ! Depuis plusieurs jours les haut- parleurs diffusent de la musique plusieurs fois par jour. Aujourd'hui nous avons mangé notre gamelle en écoutant Le beau Danube bleu. Le sort des prisonniers a été effectivement "amélioré"... comme Scapini l'a promis.

Et l'année 1940 va se terminer ; nous n'aurons pas à la regretter !

1er janvier 1941 - Jour de l'an au camp. Au réveil, nous nous souhaitons la bonne année, pour ne pas échapper à la tradition. Echange d'impressions. On se souhaite évidemment la libération. Journée passée à la baraque. Le froid est devenu plus vif et la neige tombe encore, pas beaucoup à chaque fois. Pas d'amélioration de l'ordinaire si ce n'est un peu de mouton dans la gamelle habituelle. Ce mouton a du faire la course ou du saut de haies !

2 janvier - Nous reprenons le travail aujourd'hui, ou plutôt nous devions le prendre car le temps est devenu plus froid : - 11° à l'abri ! Le vent est glacial. Nous faisons quand même le déplacement aux chantiers déserts. Tout est couvert de neige. Nous revenons au camp et nous constatons - notre équipe rentrant une des dernières - que les wagonnets de briquettes près desquels s'arrêtaient les colonnes, on perdu une partie de leur chargement. Quelques jours comme cela et la locomotive n'aura plus à pousser ... que des wagons vides !

Dans la nuit du 2 au 3 nous entendons souffler la bise. On s'enveloppe un peu plus dans les couvertures. Au réveil, les carreaux sont tout blanc à l'intérieur, couverts de givre. Il ne fait pas bon mettre le nez dehors. Nous avons rassemblement quand même de 7h1/2 à 9 h. Une fine neige tombe. Elle gèle sur la tête. Et le soir, quand la nuit arrive, notre camp a tout à fait l'aspect sibérien à en juger par les films. Nos baraques recouvertes de neige et enfouies dedans semblent de petites cabanes dans l'immensité blanche. Il faut faire quand même la guerre pour la soupe. Pour les colis, la direction a décidé de les remettre dans le grand réfectoire. Heureusement, car il faudrait attendre deux heures ! Ceux des peluches, qui ont fait la queue pour le "rab" de soupe, ont reçu des os de mouton magnifiquement propres ! Ils brûlent assez bien dans le poêle.

5 janvier - Dimanche - Travaillé aujourd'hui pour la "Minérale", pioché dans le galet pour refaire une canalisation d'eau. Nous avons eu bien froid aux pieds.


9 janvier - Toutes les équipes repartent au complet, le temps étant adouci : - 1°. Les colonnes cheminent à nouveau au milieu de l'étendue blanche. Depuis trois semaines, nous l'avons regardée la neige à travers les carreaux ; nous avons vu courir les lièvres aux abords du camp. Un chevreuil ou un daim est venu à peu de distance de nos barbelés. Les voituriers ont monté leurs tombereaux sur skis. Quelques traîneaux attelés font leur apparition sur les chantiers. Pour permettre la reprise du terrassement, l'entreprise Kost brûle plusieurs tonnes de charbon sur le sol pour dégeler la terre. Des braseros sont allumés pour réchauffer la fouille où le béton sera coulé. Des tuyaux de vapeur sont installés pour dégeler et sécher le sable.

11 janvier - Le soir la radio allemande, poste de Stuttgart, a été diffusée dans le camp. Nous apprenons que le gouvernement français "joue sur deux tableaux"... Voilà qui coupe les ailes aux canards de libération. Ça sent mauvais !




12 janvier - Soirée théâtrale assez réussie. L'orchestre symphonique nous donne de nouveaux morceaux très applaudis. J'ai fait du "jus" avec le grain reçu dans un colis, cela change du breuvage journalier.



La semaine du 13 au 18 se passe sur les chantiers. Le temps est toujours froid (-8° environ) et à la fin de la semaine, un vent d'Ouest glacial souffle sur le chantier. Il ne fait pas bon dans la plaine, à découvert. On sent la peau du visage qui se rétrécit. Les bobards les plus sensationnels continuent de circuler. On ne parle plus cependant de libération... Mais comme événements extérieurs, quel luxe de détails ! Il nous est bien difficile de faire le point au milieu de toutes ces "informations".


19 janvier - Pas de travail. Rassemblement au lieu habituel, puis refoulement dans les baraques. Défense de sortir. Visite de soldats allemands. Appel puis visite des porte-monnaie et valises.
Le casse croûte comporte du bœuf en conserve au lieu du saucisson : les boîtes qui le contiennent font envie à quelques uns. Pour mettre tout le monde d'accord il faut procéder au tirage au sort.

23 janvier - Sept camarades qui pensaient ne pas aller au travail en se planquant sous les lits ont été "raoustés" par l'interprète et l'adjudant allemand. Ils ont été conduits au chantier et privés de casse croûte pour le lendemain.

Depuis trois jours le dégel a commencé. Alors qu'il y avait encore
-4° le 20, nous avons +5° aujourd'hui. Nous faisons tous les transports sur traîneaux mais nous pataugeons à nouveau dans l'eau. Si le dégel continue, le terrassement va reprendre et nous allons connaitre les mêmes ennuis qu'en novembre.


26 janvierLa gelée reprend  fortement. La cour se transforme en patinoire. Ce dimanche, l'orchestre nous donne une sélection du "Comte de Luxembourg" et de la "Veuve joyeuse" (ancienne et nouvelle version).


28 janvier - Le thermomètre est descendu à -18°. Arrêt des chantiers.

Hiver 1940-1941 à Morchenstern (Smržovka)
© collection privée

Le mois de janvier se termine par un temps froid (-13° le 31). Il ne fait pas bon au nivellement sur le remblai près des deux ponts. Le tabac est devenu rare et les cours ont monté. Le paquet de tabac allemand de 60 Pfenning se vend couramment 3 Reichsmark et jusqu'à 3,5 RM ou s'échange contre 1/4 de boule (de pain). Le paquet de Gauloises vaut 4 RM. La portion de margarine de 62,5 grammes vaut de 60 à 70 Pfenning. La carte de correspondance avec réponse s'achète 1,50 RM. La lettre qui nous est vendue normalement 5 Pfenning est à 3 Reichsmark ou 1/4 de boule.



Au chantier, une boîte de sardine (moyenne) est égale à 1 kilo de pain. Un savon de toilette, Cadum ou Palmolive, même valeur. 250 grammes de chocolat (noir) ou 200 grammes au lait = 2 kilos de pain (valeur civile 58 Pfenning). Un quart de boule vaut 1 RM au camp.


1er février - Le temps s'adoucit, la neige retombe et les jours suivants il y a des alternatives de gel et de dégel.

11 février - La ration de pain est abaissée à 375 grammes un jour sur deux au lieu de 500 grammes. Cela provoque de nombreux commentaires.

14 février - Ça continue ! La ration de margarine est abaissée de 62,5 grammes à 50 gr.


Le matin au rassemblement, pas d'empressement. Alors que les sentinelles arrivaient comme chaque jour à 7 heures 30, aucune colonne n'était formée. Nous étions à peine 50 devant le poste. Le lieutenant puis le commandant sont arrivés successivement et se sont mis en colère.

Résultat : réveil le lendemain à 5h1/2 au lieu de 6h. Rassemblement terminé pour 7 heures puis quelques jours après 5h1/4 et 6h45, en colonne devant chaque baraque, contrôle, comptage puis conduite par une sentinelle sur le lieu de rassemblement des colonnes. Le soir, touché les 50 cigarettes restant dues sur notre compte de 150. Nous touchons des cigarettes Albert qui sont fort bonnes, mais quelle tabagie dans la chambre au moment de l'extinction des feux.



17 février - La distribution des colis qui avait lieu dans les réfectoires depuis quelques temps reprend dehors, comme précédemment. Ce n'est guère intéressant car l'hiver n'est pas terminé mais l'espoir du bon colis donne du courage et on accepte plus volontiers une attente de deux heures aux colis qu'au rassemblement matinal.

20 février - Touché 120 cigarettes Élégantes et la paie du mois de décembre (12 RM en moyenne pour nous). Nouvelle vente de tabac, pipe et d'articles divers à la cantine.

25 février - Tout le monde doit passer la visite médicale ce soir mais deux baraques seulement ont passé. On apprend le lendemain que 60 K.G. ont été triés à cette visite et sont partis le même jour pour Wistritz, centre du Stalag IV C ; on envisage toutes les possibilités : départ en France, travail dans d'autres camps ou dans des usines ? Cette visite doit se poursuivre le lendemain 27.



Quelques camarades, pères de quatre enfants, ont été réglés de toute leur paie de janvier et février et on rendu leurs couvertures. Ils doivent être libérés, partir pour la France, se faire démobiliser à Châlons-sur-Marne. Un employé du métro est parti également.


28 février - En plus du casse-croûte habituel, nous avons touché ce soir une petite boîte de pâté, une trentaine de dattes, une trentaine de biscuits. Quelle aubaine ! Mais la ration de pain est toujours de 875  grammes pour deux jours.

Naturellement, ce mois de février a été comme les précédents, très riche en bobards. Les actes de l'Amérique retiennent l'attention de tous, ainsi que l'action des Anglais dans les colonies italiennes.

2 mars - Tout le camp doit passer à la désinfection. Pas de rassemblement matinal comme les autres dimanches, mais quel remue ménage dans la chambre entre 7h1/2 et 10h. Il faut déménager paillasses, couvertures, linge de corps, emmener le tout dans une chambre spéciale, aller aux lavabos se dévêtir, remettre ses effets en un ballot pour la désinfection et attendre patiemment pendant plusieurs heures leur retour, dans le plus simple appareil. Il parait qu'il y fait très chaud et plusieurs n'ont pu résister.


Les dernières séries ont passé de 8 heures à 11 heures du soir. A cette heure, des camarades attendent dehors dans la tenue d'Adam qu'on leur passe leurs ballots d'effets par la fenêtre de la baraque. Notre baraque était  pour la dernière série mais, avec le retard des précédentes, nous ne sommes pas passés. Le lendemain de nombreux camarades ont des "totos" alors qu'ils n'en avaient pas précédemment. D'autres n'ont pas retrouvé leurs affaires, certains ont chipé un rhume. Piètre résultat pour un pareil remue ménage.



Dans le courant de février, un grand nombre de camarades travaillant sur les chantiers ont touché des bottes caoutchouc de l'armée française, que l'on met par dessus les souliers. Mais, ô ironie du règlement militaire, il faut aller au chantier ou bien revenir, en souliers, en portant les bottes sur le dos, et ne chausser celles-ci qu'au lieu de travail. Et, avec le dégel, il y a tellement de boue liquide dans le camp et sur la route, que les souliers sont toujours mouillés.

Les bottes serviront peu après à ramener du charbon du chantier au camp. Enfin, le 5 mars, la radio du camp annonce que le port des bottes est autorisé dans le camp, dès le matin et pour tous les déplacements.

8 mars - Passé au bureau allemand au sujet du versement fait au Stalag IV A. Un camarade et moi avons fait une demande pour que l'argent soit envoyé à nos familles. Réponse : "Le délai est expiré depuis le 28 février" et puis, avec ce que nous gagnons nous pouvons maintenant envoyer de l'argent à nos familles. Ironie !

Un nouveau contingent de militaires a été appelé par les autorités allemandes. Résultat : renforcement des sentinelles accompagnant les colonnes. La notre en avait deux, nous en avons eu jusqu'à neuf. Elles surveillent les chantiers et certaines font du service en poussant le rendement des prisonniers. Quelques contremaîtres n'acceptent pas cette méthode.

À la suite de plusieurs évasions, les officiers allemands ont inspecté minutieusement les clôtures, les barbelés du  camp sont considérablement renforcés, or les évadés sont partis du chantier et en partirons pendant de nombreux mois jusqu'à la découverte de l'organisation après un mouchardage.


9 mars - Pas de travail, appel dans les chambres, déménagement partiel de notre "carrée" pour loger des sous-officiers. Plusieurs bons camarades de Rennes se trouvent séparés de nous.


10 mars - Le soleil commence à chauffer l'après-midi et il fait meilleur sur les chantiers. Entendu le premier chant de l'alouette qui annonce le printemps.


Les prisonniers sont payés avec cette monnaie
qui n'a cours qu'à l'intérieur du camp
© collection personnelle
13 mars - Reçu notre troisième paie (travail de janvier). Les jours suivants la cantine met de nouveaux objets en vente et quelques articles d'alimentation. Morue, gâteaux, macédoine de légumes et poisson, pochettes d'amandes et raisins secs. De nombreuses valises sont encore achetées. Les Reichsmark vont se fondre rapidement. Un assez grand nombre de camarades reçoivent des mandats mais, à 5 RM pour 100 francs ce n'est pas intéressant. Les familles feraient mieux d'employer l'argent en France.


15 mars - Touché 45 biscuits de guerre et le 16 un supplément de confitures envoyé par la Croix-Rouge. Le 17 touché un supplément de 11 cigarettes et 1/4 de paquet de tabac Chébli. Mais le pain est définitivement abaissé à 375 grammes par jour. La part de saucisson est réduite à 20 grammes. Bientôt il ne restera plus rien ! Et le nombre des heures de travail augmente de semaine en semaine.



Nous avons eu le soir une deuxième conférence fort intéressante : Un voyage dans le Proche-Orient. Nous avons pu, pendant près de deux heures nous "évader" de notre pauvre vie. Cette conférence devait avoir lieu beaucoup plus tôt mais avec la censure ...

22 mars - Un certain nombre de "travaux légers" partent au Stalag. Plusieurs ont des chances de partir en France (les plus malades d'ailleurs).

23 mars - Pas de travail ce dimanche, rassemblement général le soir. On nous fait connaitre les sanctions prévues en cas d'évasion et  même si on s'approche trop près des barbelés. Le garde-à-vous n'est pas impeccable et l'annonce de sanctions provoque quelques murmures. Aussitôt, le commandant du camp fait annoncer que nous aurons seulement la demi ration de nourriture demain lundi. Nouveaux murmures. Nouvelle demi ration annoncée aussitôt pour jeudi prochain. Silence cette fois !

24 mars - Comme nous rentrons du travail, nous voyons le long du poste un K.G. debout, mains liées. Près de lui une grande pancarte "Parti le samedi, déjà saisi le dimanche !". C'est le même soir que nous avons la demie gamelle et le demi casse-croûte pour le lendemain.

25 mars - En allant à la soupe, nous voyons dans le réfectoire un K.G. debout le long de la cloison. Au dessus de lui une pancarte : "J'ai été surpris dans le local des colis". Ce voleur reçoit quelques gifles et injures. Un autre est dans le grand réfectoire et on annonce qu'il y a des complices.

27 mars - 1/2 ration le soir. Ensuite, conférence Musique classique présentée par ARNOULT ; cette soirée est très appréciée. Les officiers et quelques sous-officiers allemands y assistent, accompagnés de plusieurs civils. L'un deux, journaliste sans doute, prend trois photos au magnésium. Propagande ! Photo de la scène, avec ARNOULT, photo des officiers au milieu de la salle, entre les K.G., photo de l'ensemble. L'orchestre a exécuté plusieurs morceaux de Mozart, Schubert, Weber et ARNOULT a chanté plusieurs mélodies des mêmes auteurs.

Une modeste bibliothèque a été installée récemment. Peu de volumes. Un officier qui l'a visitée a dit au camarade qui la tient "À Saint-Lô, il y avait dix mille volumes à la disposition des prisonniers". Exposition d'œuvres de l'artiste décorateur MIRADOR. Plusieurs croquis humoristiques bien réussis : "distribution de la soupe, le casse-croûte au dehors, le petit "S", le chemin de ronde, assainissement, latrines du IV C, l'attente sous le haut-parleur, les pieds dans la neige" avec en légende "On gèle ici, mais on a d'la musique", etc. puis un croquis poignant "Joyeux Noël" et un dessins très bien traité "Le retour".

30 mars - Nous avons tous travaillé aujourd'hui, soi-disant pour avoir le lundi de Pâques. Au retour, un attroupement est devant notre réfectoire. Nous nous approchons et voyons trois K.G. le long de la paroi avec des pancartes : "Chef de bande", "Complice des voleurs de colis". Deux sentinelles les gardent pour les protéger des coups qu'ils pourraient recevoir. Mais tous ceux qui viennent les engueulent de belle façon et les trois compères font triste mine. Grande animation dans la chambre, au retour. Il y a eu en effet distribution de 45 cigarettes, 10 grammes de tabac, 25 biscuits, 12 dattes et 100 grammes de pain en plus de la ration journalière. Et puis bobards sérieux de libération largement commentés. Les K.G. de la zone occupée seraient libérés en avril. Ce serait trop beau. La radio allemande a annoncé que la collaboration était chose faite.

31 mars - Nouveaux bobards de libération. Radio Lyon aurait annoncé que 43 000 prisonniers seraient libérés très prochainement (7 000 cultivateurs, 2 000 métallurgistes et ceux dont les dossiers déjà établis ont reçu une suite favorable).

Nous avons eu de la neige ce matin mais nous avons eu des journées meilleures en mars et les sentinelles qui nous surveillent maintenant sur les chantiers - quelquefois avec beaucoup de zèle - ont fait enlever les capotes. Évidemment, il y avait des moments où c'était justifié mais quelquefois il gelait très fort le matin jusqu'à dix heures. Le soleil monte plus haut sur l'horizon et éclaire toute la journée le demi-anneau des  monts de l'Erzgebirge. Les mouettes sont arrivées dans la région. Il vaudrait mieux être sur les bords de la Manche pour entendre leurs cris quand elles tournent au-dessus des bassin de nos ports.

4 avril - Reçu enfin une lettre  correspondance (une seule a été touchée en mars) et les cartes étiquettes pour les colis. Dès le lendemain celles-ci se traitent à raison de 5 ou 6 Reichsmark la pièce ou 2 quarts de boule... trafic, toujours trafic !

Pour la fin de l'hiver la visibilité dans le camp a été améliorée. Les sous-officiers "non arbeiteurs" (dispensé de travail - NDLR) ont été employés pour refaire les passages, les rigoles bordées de briques, et épandre du galet. Mais l'écoulement des eaux reste mal assuré car les grilles d'égout sont dans l'axe des chaussées, à vingt centimètres au-dessus du fond des rigoles.

Les mêmes sous-officiers ont bêché toutes les parties du terrain entre les rigoles et les baraques. Est-ce pour semer du gazon ou planter des patates ? Dans ce dernier cas il faudra renforcer considérablement la garde au moment de la récolte ! Par la suite, des plantations d'arbres ont été faites autour des baraques. Devrons nous attendre ici longtemps pour profiter de leur ombrage ?

20 avril - Nous avons un nouveau commandant et le rapport de ce jour nous annonce des mesures bienveillantes pour le matin. Nous aurons une demi-heure de plus pour dormir, c'est très apprécié. Reçu ce jour la troisième lettre à écrire pour avril.

22 avril - 1er jour de distribution de soupe au chantier. Elle est bien accueillie par tous mais on constate une fois de plus le peu d'esprit de camaraderie de certains "saute-au-rab".

24 avril - Conférence musicale : Rossini (ouverture de  Sémiramis et Guillaume Tell ), Musset (plusieurs lettres et Les Nuits de mai ). Les officiers allemands assistaient à cette séance très appréciée.

25 avril - Bobards : libération au-dessus de 30 ans ! Dix classes seront réservées pour aller aux Colonies pour défendre leur territoire contre toute attaque des Anglais.

Les colis arrivent par le centre de traitement de Turn (Trnovany)
avant d'être distribués - après  vérifications et fouille - aux P.G.

© collection personnelle 

Ce jour, arrivage de camions de tenues "kaki" neuves, chemises, caleçons, bidons. Nombreux commentaires, naturellement c'est pour la classe !

26 avril - Depuis quelques jours, nous avons touché des cigarettes de troupe et du tabac, envoyés par la Croix-Rouge, des biscuits. Ce soir on nous rembourse 1,80 RM que nous avions versé il y a plus d'un mois pour avoir 180 cigarettes Gauloises.

28 avril - On nous fait verser 2,40 RM pour avoir 120 cigarettes... un de ces jours. C'est une façon comme une autre de dépenser notre paie. Mais comme certains avaient utilisé aussitôt les 1,80 RM pour acheter des tickets de soupe, ils n'ont plus rien pour les cigarettes. Le prix de celles-ci a doublé (40 Pfennig le paquet). Nous les touchons effectivement le 30 avril. Deux journées de beau temps terminent le mois d'avril et le soleil est chaud l'après-midi. Quelques ouvriers travaillent le torse nu.

Préparatifs pour la fête nationale du 1er mai : mâts, oriflammes, guirlandes, silhouettes de travailleurs.

1er mai - Repos pour tout le monde. Le temps froid est revenu et il pleut aujourd'hui. Réunion des "Gars de la Manche". Nous sommes une cinquantaine. Nous avons constitué un fond de caisse et nous avons acheté de la bière et du tabac. Nous avons voulu trinquer "en Normands mais il manque de la "boun bère" et la "bouane goutte de café bi coëff".


3 mai - Temps redevenu glacial. Quel pays mon Dieu pour avoir un temps pareil !



Au mois de mars on avait affiché des menus pour la semaine. Maintenant, le menu journalier est affiché au réfectoire. Comme jadis au régiment. Titres ronflants ! Ainsi pour le 3 mai : 50 grammes de bœuf, ragoût hongrois - 4 mai : bifteck rôti de 50 grammes. Mais comme par hasard, ces menus ne correspondent jamais à la gamelle du jour ! La viande est à peu près inexistante. Il y a eu des prélèvements entre la réception et la distribution et le poids des os compte !   


5 mai - Réveil à 4h15, travail à 6h. Quelques jours après, le commandant nous informe par le rapport que ce n'est pas lui qui décide mais la "Minérale". Personnellement, il veut faire tout son possible pour améliorer notre condition. Le duel "Minérale-Wehrmacht" va-t-il commencer ?

7 mai - Le soir, au retour du chantier, un grand bruit circule dans le camp. Changement de baraques, lits supplémentaires pour loger plus de monde. Arrivée de Yougoslaves. Départ imminent de 1 000 ou 2 000 d'entre nous. Naturellement ces nouvelles sont très commentées et un grand espoir nous gagne. On verra après que les partants allaient dans d'autres Kommando ...

8 mai - Concert symphonique très réussi, en présence de tous les officiers. Ouverture de Rosamonde (Schubert), sérénade et Le Roi des Aulnes par ARNOULT, trois parties de Lohengrin par ARNOULT , Ballet de Coppelis, Dans les steppes de l'Asie centrale de Bordina, Images caucasiennes. À la fin, le camarade qui a présenté la conférence remercie le chef d'orchestre, les musiciens, ARNOULT et nous fait connaitre que c'est sa dernière conférence musicale, sinon la dernière réunion au théâtre et que nous pouvons sortir d'ici en emportant une grande espérance. Ces dernières paroles sont couvertes par une tempête de bravos. Comme il a prononcé ces paroles devant les officiers allemands nous en déduisons qu'il y a quelque chose de certains quant au départ dont on parle depuis tant de jours. Depuis une semaine aussi, nous avons touché à plusieurs reprises biscuits, dattes, figues, sucre, cigarettes, tabac. On en déduit facilement qu'on veut liquider les stocks avant le départ. Mais plus de déménagement, comme il était prévu, par baraques.

12 mai - Nous avons changé de baraques et dans la nouvelles nous récoltons surtout des puces. On ne parle déjà plus du grand départ. Tous les bobards ont cessé. Je crains que  nous ne restions ici encore longtemps ! Vu un journal de Paris qui parle des prisonniers mais rien d'officiel pour la libération.

14 et 15 mai - La fuite de Rudolph Hess en Angleterre fait bien dire des mots mais les Allemands n'aiment pas qu'on leur en parle.

16 mai - Touché le soir 30 grammes de tabac, 23 cigarettes, 27 biscuits, 2 figues, la moitié d'une boîte de bœuf soit 150 grammes, confiture.

18 mai - Touché confiture.

19 mai - Touché confiture, 52 biscuits.

20 mai - Touché 1/2 boîte de bœuf, 1/4 de sucre en poudre.

21 mai - Touché 6 biscuits, 1 paquet et demi de tabac de troupe, 18 Gauloises.

Mercredi soir - On a demandé dans les chambres les noms des cultivateurs, des mineurs, des agents et ouvriers des Pont-et-Chaussées. Est-ce en vue de l'envoi en congé de libération ? 280 K.G. sont encore partis dans d'autres Kommando. Cela fait plus de 400 en trois fois !


22 mai - Les Serbes sont arrivés. Ils ont été parqués dans trois baraques et il nous est interdit de les approcher. Des sentinelles gardent tous les passages. Ces camarades de lutte éveillent évidemment notre curiosité mais provoquant un bon mouvement de solidarité. Par dessus les sentinelles, les paquets de tabac ou de cigarettes voltigent, ainsi que biscuits, allumettes. Certaines sentinelles font la navette pour la distribution. Naturellement, du côté serbe, courses et bousculades, aussi le soir le commandant du camp fait connaitre que nous pouvons remettre tabac et cigarettes à nos camarades serbes au lieu de les jeter, mais nous sommes toujours isolés.
Krska ZHIVANOVICH, à l'extrême droite et des camarades Serbes et Français à Kosel dont  François BOURHIS, assis 2ème à droite, Maurice PARANT, 1er à droite au 2ème rang et Jean TAGHON, 5ème à partir de la gauche au dernier rang.
© Borislav Sokolovitch
Depuis quelques jours de nombreux colis arrivent. Aujourd'hui plusieurs camions. On trie ceux des prisonniers qui doivent partir. Car on annonce des départs : 152 devraient partir aujourd'hui et on a enlevé les brassards des K.G. de plusieurs colonnes. Il y en a de partis ce matin par petits groupes. Pour de petits Kommando parait-il ! Ce n'est donc pas encore la classe.



La radio allemande a parait-il annoncé jeudi soir 22 qu'à la suite des accords de collaboration, tous les prisonniers d'Allemagne allaient partir en congé de libération. Le mouvement se ferait à partir du 25 mai et durerait 3 mois. Ceux qui n'auront pas de travail en France reviendront comme travailleurs civils. On parle aussi de constitution d'une forte armée coloniale pour défendre nos possessions d'Outre-mer contre toute entreprise anglaise !


28 mai - Violent orage au dessus de notre plaine et des monts qui la ceinturent. En cette fin de mai, une jardinière et ses aides ont aménagé des parterres fleuris le long de nos baraques. Nous avons peine à croire que c'est pour nous qu'on plante tant de bouquets de fleurs. De là à penser que nous allons partir et laisser la place aux civils...

1er et 2 juin - Pentecôte, journée de grande chaleur. Bustes nus ou simples maillots, shorts et caleçons courts, slips ; nombreux coups de soleil, dos pelés !
Ration de pain réduite le 2 à 250 grammes. Nombreux commentaires, changement de baraque le soir pour libérer deux nouvelles baraques du camp B. Il va donc arriver d'autres Serbes.

Cours du tabac gris : 1,70 RM (1/4 de boule : 2 marks). Cela diminue, bien qu'on ait touché la paie le 30, mais il y a du tabac dans toutes les valises. Tabac bleu : 3 RM.

Le Trait-d'Union du 28 mai a donné des détails sur la libération des prisonniers anciens combattants de la guerre 1914-1918. Note officielle du haut-commandant allemand. Cette fois il y aurait quelque chose de tangible.

3 juin - Ration de pain à 500 grammes, ce qui rétablit l'équilibre avec la veille. Il fait chaud et les "huiles" se promènent en culotte courte "à pont" en basane et petite veste ouverte laissant voir l'espèce de sous ventrière en cuir, souliers, socquettes et protège mollets, c'est curieux ! Quelques fois un veston très chic avec cette culotte. Les femmes ont sorti les toilettes régionales aux couleurs vives : tabliers, corsages à manches bouffantes.


3 et 4 juin - Arrivée de nombreux ouvriers italiens : plusieurs milliers. Impressions diverses, même de la part des chefs de chantier allemands : Franzoze besser.


7 juin - Décoration de la place des Werkshutz, drapeaux allemands et italiens. L'après-midi, grande manifestation par les Allemands en l'honneur des ouvriers italiens.



9 juin - Arrêt du travail pour les anciens combattants. Leur départ est annoncé comme très proche.


11 juin - Reçu de la Croix-Rouge, 11 cigarettes, 35 grammes de tabac, 11 biscuits, 150 grammes de bœuf, un peu de sucre.

18 juin - Reçu de la Croix-Rouge, 55 cigarettes, 37 grammes de tabac, 42 biscuits, une boîte de corned beef, un peu de sucre.
Grand émoi le soir dans le camp car le bruit court de la libération prochaine des classes 20, 21, 22 !

21 juin - Départ des anciens combattants 14-18. Enfin !

22 juin - On apprend au camp des hostilités entre la Russie et l'Allemagne. Commentaires nombreux et variés ! Les jours suivants les communiqués sont affichés et nous apprennent l'avancée foudroyante des troupes allemandes.

26 juin - Reçu de la Croix-Rouge : 30 cigarettes, 30 grammes de tabac, 18 biscuits, 150 grammes de bœuf conserve. On ne nous oublie pas à la Croix-Rouge !

29 juin - Spectacle : revue Stalag en folie et Sexe à pelle et pioche, très applaudie. Numéro de music-hall avec une dizaine de figurants déguisés en filles nues avec tutus en papier, cache seins. Cette soirée obtient un grand succès et sera renouvelée la semaine prochaine.

6 juillet - Triage des camarades partant pour d'autres Kommando.

11 juillet - Touché de la Croix-Rouge : 73 biscuits, 1/2 boîte de bœuf en conserve, 100 cigarettes, un peu de sucre. Très apprécié !

12 juillet - Spectacle le soir Le général est mort à l'aube. Au moment pathétique le rideau s'abaisse et nous sommes invités à regagner nos chambres pour l'appel du soir (nouveau commandant de camp, nouveau règlement !). Le général Lee ne mourra pas devant nous grâce aux consignes !

13 juillet - Cela devient sérieux ! Appel général dans les chambres, on ferme les issues portes et fenêtres (les portes à clef).
Le matin, riz à la place de café.
On annonce l'envoi en congé de libération des pères de trois et deux enfants. La libération ne se ferait plus par classe !

Léon EBURDERY, dessiné par ? ,
extrait de "Reflets" n°3 de juin 1941
© collection privée
14 juillet - En rentrant du travail, nous sommes informés que nous pourrons, entre 8h et 8h1/2, commémorer dans le grand réfectoire notre fête nationale. L'orchestre jouera La Marseillaise. Cette manifestation commence par un pas redoublé (salut au 75ème) puis le portrait du maréchal Pétain apparaît sur la scène. Agrandissement fait par DURANTON. Applaudissements frénétiques (on déchantera plus tard). EBURDERY chante La Madelon et tout le monde reprend au refrain.  Quelques mots de MALÈS puis minute de silence où chacun pense à tous ceux - parents et camarades - tombés pour la Patrie. Enfin éclate La Marseillaise écoutée en silence. Autorisés à la dernière minute à chanter le refrain, nous ne nous faisons pas prier. Est-ce possible ? Quel contraste entre notre situation de prisonniers et ce refrain guerrier et sanguinaire !


17 juillet - Nouvelle soirée musicale très réussie où assistaient officiers "armée" et trois officiers "S.A.", civils de l'Hydrierwerk : œuvres de Beethoven, Mozart, Schubert. Romances chantées par Louis ARNOULT. L'heure de l'appel approche, flottement sur la scène. Le camarade qui présente la soirée ne sait comment faire et dit qu'il a toujours des paroles malheureuses... Louis ARNOULT parait et va chanter Je jette au vent mais l'officier allemand se lève et lève la main "Fini" dit-il ! Le règlement est de rigueur !

19 juillet - Touché de la Croix-Rouge : 100 cigarettes, 76 biscuits, 150 grammes de bœuf, 15 morceaux de sucre.


26 juillet - Touché : 42 biscuits de la Croix-Rouge.



3 août - Désinfection des baraques. Tout le monde dehors à 5 heures du matin, en caleçon court. Rien à faire pour garder un maillot. Il fait frais et le brouillard tombe vers 7 heures. On a froid à ce moment là. Visite de quelques valises par les soldats allemands. On fait quelques mouvements pour se réchauffer. A 8 heures le soleil commence à nous réchauffer, heureusement. Et toute la journée on va se promener en short. Les Serbes ont une simple serviette qui se balance au vent. Visions fugitives ... Enfin, belle journée ensoleillée, ce qui vaut des coups de soleil à ceux qui ne se sont pas entraînés. Casse-croûte sur l'herbe. Les efféminés plastronnent au milieu des groupes ! Pendant ce temps les vapeurs de soufre étendent sur le carreau puces et "totos". Le soirs nous ramassons les cadavres dans les couvertures et les vêtements. Deux jours après 500 Serbes du camp nous ont quittés et quelques jours ensuite un convoi de coloniaux anglais venant de l'île de Crête sont arrivés. Quelques Australiens aussi. Immédiatement, échanges, achats, ventes de capotes, blousons, pantalons, musettes, couteaux. Un Français entre dans une chambre et demande une veste, sans se retourner un Anglais lui répond en français : "Les Anglais ne changent pas leur veste". Allusion aux événements actuels.

Août - La vie continue au camp, le cours du tabac a tombé car nous avons touché beaucoup de cigarettes. De même pour le pain et les tickets de soupe. Depuis le début de juin des patates tous les jours avec une demi-gamelle de jus et de choux. Au chantier, les Italiens chinent tabac et cigarettes et proposent argent. Échanges pain, margarine, cours en hausse. Français et Italiens ont maintenant la facilité d'acheter du vin aux cantines à 2,50 RM en moyenne le litre. Une paille ! Mais c'est au chantier le prix d'un paquet de tabac ! Au camp, on parle de quelques couples ...


Le 15 août, nombreux bobards : collaboration totale avec l'Allemagne. Le gouvernement français a prévenu l'Amérique et l'Angleterre que tout débarquement en France et aux colonies entraînera l'état de guerre. Libération immédiate jusqu'à la classe 38. Les classes 39, 40, 41 iraient combattre en Russie. Un croiseur français a été coulé par cinq bateaux anglais. La libération commencerait le 10 septembre et serait terminée vers le 20 octobre. Les Américains ont débarqué en Normandie, les Anglais en six points du territoire français !!!



L'année 1941 s'est achevée sans heurt, mais avec pour nous les mêmes alternatives de découragement et d'espoir. Bobards de plus en plus fantastiques et "officiels". Quelques parties de l'usine ont été mises en route : odeurs nauséabondes. On pousse activement l'établissement de la ligne de voyageurs : petite gare, premier train.

L'accoutrement comique des Italiens au chantier, leggins en carton bitumé et ficelle, ou en sac à ciment fait jaser. Ils en bavent au chantier !

Départ des Chypriotes. On vide entièrement le camp B au profit du camp A. On va recevoir des Français venant de la Ruhr. La nourriture ne s'est pas améliorée. On trouve dans la soupe des patates cuites dans leur peau et du gravier dans le fond de la gamelle.


On nous distribue maintenant des journaux à profusion. Quelques numéros aussi de L'Illustration, La Semaine, Der Adler, etc. et nous pouvons, par les photographies, nous rendre compte de pas mal de choses : combats à l'Est, destructions anglaises en France. 



Est-ce que 1942 verra la fin de notre exil ? 

La nuit de Noël s'est passée dans une gaité relative et nous avons chanté. Il fallait cette nuit pour chasser le cafard.


Fin  

Texte de Marcel MAILLARD - Matricule 12.081/FS 133 - habitait Cherbourg en 1953, décédé peu après !

(original déposé à D.A.V.C.C. de Caen - fonds Pinçon en salle de lecture)  

13 décembre 2016

Jean BERNACHOT


Jean BERNACHOT -  P.G. 1.000



   Mon père, Jean BERNACHOT, né en 1915 et décédé en 1962, a passé cinq ans au Stalag IV C.

   Il a d'abord effectué son service militaire d'octobre 1936 à octobre 1938 au 27ème R.I. de Dijon (Côte-d'Or). Rappelé en mars 1939 et affecté au 21ème bataillon du même régiment, il a ainsi séjourné environ un an en Alsace, à Village-Neuf, à quelques kilomètres de Bâle (Suisse), aux frontières franco-suisse-allemande. Avec son régiment il a participé à la construction d'ouvrages de la Ligne Maginot, ouvrages qui n'ont d'ailleurs jamais été terminés... 
Son séjour dans la région fut assez agréable et la population accueillante ; la troupe se mêla aux festivités villageoises et la musique régimentaire - dont mon père faisait partie - animait les dimanches.

   A partir de mars 1940 il a parcouru la région dans tous les sens avant de combattre l'ennemi et être fait prisonnier à La Chapelle-sous-Rougemont (Territoire de Belfort).

Herrlich vers 1935
   Après avoir passé un mois à Mulhouse, il est envoyé par train dans les Sudètes, à Herrlich (Hrdlovka), et va travailler dans la grande ferme de Ferdinand  Zuber, puis de temps en temps sur des chantiers locaux. 

   Herrlich, village aujourd'hui disparu, - 1 - était une cité minière avec trois puits pour alimenter l'Hydrierwerke de Brüx.

 Selon son Ausweis de 1944, mon père dépendait de l'Arbeitkommando 140 d'Oberleutensdorf et était autorisé à circuler dans les villages voisins : Osseg (Osek), Dux (Duchcov), Loosch (Lahost) et Bilin (Bilina).




Fiche d'aptitude sur générateurs
gaz de bois
   L'été, la ferme des Zuber employait des saisonniers slovaques et les cinq/six prisonniers de guerre français furent plus tard rejoints par des prisonniers russes et ukrainiens - hommes et femmes - "invités" à l'effort de guerre...

   Mon père, souvent affecté à la conduite du tracteur, a également effectué de nombreux transports de nature diverse pour des civils locaux : charbon, matériaux de construction, etc.

Il m'a également parlé d'un transport spécial : l'évacuation de l'épave d'un bombardier américain dont tout l'équipage avait été tué.   
   Le travail ne manquait pas à la ferme et mon père, qui était agriculteur, appréciait sa modernité par rapport à notre région.   
Le fermier Ferdinand ZUBER, son épouse et un neveu ? (le couple n'avait pas d'enfant)

   D'après les lettres que je possède en quasi-totalité, il semblerait que les P.G. de la ferme Zuber jouissaient d'une certaine liberté dans le secteur. Ils ont ainsi pu rendre visite à des "pays", prisonniers à proximité, effectuer quelques achats et rencontrer des citoyens tchèques, hommes... et femmes.


 
La tombe d'Albert  BERTRAND à Osseg
(photo de décembre 1944)
   Le 14 décembre 1944, l'un de ses camarades du 27ème R.I., Albert BERTRAND, également P.G. à Herrlich et travaillant dans l'industrie, meurt électrocuté. - 2 - 

Il est enterré à Osek où sa tombe est toujours entretenue par les Tchèques.
La tombe d'Albert BERTRAND au cimetière d'Osseg à Teplice
(cliché : Edvard D. Benes - sept. 2014)

La date est erronée puisque Albert est décédé le 14 décembre 1944
          

     Je n'ai jamais su si mon père et ses camarades avaient été transformés en "travailleurs civils".   
P.G. du Kommando de Herrlich le 01 janvier 1944.
Auguste CONSTANT, d'Espira de l'Agly (66) est le 2ème à gauche, Albert BERTRAND, + 1944, de St Martial de Viveyrols (24), calot de travers et mains derrière le dos au  1er plan et à ses côtés, coiffé d'un béret et main droite dans la poche, Jean BERNACHOT.

   Sa dernière lettre date du 01 janvier 1945. Après, plus rien ne fonctionnait.
   



La Libération par les Russes fut assez brutale et il n'aimait pas trop parler de ces événements.

   Le rapatriement a été fait par les Américains, d'abord en camion jusqu'à Schweinfurt et ensuite en train.

   Il est rentré chez lui, complètement dépaysé, le 29 mai 1945.


Témoignage de René Bernachot, que je remercie.
Textes et photos sous licence d'usage CC BY-NC-SA 4.0 FR

Toute info sur la famille ZUBER ou sur les camarades de captivité de Jean BERNACHOT est à transmettre à stalag.4c@sfr.fr qui fera suivre à René. Merci

01 juin 2016

Le Livre du IV C


   Le livre qui n'est jamais paru ...


   Peu de temps après le retour de captivité, le bureau de l'Amicale du IV C envisagea de publier un ouvrage sur le seul Stalag implanté entièrement en Bohême.

Une souscription (sans envoi d'argent) fut lancée dans "L'écho du IV C", le journal de l'amicale, et un appel fut fait aux anciens prisonniers afin qu'ils relatent leurs aventures, drôles ou cocasses, malheureuses voire franchement terribles...


Les témoignages arrivèrent par dizaines et une petite équipe, animée par Jean GOUROT - l'ancien bibliothécaire du Kommando 459 de Brüx -, se chargea du travail de tri puis de rédaction.

A la fin de l'année 1952, le "Livre du IV C" est pratiquement terminé mais les souscripteurs ne sont que quelques centaines... (il y a, à l'époque, environ 1.500 amicalistes sur les 20.000 anciens P.G. du camp).



Le décès brutal de "Biblio", surnom de GOUROT, en 1953, remet en cause une partie du travail et l'organisation de l'équipe du livre.

Malgré tout, dans le numéro 63 du journal "Le Lien" (qui a succédé à "L'écho du IV C"), les divers chapitres sont publiés et l'encart publicitaire annonce un ouvrage de 300 pages avec "du rire et de la sensibilité... "
Voici les 15 chapitres annoncés en cette année 1954 :


Prologue : dialogues apocryphes.
1 - Les débuts
2 - L'organisation
3 - Naissance des castes
4 - La grande usine
5 - Stalag-Mythes
6 - Labourages et brigandages
7 - Prolétariat des Sudètes
8 - Hommes en blanc et Pêcheurs d'âmes
9 - Babel-Brüx
10 - Abwehr et jeunes donzelles
11 - L'amour est enfant de Bohème
12 - Scènes de la vie de Bohème
13 - La mort qui tombe des étoiles
14 - Entr'aide et confiance
15 - L'herbe ne poussera plus

Les années passèrent ...

En 1960,
 la souscription était toujours ouverte mais depuis la fin de la guerre des dizaines de souscripteurs avaient quitté ce monde ...

Finalement le "Livre du IV C" n'est jamais paru !

Que sont devenus les témoignages, les épreuves du projet ?
Qui en détient - tout ou partie - aujourd'hui ?


Après recherches, il apparaît que les ex-PG suivants avaient transmis à "Biblio" leurs textes relatant différents aspects de leur captivité :
- Henri MORIZE "Chez les Bauer - Scènes de la vie agreste"
- Clovis GARRIGUE "La vie au Kommando de Siebengiebel"
- Eugène HERBOT "Quelques poèmes"
- René MARTIN "Le domaine du IV C - formation du Stalag"
- Henri BERTHEAU "Un Parisien aux champs"
- Charles BERNARD "Les scandales du IV C"
- Pierre PAUPION "Histoires des sous-officiers non volontaires"
- Albert AUVRAY "Histoire de braconnage à Liebwerd"
- Henri MOUNIER "Histoire du Kommando de Dittersbach"
- Abbé Pierre PINCHON "Messes en Kommando"
- Edouard GAILLARD " Hommages aux Belges, Hollandais et Tchèques" - "Grève sur le tas à Brüx" - "Clochemerle à Tschausch" - "Distillation clandestine"
-  Henri CHAUVELON "Bombardements, Libération"
- Maurice MIGEON "Scènes de la vie à l'hôpital de Dux"
- Robert TESNIERE "Souvenirs du Kommando des 400 de Nieder-Ullgersdorf"
- Bernard DUBOURG " Les sénateurs de chez Schicht"
- Jacques CARTIER " Un chef de musique en tôle" - "Première évasion à Brüx" - "Mühlberg-Brüx 1940" - "Noël 1943 au Stalag de Wistritz"
- Robert BREGEON "Seconde vision de Brüx"
- R.P. Jean-Marie CORBE "Des démêlés avec l'Abwehr"
et aussi : Paul PICAVET, Jean DAVESNE, Jacques CHABOUDEZ, Pierre PUBERT, Lionel I. MAY, Pierre DENIS, Henri LEPESQUIEUX, Roger KOLLER, Jean ROUSSEL, Louis ARNOULT, etc.

Outre GOUROT, les membres de la "commission du bouquin" étaient en 1953 :
BON, BONNARD, CORBE, CORNELOUP, DAVESNE, GAUDIN, GIRAUD, GRANLIN, KOLLER, MARIDOR, PATOZ, 


Les épreuves du livre doivent être chez les descendants de l'un d'eux (sauf BONNARD et CORBE ... prêtres !)


Vous avez une info à ce sujet ? N'hésitez pas à me joindre ! 

La mémoire des P.G. du IV C doit être sauvegardée.