26 février 2016

Organisation du service de santé

Organisation du service de santé au Stalag


   Au cours de cinq années de captivité, les services médicaux du Stalag IV C ont vu passer près d'une cinquantaine de médecins français
(généralistes, chirurgiens, dentistes etc. dont les listes suivront dans un prochain article).

     Les médecins étaient répartis dans les lazarett, infirmeries et les deux stations dentaires. 
Hôpitaux :
  • Bilin : 500 lits (pour toutes les nationalités) ;
  • Schönlinde : 100 lits.

    Dans certains cas des prisonniers étaient également transférés vers le lazarett d'Elsterhorst (Oflag IV D).
Infirmeries :
  • Aussig-Pokau : 100 lits ;
  • Böhmisch Leipa : 100 lits ;
  • Brüx (Reichsbahn et Hydrierwerk) : 100 lits ;
  • Dux (station dentaire) ;
  • Hertine : ?
  • Johnsdorf : ?
  • Komotau : 100 lits ;
  • Oberleutensdorf (B.A.B. camp 27) : ?
  • Reichenberg : 100 lits ;
  • Triebschitz : ?
  • Wilsdorf : 100 lits ;
  • Wistritz : 100 lits.
  • Wistritz (station dentaire).
Jean DUBUT, debout au centre,
au lazarett de Bilin (col. Claude Dubut)

   Ceux qui passèrent au lazarett de Bilin dépendaient directement du médecin chef allemand du lazarett, le major (commandant) Preis et travaillaient en collaboration, au moins théorique, avec d'autres médecins, prisonniers de guerre, d'autres nationalités dont des anglais mais surtout des Serbes.

  Ceux qui étaient affectés aux infirmeries étaient, en principe, maîtres de leurs décisions médicales ; sur le plan militaire ils étaient, naturellement, sous la dépendance de sentinelles allemandes chargées de la discipline de l'infirmerie et de la garde des prisonniers de guerre. Mais ils étaient surtout placés sous l'autorité du médecin chef allemand du Stalag IV C, le major Stelzig - stationné à la Kommandantur de Wistritz - lequel effectuait des visites de contrôle, plus ou moins rapprochées, dans les dites infirmeries, visites "surprises" et donc particulièrement redoutées, surtout par les "resquilleurs" qui, avec la complicité des médecins français et pour des motifs très spéciaux, réussissaient à prendre - à tour de rôle - quelques jours de repos... Repos souvent brutalement interrompu par l'intervention du major Stelzig qui ne se laissait pas facilement berner.


  Mais toutes les infirmeries n'avaient pas la même organisation : certaines n'avaient pas de médecin prisonnier de guerre et se trouvaient directement sous la tutelle d'un médecin allemand chargé, non plus du contrôle, mais de soins eux-mêmes ; d'autres avaient bien selon leur importance un ou plusieurs médecins P.G. mais pas forcément français ou pas tous français.

Personnel médical de l'infirmerie d'Aussig-Pokau en 1942 (col. L.P.-D.)


   Les médecins français n'étaient pas forcément affectés à demeure à leur infirmerie. Il était fréquent qu'ils soient mutés de l'une à l'autre, suivant les décisions prises par le major Stelzig.



   Les premiers médecins  français étaient des médecins Prisonniers de guerre. En application de conventions spéciales intervenues entre la France et l'Allemagne, dans le cadre de l'opération dite de "La relève", tous firent l'objet d'une mesure de rapatriement fin 1943. Ils furent remplacés par d'autres médecins français venus de France dits "médecins releveurs", tous étaient volontaires et composés de médecins officiers, de jeunes médecins et même d'étudiants en médecine ayant déjà un nombre de certificats ou de titres jugés suffisants.



  Pour leur donner plus d'importance auprès des militaires allemands, le gouvernement français accorda, d'office, le grade de sous-lieutenants aux plus jeunes, lesquels allaient effectivement revêtir l'uniforme militaire pour la première fois en partant pour l'Allemagne.


   Contrairement aux promesses formelles qui leur avaient été faites par les services allemands de France avant le départ (droits de revêtir un costume civil, d'avoir des rapports normaux avec la population, de dormir en ville ou de sortir), les "releveurs" durent impérativement s'intégrer dans la masse des P.G. français et subir le même sort que ceux-ci et dans les mêmes conditions que les médecins prisonniers qu'ils étaient venus remplacer.

   Les médecins étaient assistés dans les établissements de soins par des infirmiers prisonniers de guerre également français (dits "sanitaires") qui étaient assez nombreux au IV C.

D'après les notes manuscrites de Élie-Jean PASCAUD

Photos sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

L'infirmerie d'Aussig Pokau

Bref  historique de l'infirmerie d'Aussig-Pokau

   L'infirmerie d'Aussig-Pokau (aujourd'hui : Ústi nad Labem - Bukov) fut ouverte le 17 février 1941 avec comme médecin-chef français le lieutenant-médecin LERICH (vraisemblablement au milieu de "ses sanitaires" sur les photos publiées), matricule n° 1515 et un personnel sanitaire restreint. Par la suite le personnel fut augmenté et fut toujours suffisant pour tous les soins à donner aux malades. Le nombre des places disponibles était de 106. La moyenne des malades a varié suivant les saisons et les années. De 1941 à 1943, moyenne de 80 en hiver et 50 en été ; de 1943 à 1945, moyenne de 60 en hiver et 40 en été. Maximum atteint 105 - minimum 37.

   En janvier 1945 arrivent 80 P.G. anglais dont les pieds furent gelés pendant leur évacuation de Silésie. En avril-mai 1945 sont hospitalisés 20 malades français atteints de dysenterie contractée aussi pendant l'évacuation de l'est vers l'ouest.



   Les soins étaient donnés par un médecin français responsable et des infirmiers français travaillant sous ses ordres. Les huit derniers mois ce fut un médecin anglais. Aucune plainte n'a jamais été formulée par les malades.

   Outre des soins, les médicaments étaient distribués normalement et suffisamment, et cela parce que la pharmacie de l'infirmerie était ravitaillée par une pharmacie de la Wehrmarcht. Grâce à la sympathie témoignée par le pharmacien-chef allemand et les facilités accordés à la signature du pharmacien-chef de l'hôpital d'Aussig, les médicaments ont été obtenus en quantité suffisante. En dernière année, vu la pénurie existante dans l'armée allemande, les envois pharmaceutiques de la Croix-Rouge française et de la Croix-Rouge internationale (envois anglais et américains) ont rendu de grands services et ont permis de tenir jusqu'à la libération.


   Si les médicaments prescrits n'existaient pas dans la pharmacie militaire allemande, une autorisation était donnée de se les procurer dans les pharmacies civiles qui n'ont jamais opposé de refus. Ces derniers médicaments étaient payés soit par les services compétents du stalag, soit par les malades eux-mêmes pour lesquels un service d'entraide avait été créé.



   Un contrôle au point de vue sanitaire était exercé par le médecin-chef de l'hôpital d'Aussig. Tous les mois il passait une visite réglementaire. Il fut toujours bienveillant. Il exerçait aussi le contrôle administratif de l'infirmerie qui était considérée comme une annexe de l'hôpital d'Aussig. Les papiers administratifs, après signature par ce médecin-chef, étaient expédiés au stalag. Ces papiers, en particulier les dossiers des malades, sont donc à chercher dans les archives médicales du stalag IV C à Wistritz.



   A signaler que certaines réclamations justifiées n'ont jamais obtenu satisfaction : ainsi une voiture affectée à l'infirmerie pour le transport urgent des malades - des brancards - des civières - l'usage des rayons X à l'hôpital durant les années 44-45. Nous avons eu à lutter contre la rigidité et même l'hostilité administrative d'un maire nazi...

   Au point de vue nourriture :


   La nourriture fut toujours insuffisante pour les malades et les infirmiers. Dans l'impossibilité d'obtenir des régimes pour les malades, ceux-ci étaient dirigés au plus tôt sur des hôpitaux spécialisés : Bilin, etc. Nous avons obtenu pour certains le régime lacté. Sans les colis des parents, les envois de France et les secours de la Croix-Rouge et les derniers mois les colis anglais et américains pour les malades, les hospitalisés et les infirmiers n'auraient pas pu tenir.



   Au point de vue de l'aumônerie :


   Le service était fait par un aumônier qui, après quelques mois difficiles à cause de la mauvaise volonté d'un sous-officier gardien allemand, réussit à organiser le culte d'une manière satisfaisante pour les malades et le personnel. Des messes étaient dites dans les différents kommandos par deux prêtres.


   La région desservie par l'infirmerie comprenait tout le district d'Aussig où travaillaient 3000 P.G. La "Revier" recevait aussi des malades du district de Wistritz, de Brüx, de Böhm. Leipa ...


   Chaque jour à l'exception du dimanche, les P.G. pouvaient se présenter à la visite médicale. Sous la surveillance des sanitaires allemands, sévère au début, relâchée ensuite et même nulle à la fin, le médecin français passait la visite des P.G. qui venaient de tous les kommandos du district. Suivant les cas, il accordait repos, soins suivis d'une nouvelle visite ou hospitalisation. Ceux qui étaient hospitalisés recevaient les soins appropriés. Guéris, ils retournaient à leurs kommandos. Les malades inaptes à travailler étaient dirigés sur le stalag. Les tuberculeux et autres, atteints d'une maladie à évolution lente, étaient conduits vers les hôpitaux spécialisés : Mühlberg, Eltershorst, Winterberg, Gnaschwitz, Schmorkau, Kônigswartha. Quelques malades étaient évacués sur Bilin, parmi eux les cas chirurgicaux légers : phlegmons etc.



   Les P.G. dont l'état des yeux et des oreilles-nez (ORL) exigeaient une visite spéciale recevait une feuille qui leur permettait d'être soignés par un spécialiste militaire ou civil. A noter que ces spécialistes ont été très consciencieux, ont toujours donné la plus grande satisfaction. Tous les malades soignés par eux gardent d'eux un excellent souvenir.



   L'infirmerie ne gardant pas les malades graves, mais les évacuant sur l'hôpital militaire d'Aussig, n'a eu à déplorer que trois décès :(méningite, diphtérie, tuberculose au 3°). Les cas ont été signalés en leur temps aux services français qui ont averti les familles.



   Hôpital d'Aussig :
   Les malades dont l'état exigeait des soins très grands  ou une intervention chirurgicale urgente ou encore une position couchée de longue durée étaient dirigés sur l'hôpital d'Aussig. Le personnel sanitaire de cet hôpital fut toujours correct et consciencieux pour les prisonniers.
Parmi les religieuses, toutes dévouées, nous signalons une qui fut vraiment admirable pour sa charité. Tous les malades soignés par elle sont là pour en témoigner. Les prisonniers avaient le même régime alimentaire que les blessés allemands. Quelle différence avec le régime de notre infirmerie !

Pouvaient être admis à l'hôpital d'Aussig :

- les cas chirurgicaux urgents et graves ;
- les cas médicaux exigeant une position couchée de longue durée et ne pouvant être évacués sur un hôpital spécial pour les prisonniers.


Les service de l'aumônerie était fait par l'aumônier français de l'infirmerie.



Les morts à l'hôpital d'Aussig ont tous été enterrés religieusement au cimetière central de la ville d'Aussig en présence de délégations de camarades. Tout a été exécuté dans l'ordre.


Le personnel médical de l'infirmerie d'Aussig-Pokau en 1942
Au 1er rang : abbé LE PEMP, ARIS, LAFORE, VEYSSIERE
Assis, au 2ème rang : MORICEAU, RACINOUX, Dr LERICHE, BELLOIR, CULINE
Debout : IMBERT, LENAY, PAPIERSKI, BOVY, MARTIN


   Liste de médecins et des infirmiers ayant soigné des P.G. à l'infirmerie de Pokau : docteur (capitaine) anglais BARKER - Dr (adjudant) BARRAUD - Dr (lieutenant) LERICH - Dr (capitaine) MADRANGES - Dr (capitaine) VALDEYRON - 

Infirmiers : les sanitaires BOVY (belge) CERGETTA - DELORME - DURAND - GALLAS - HOEBECKE - JOUAN - LE PEMP - LESAGE - MAININI - PAILLOT - QUESSON -

Médecins allemands : Dr Bardackoy, médecin-chef de l'hôpital d'Aussig - Dr Migura (ORL très compétent) - Dr Chwarz et Stephan (chirurgiens très compétents et consciencieux).

A signaler que les chirurgiens et médecins allemands d'Aussig ont été consciencieux, bienveillants même, pour les P.G.

Les dossiers régulièrement rédigés par eux ont été sérieux.



   Archives de l'hôpital d'Aussig :

   Tous les dossiers des malades soignés à l'hôpital d'Aussig ont été expédiés par l'intermédiaire de l'infirmerie de Pokau, soit au stalag IV C, si les P.G. étaient guéris, soit aux hôpitaux où étaient dirigés les malades non encore complètement guéris.


   L'infirmerie de Pokau expédiait régulièrement au stalag IV C les dossiers des malades qui pouvaient avoir des réclamations à formuler plus tard. De même, les malades qui étaient conduits de l'infirmerie vers un autre hôpital, avaient un dossier qui les suivaient. Les archives de la Kranker-Revier de Pokau ne possédaient aucun dossier.



   Quelques prisonniers ont reçu des attestations signées des médecins français ou anglais. Le dernier homme de confiance de l'infirmerie, ayant toujours été affecté à cette infirmerie, est à même de donner de nombreux renseignements. Resté le dernier à son poste, il s'est étonné que la Croix-Rouge ne soit pas venue pour l'évacuation des malades. Ceux-ci ont été évacués par train avec toutes les précautions possibles . Quelques ambulances venues en temps opportun auraient permis le retour en France d'une partie du matériel réquisitionné en France et surtout le retour de quelques médicaments. Ne voulant pas que ces produits pharmaceutiques soient perdus, l'homme de confiance les a fait prendre par l'hôpital d'Usti-nad-Labem dont les tchèques avaient pris la direction.



   En bref, l'évacuation des malades a été régulièrement faite par le médecin capitaine anglais aidé des sanitaires. Une partie des médicaments restés a été livré à la Croix-Rouge de Prague, l'autre partie à l'hôpital d'Aussig.


   Les dossiers concernant les pensions obtenues des compagnies d'assurances ont été expédiés au stalag. Ce travail était exécuté par les services allemands. Le signataire de ces lignes, se déclare disposé à répondre aux questions qui pourraient lui être posées ...

   Après l'évacuation de l'infirmerie :

   Pendant plus d'un mois après l'évacuation des malades de Pokau-  Revier, l'homme de confiance de cette infirmerie est resté pour rassembler les isolés, recueillir les blessés évacués d'autres hôpitaux et pour organiser le départ de tous les P.G. A cet effet, il s'est mis en relation avec l'homme de confiance du stalag, PASCAUD, dont il a suivi dans la mesure du possible, les ordres et les consignes.


   C'est ainsi qu'il a pu organiser pendant plusieurs semaines le ravitaillement et l'hébergement de 150 P.G. transformés et requis français ; en cela il a été aidé puissamment par les Tchèques qui se sont montrés admirables et par des camarades français comme le sergent-chef FEUILLADE, AUBRY et VERGER. Il a aidé aussi les jeunes requis à organiser le train de départ des malades en fournissant matériel de couchage et vivres.



   Il a fait évacuer par ambulances américaines des blessés américains et anglais, des déportés français et luxembourgeois.



   Il est parti, enfin, le dernier, accompagnant les deux derniers malades français dans des ambulances venues de France pour la dernière évacuation. Il pouvait affirmer au moment de son départ que tous les Français qui désiraient rentrer, étaient évacués.


Signé : abbé Corentin LE PEMP, professeur à Moëlan/Mer (Finistère) document découvert dans les archives "Pascaud".

Nota : les trois photos ont été prises au même endroit et sont toutes de 1942 comme le précise la légende du cliché 3 reproduit dans le journal "Le Lien" de l'Amicale du IV C.

Photos : collection privée L.P.-D. sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

24 février 2016

Pierre PEYRILHE

Tué deux mois avant la liberté...




 Pierre PEYRILHE, mon grand-père paternel, était né le 14 janvier 1910 à Salles-d’Aude (Aude). Il était ramonet (régisseur agricole employé à soigner les chevaux) et habitait à Coursan (Aude), avenue de Toulouse. Il avait épousé ma grand-mère en 1933 et mon père était né en 1936.
P.G. du IV A
 2ème classe au 3ème bataillon de chasseurs pyrénéens (2ème demi-brigade), il est fait prisonnier au fort de Roppe (près de Belfort) au soir du 20 juin 1940.
D’abord détenu à l’Oflag IVB/Z sous le n° matricule 2.116, il est transféré au Stalag IVA le 25 septembre 1940.




La famille Tomisch et Pierre tenant le chien



  Le 9 novembre 1940, il arrive dans l’entreprise de transport de Martin Tomisch à Lauenstein (45 km au sud de Dresde) en tant que chauffeur. Il est bien traité par ses patrons, reçoit des cadeaux pour Noël, est invité, en 1942, au mariage du fils de la famille (sous-marinier à bord d’un u-boot en France) et mange à la table familiale. Il s’essaye même au ski (photo ci-contre).

  En 1943, il devient travailleur civil et vit chez ses patrons. Il loge dans un petit appentis attenant à la maison qui lui est réservé. Il dispose d’un lit et d’un poêle à bois (il n’est pas rationné en bois et peut donc se chauffer relativement correctement). Avec son camion, il livre aux alentours de Lauenstein essentiellement du charbon et des pommes de terre. 



Le camion de livraison de l'entreprise Tomisch


   Le 6 février 1944, il est arrêté chez ses patrons par la police allemande pour relation avec femme allemande et redevient prisonnier de guerre. Selon le témoignage d’un de ses compagnons de captivité, Martin Tomisch a fait tout ce qu’il a pu pour le faire sortir de prison mais sans succès. C’était certainement difficile pour lui d’intercéder pour un prisonnier de guerre français, surtout en 1944, sans se mettre en péril lui-même…. C’est un certain Jean GAUDION qui l’a remplacé chez les Tomisch du 7 février 1944 au 8 mai 1945. Je n’ai aucun renseignement sur ce prisonnier. 
P.G. en captivité à Lauenstein (coll. privée)
    De sa date d’arrestation au 5 mars 1944 il est incarcéré dans une prison civile. Du 5 mars à juillet 1944 il est hospitalisé à l’hôpital de Schmorkau. En juin 1944 il est présenté devant un tribunal militaire allemand et est condamné, le 14 juin 1944, à 2 ans de forteresse (3 ans avaient été initialement requis). La jeune fille concernée, traduite elle aussi devant le même tribunal, est condamnée à 5 mois de prison.

  A sa sortie de l’hôpital, il retourne au Stalag IVA (kommando 734) puis est transféré au XXB (kommando 670) où il reste peu de temps (il dit dans une lettre que le XXB est un stalag de punition : il a droit à une lettre et une étiquette colis par mois. Il écrit, pour rassurer ma grand-mère que la vie y est supportable, que le travail est varié et parfois agréable et qu’ils mangent passablement bien).

  Il est enfin envoyé au IVC et plus précisément au kommando de Triebschitz III (kommando F1). Je n’ai aucun renseignement sur cette période. Je ne sais pas en quoi consistait ce kommando et où il travaillait. Ses lettres à ma grand-mère deviennent alors rares et ne disent rien. Il tente de s’évader et est abattu le 5 mars 1945 par un adjudant du camp. Il est enterré dans le cimetière de Tschauch le 09 mars (d’après les témoignages de ses compagnons de captivité).



P.G. du IV A avec Pierre PEYRILHE, 4ème depuis la droite

   J’ai, en ma possession, plusieurs noms de camarades de captivité :
- René RIGAUD de Bram et Pierre DAURIAC de Lézignan-Corbières qui étaient avec lui dans les derniers mois de sa vie ;
- Pierre BERGE de Marcorignan ;
- SCOUANNEC (je n’ai pas le prénom) qui était avec lui à l’hôpital de Schorkau et qui est décédé d’une péritonite le 1er avril 1944 ;
- CORLAY de Saint-Romain-de-Benet (avec qui il était, semble-t-il, dès le début de sa captivité) ainsi que le nom de l’homme de confiance du kommando Triebschitz F1 : le sergent ZERBINOF.


La maison des Tomisch.
Sur la droite, l'appentis où logeait Pierre
  La famille Tomisch vit toujours dans la maison. En 2013 je me suis rendue à Lauenstein et j’ai pu voir l’endroit où mon grand-père a passé la plus grande partie de sa captivité. J’ai regardé la maison de l’autre côté de la rue sans oser frapper à la porte, ne sachant comment je serais reçue. C’est à mon retour en France que j’ai décidé d’écrire aux Tomisch qui m’ont envoyé une seule et unique lettre (avec des photos) me racontant la vie de mon grand-père chez eux.

  J’ai aussi réussi à retrouver la jeune fille (grâce à la retranscription du procès qui se trouve aux Archives Nationales de France et dans lequel son nom est mentionné) et je lui ai envoyé un courrier. Depuis bientôt deux ans nous correspondons régulièrement. Elle m’a raconté ses souvenirs et le traumatisme qu'elle a subi avec le procès, son emprisonnement et le bombardement de Dresde qu'elle a vécu. Elle est maintenant la seule personne encore vivante qui ait connu mon grand-père.

  
   Je suis preneuse de toutes les informations et notamment celles sur la fin de sa captivité et sur le kommando de Triebschitz III (kommando F1) dont je ne sais rien.

Texte de Françoise Peyrilhe

Photos : collection Françoise Peyrilhe (sauf P.G. à Lauenstein) sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

Si vous avez des infos sur les compagnons de captivité de Pierre, envoyer un mail à : f_peyrilhe@yahoo.fr
Remerciements à Françoise pour ce témoignage

16 février 2016

Les villages disparus ...

VILLAGES DISPARUS



   Depuis la fin de la guerre l'exploitation minière s'est amplifiée dans la région de Most (Brüx en langue allemande) et des villages entiers ont été rayés de la carte. Il est donc parfois difficile de retrouver les lieux où les Prisonniers de guerre ont été employés et détenus.



   J'ai comparé plusieurs fichiers notamment celui des Archives du nord et du nord-est de la Bohême (www.soalitomerice.cz) et une liste accompagnant une carte exposées au musée des mines de Litvinov.

Carte (extrait) du musée des mines de Litvinov

Villages détruits - ou en partie -
à cause de l'exploitation minière

  1. Alt Wernsdorf (Staré Verneřice) 1959
  2. Arbesau (Varvažov) 1962 
  3. Auschine (Úžín) 1962
  4. Bartelsdorf (Dřínov) 1976
  5. Böhmisch Neudörfel (Český Újezd) ? 
  6. Borngrund (Studánka) 1971
  7. Briesen (Břežánky) 1964
  8. Brunnersdorf (Prunéřov) 1962
  9. Brüx (Most) 1966
  10. Chlumec (Střižovice) 1972
  11. Dehlau (Dolany) 1967
  12. Deutsch Kralupp (Kralupy u Chomutova) 1974
  13. Deutsch Neudörfel (Podhoří) 1961
  14. Deutsch Zlatnik (Slatinice) 1969
  15. Dörnsdorf (Dolina) 1979 
  16. Drohnitz (Drahonice) 1967
  17. Eisenberg (Jezeří) 1952
  18. Fleyh (Fláje) 1959
  19. Gestob (Ždov) ? 
  20. Grünwald (Pastviny) ?
  21. Hagensdorf (Ahníkov) 1983
  22. Hareth (Hořany) 1980
  23. Hegeholz (Hajniště) 1960
  24. Hegerhaus (Hájovna)  1979
  25. Herbitz (Hrbovice) 1989
  26. Herrlich (Hrdlovka) 1978
  27. Hettau (Hetov) 1967
  28. Holschitz (Holešice) 1979
  29. Hottowitz (Otovice) 1976
  30. Jungferndorf (Panenská) 1949
  31. Kaitz (Kyjice) 1974
  32. Kamnitz (Kamenice) 1970 
  33. Kommern (Komořany) 1985
  34. Kopitz (Kopisty) 1977
  35. Körbitz (Krbice) 1982 
  36. Kottowenka (Chotovenka) 1970
  37. Kudenitz (Chotěnice)  1967
  38. Kummerpursch (Konobrže) 1977
  39. Kunnersdorf (Kundratice) 1972
  40. Ladowitz (Ledvice) 1963
  41. Lametitz (Lomazice) 1967
  42. Lang Ugest (Jeníšův Újezd) 1975
  43. Liebisch (Libouš) 1979
  44. Lindau (Lipětín) ? 
  45. Liptitz (Liptice) 1974 
  46. Liquitz - autre nom Likwitz (Libkovice) 1990
  47. Liskowitz (Lyskovice) 1970
  48. Lochtschitz (Lochočice) 1976
  49. Luschitz (Lužice) 1967
  50. Maltheuern (Záluží) 1972 
  51. Michanitz (Michanice) 1955
  52. Milsau (Milžany) 1965 
  53. Naschau (Naší) 1981
  54. Negranitz (Nechranice) 1967
  55. Neudorf an der Biela (Nové Sedlo, autre nom Novosedly) 1966
  56. Niedergeorgenthal (Dolní Jiřetín)1983
  57. Niederleutensdorf (Dolní Litvínov) 1960 
  58. Nollendorf (Nakléřov) 1949
  59. Ojes (Újezd) près de Chomutov 1970
  60. Pahlet (Pohlody) 1977
  61. Paredl (Pařidla) 1969
  62. Plan (Pláň) 1955
  63. Poratsch (Pohradice) 1960
  64. Prahn (Brany) 1980
  65. Prenzig (Brančíky) 1980
  66. Preschen (Břešťany) 1965
  67. Pressnitz (Přisečnice) 1972
  68. Pröhl (Prahly) 1972
  69. Prösteritz (Přezetice) 1969
  70. Püllna (Bylany) 1977
  71. Radowesitz (Radovesíce) près de Teplice 1966
  72. ? ? ? ? ? ? ? ? (Roudná) 1967
  73. Reischdorf (Rusová) 1970
  74. Retschitz (Račice) 1981
  75. Rosenthal (Růžodol) 1959
  76. Seestadtl (Ervěnice) 1959
  77. Schichlitz (Žichlice) 1987 
  78. Schießglock (Třískolupy) 1972
  79. Schimberg (Podhůří) 1974
  80. Schönfeld (Tuchomyšl)1974
  81. Seidowitz (Židovice) près Most 1974
  82. Senseln (Zálužany) 1974
  83. Skyritz (Skyřice) 1965
  84. Sosau (Zásada) 1982
  85. Steinwasser (Kamenná Voda) 1973
  86. Stranitz (Stránce) 1971
  87. Strimitz (Střimice) 1960
  88. Tillisch (Dělouš) 1967
  89. Triebschitz (Třebušice) 1980
  90. Trinka (Dřínek) près deTeplice 1970
  91. Tschachwitz (Čachovice) 1965
  92. Tschausch (Souš) 1970
  93. Tschermich (Čermníky) 1965
  94. Tschöppern (Čepirohy) 1972
  95. Türmaul (Drmaly) 1975
  96. Tuschmitz (Tušimice) 1967
  97. Ugest jezd) près Teplice 1972 
  98. Ulbersdorf (Albrechtice) 1982
  99. Vierzehnhöfen (Čtrnáct Dvorů) 1982
  100. Welbuditz (Velebudice) 1960
  101. Wenzelsdorf (Ves Svatého Václava) ?
  102. Wernsdorf (Verneřov) 1988 
  103. Weschitz (Běšice) 1967 
  104. Wiklitz (Vyklice) 1979
  105. Wissotschan (Vysočany) 1974
  106. Wistritz (Bystřice) près de Chomutov 1965
  107. Würgnitz (Vrchnice) 1969 
  108. Würschen (Vršany) 1975

Nota
- lire ainsi : nom allemand (nom actuel) date de disparition.

   Certaines villes ont été rasées et reconstruites. C'est le cas de Most qui s'étendait jusqu'au milieu des années 70 à l'emplacement et aux abords de ce grand lac. 

Photo prise depuis le beffroi de l'église


L'église de l'Assomption de Most déplacée - sur des rails - de plus de 800 m en septembre 1975.
C'est tout ce qui reste de la vieille ville ...

Retrouvez les environs de Most sur cette carte avec modification des lieux de 1938 à 2013 :
http://gis.mesto-most.cz/mostdominulosti/index.html

Raisons diverses




     
  1. Althummel (Stará Homole)
  2. Burberg (Úhošť)
  3. Dürrkamnitz (Suchá Kamenice)
  4. Ebersdorf (Habartice)
  5. Emmanuelshof (Emanuelův Dvůr)
  6. Fugau (Fukov)
  7. Gabriellahütten (Gabrielina Huť)
  8. Gaischwitz (Kyšovice)
  9. Gross-Zinken (Velké Stínky)
  10. Hinter-Daubitz (Zadní Doubice)
  11. Hinter-Dittersbach (Zadní Jetřichovice)
  12. Höll (Peklo)
  13. Hundorf (Pohorsko)
  14. Josefswille (Mlatce)
  15. Katzendorf (Kocourkov)
  16. Kienhaid (Kienhaid)
  17. Klein Jober (Malá Javorská)
  18. Klein-Zinken (Malé Stínky)
  19. Kottowenka (Chotovenka)
  20. Kretscham (Krčma)
  21. Kröglitz (Chrást)
  22. Krupei (Krupá)
  23. Lerchenthal (Skřivánčí)
  24. Männelsdorf (Zvoníčkov)
  25. Matzdorf (Mackov)
  26. Müglitz (Mohelnice)
  27. Neudörfel (Nová Víska)
  28. Neu Gründl (Doly)
  29. Neuhof (Nový Dvůr)
  30. Neustadt (Nové Město)
  31. Neuwald (Nový Les)
  32. Ober Rebire (Horní Šebířov)
  33. Plan (Pláň)
  34. Pöllma (Podmilesy)
  35. Poppendörfel (Popovičky)
  36. Rabenstein (Havraní)
  37. Radowesitz (Radovesice)
  38. Reizenhain (Pohraniční)
  39. Schneppendorf (Sluková)
  40. Sobietitz (Sobětice)
  41. Tribischl (Třebiška)
  42. Trinka (Dřínek)
  43. Ullersdorf (Oldříš)
  44. Ulmbach (Jilmová)
  45. Vogelgesang (Ptačí)
  46. Wenkau (Venkov)
  47. Wilken (Vlkaň)
  48. Willersdorf (Nová Ves)
  49. Wittine (Vitín)
  50. Wohlau (Volyně)
  51. Wohnung (Vojnín)
  52. Zieberle (Úbočí)
Mine à Maltheuern (Záluží aujourd'hui)

Pour retrouver l'histoire de ces villages :
http://www.zanikleobce.cz/

Quant à cette carte, elle donne l'ensemble des villages disparus pour des raisons diverses et sur l'ensemble du territoire tchèque :



Clichés : Loïc Pinçon-Desaize (août 2014)
Carte : collection personnelle.