02 décembre 2010

Visite du camp par le CICR le 02 décembre 1940

   Le 02 décembre 1940, une délégation du CICR visite le camp principal du stalag IV C. Voici le rapport  (Mémorial de Caen avec le concours de Nathalie et André C.) :


Commandant du camp : major STOSSIER
Homme de confiance : sergent-chef SADRIN

   L'effectif total du camp est de :
- 18349 prisonniers de guerre français et de 30 belges.
- Au camp même ne se trouvent que 273 prisonniers ; tous les autres sont répartis dans 225 détachements de travail dont le plus grand groupe à, lui seul, 5800 hommes. A l'exception de 1000 prisonniers qui sont occupés à des travaux d'agriculture, tous les autres travaillent dans l'industrie, notamment dans les carrières de lignite.


Le camp :
- A été aménagé dans une ancienne fabrique récemment rénovée. L'éclairage est électrique et le chauffage central a été installé partout.

- Les dortoirs, qui peuvent loger une cinquantaine de prisonniers chacun, n'en abritent, en fait, qu'un nombre beaucoup plus restreint. Les couchettes, étagées sur 3 hauteurs, sont composées d'une paillasse et d'une couverture.

Nourriture :
- Les délégués ont goûté la nourriture et l'ont trouvée bonne et suffisante. Voir à ce sujet le menu ci-dessous  (copie en langue allemande jointe). Il est à noter que les prisonniers reçoivent des suppléments de nourriture qui sont proportionnés à la différence du travail qu'ils ont à fournir.

Menus du jeudi 21 au lundi 25 novembre 1940 

Habillement :
- Le camp dispose d'importantes réserves d'uniformes et de sous-vêtements. En revanche, les chaussures sont en mauvais état et il serait souhaitable qu'on leur en envoyât. A la fin de mois de novembre, les autorités du camp procédèrent à la distribution de souliers provenant de vieilles réserves.

- Un atelier, qui occupe 100 cordonniers et tailleurs a été mis sur pied.

Cantine :
- Des cantines ont été installées dans plusieurs détachements de travail, mais il n'y en a pas au camp même, car les prisonniers y sont trop peu nombreux. Toutefois, ces derniers ont la possibilité de faire acheter en ville, par les soldats de la garnison allemande, tout ce qu'ils désirent.

- Le cirage et 7 paquets de cigarettes "G.... " par mois sont distribués gratuitement par les autorités du camp.

- Une installation d'épouillement, qui fonctionne à la vapeur, a été aménagée au camp et dans les principaux détachements de travail. La vermine a presque totalement disparu.

- L'eau courante a été installée dans des locaux adjacents aux dortoirs. De plus, les prisonniers peuvent prendre une douche chaude par semaine.

L'infirmerie :
- Le camp ne possède qu'une infirmerie très petite où ne sont soignés que les malades très peu gravement atteints et les convalescents. Les cas les plus graves sont transférés au Lazaret (hôpital militaire) de Bilin que nos délégués n'ont pas visité et qui a été installé très récemment dans une grande villa. Ce lazaret, qui paraît être un modèle du genre, peut abriter 300 malades ; à la fin du mois de novembre, il n'en hébergeait qu'une centaine approximativement.

- Ont déjà été rapatriés : 250 prisonniers incapables de travailler ; 100 autres le seront prochainement.

- Quelques cas de scarlatine survinrent peu de temps après le passage de nos délégués. L'épidémie fut très rapidement enrayée.

Exercice du culte :
- Une quarantaine de prêtres-soldats sont répartis dans les divers détachements de travail et peuvent exercer librement leur activité. Ils collaborent également aux travaux de bureau.

- Une messe par semaine est dite au camp même.

Distractions intellectuelles :
- Les prisonniers ont à leur disposition un assez grand nombre de livres. Les autorités du camp ont acheté, il y a peu de temps, pour 4000 RM de livres de lecture et de délassement. Le service de distribution dans les détachements de travail fonctionne très bien.

- Les prisonniers d'un détachement de travail ont mis sur pied un orchestre complet dirigé par le directeur de l'orchestre de l'Opéra de Paris.

- Chaque dimanche, les prisonniers qui sont occupés dans les ateliers et les bureaux du camp peuvent faire une promenade dans la campagne, ce qu'ils paraissent apprécier beaucoup.

Discipline :
- Celle-ci paraît excellente et aucune plainte n'a été formulée à cet égard. Le commandant assura qu'il était très satisfait de la conduite des prisonniers et qu'il avait décidé de les récompenser pour la fête de Noël.

Solde :
- Les prisonniers qui sont occupés dans les détachements de travail reçoivent leur solde réglementaire. Ceux qui travaillent dans le camp même touchent 60 Pf par jour.

Correspondance :
- Les services postaux fonctionnent des plus normalement. Les paquets et les lettres sont distribués au plus tard le lendemain de leur arrivée. Les prisonniers peuvent écrire 2 lettres et 2 cartes par mois. Ils ont presque tous reçu des nouvelles de leur famille. Tous ont rempli la carte d'avis de capture.

- Quarante censeurs sont utilisés dans les bureaux.

- De très nombreux colis (2 wagons) ont été envoyés par la Croix-Rouge française de Paris ; ils contenaient des vivres, des vêtements chauds et du pain. En outre, de nombreux paquets provenant pour la plupart de Vichy et contenant principalement des étoffes et des sous-vêtements sont reçus tous les jours. Ces envois sont faits au nom du maréchal Pétain.

Assurance :
- Toute entreprise individuelle qui emploie des prisonniers est tenue de les assurer contre les accidents, au même taux que les ouvriers allemands. Les indemnités pour incapacité de travail et les rentes pour invalidité sont payées régulièrement et continueront à l'être lorsque le prisonnier sera rentré dans son pays.

Requêtes : 
- Les prisonniers n'ont pas de requêtes à présenter ; ils seraient heureux, toutefois, qu'une cantine soit aménagée dans le camp même. Des ballons de football et des jeux seraient reçu avec satisfaction. Le commandant du camp d'ailleurs est disposer à les acheter avec l'argent de la caisse.

- Nos délégués ont relevé qu'il serait urgent d'envoyer aux prisonniers de ce camp un certain nombre de bonnes paires de chaussures ainsi que de nombreuses paires de gants de travail, articles qu'il n'est pas possible de se procurer sur place.

Conclusions :
- Nos délégués ont relevé l'excellente organisation de ce camp ainsi que le bel esprit qui y règne. 

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