17 février 2014

Les amicales du kommando 459


Les amicales du kommando n°459, camp 17/18,
district de travail de « Brüx-Hydrierwerk » 



  L’important kommando n°459 comptait plusieurs milliers de prisonniers français (2700 hommes en juin 1943 et encore 2100 en avril 1944) qui étaient employés à différentes tâches auprès des entreprises chargées de la construction du complexe industriel de la société « Sudetenländische Treibstoffwerke AG » (S.T.W.), consistant au montage d’une usine d’hydrogénation. Les hommes occupaient le camp 17/18 qui jouxtait l’usine.

   Au delà des popotes, les hommes ont cherché à se retrouver ou à se regrouper par affinités régionales. René DUFOUR explique qu’à Brüx : « Dès le début, un rassemblement s’organisa de P.G. de la même région. C’est là que, oh ! surprise, je retrouve un camarade de ma commune : Félix RÉVEILLON ; un autre tout proche des Maillys en Côte-d'Or : Raymond JOVIGNOT. A partir de ce jour, nous nous rencontrerons chaque jour. Comme je ne fume pas, je leur partage mes cigarettes. Plus tard, je les ravitaillerai en pommes de terre. Nous parlons du pays, cela nous procure un grand réconfort. » Un autre témoin, Jean GIRARDIN, nous dira que dans le camp des Français (il faut entendre le camp 17/18), les prisonniers ont cherché à se rassembler par affinités régionales ou départementales pour lutter contre les difficultés de l’exil et le mal du pays. Malgré le nombre important de prisonniers au sein du camp 17/18, dispersés auprès d’une multitude d’entreprises associées au vaste chantier de l’usine, les hommes savaient se retrouver et des réunions de P.G. de même origine locale avaient lieu. Jean GIRARDIN se souvient des rassemblements à 10 ou 15 hommes de l’Aube où il retrouvait notamment un copain de Dampierre. Les nouvelles étaient échangées, surtout celles du pays qui parvenaient et transpiraient par le biais du courrier. Les réunions régionales, nous dira René DUFOUR, étaient annoncées par des affichettes au sein du camp et par le bouche à oreilles. Arthur GALLERON, originaire de Touraine et instituteur à Saint- Genouph (Indre-et-Loire) quand il est capturé en 1940 rapporte que des Amicales régionales se constituèrent au camp 17/18 de Brüx pour resserrer les liens entre prisonniers. C’est ainsi qu’une Amicale de Touraine fut créée en 1941. Arthur GALLERON fut du bureau dès sa création et elle continuera d’exister après guerre quand les prisonniers retrouveront leur province. Il précise : « A un moment donné, les Allemands demandèrent les noms des responsables. A partir de ce moment là, aucun communiqué ne parut dans le camp mais nous organisâmes des réunions, des concours de cartes, la galette des rois, etc. Cela nous permettait de nous communiquer les renseignements sur notre région, de mieux nous connaître et de se faire connaître les membres de nos familles de France qui, ainsi, pouvaient avoir des nouvelles les uns par les autres. »


A Brüx, au camp 17/18, affichée au mur, probablement dans le réfectoire, une carte de France des amicales du kommando n°459 avec, en vis-à-vis, un panneau avec la liste des villes, régions, provinces ou départements, pour lesquels il existait une amicale. On trouve ensuite les noms des animateurs puis deux colonnes de chiffres. La première correspond aux lieux de réunions (n° de la chambre, salle de service ou bibliothèque) et la seconde aux jours du mois au cours desquels les réunions se tenaient pour les différentes amicales. Judicieusement, il n'y a pas de recoupements pour les dates, ce qui avait probablement l'avantage pour un P.G. de participer à différentes réunions au cours du mois, selon ses origines, sans avoir à sélectionner l'une ou l'autre. Sur le mur, on peut noter aussi quelques blasons (parmi lesquels, sauf erreur de ma part, on reconnaît entre-autres les provinces du Roussillon, de la Savoie, du Poitou) ainsi qu’une photo ou un croquis évoquant "un coin de France…"

(Source cliché : archives et fonds documentaire d’Élie-Jean Pascaud, homme de confiance du Stalag IV C)

Tableau I : Retranscription des informations
disponibles sur le cliché

Villes, régions, provinces
ou départements
Animateurs
Chambres
Jour de réunion
Chtimis 
PLANÇON
96
8
Calvados 
LEBAR
48
5
Seine-et-Oise 
MOREAU
64
23
Manche 
MALLARD
42
19
Bretagne 
GABÉ
79
4
Loiret, Loir-et-Cher 
MAHU
77
16
Lorraine 
DESBUISSON
Salle de service
17
Yonne 
MAUBROU
91
28
Berry 
BEGUE
64
2
Haute-Marne 
GAUTHIER
Salle de service
12
Paris, 13, 14 et 15ème
BRIDIER
62
20
Touraine
GALLERON
93
25
Limousin 
LAURENT
62
14
Vendée 
FONTENEAU
Bibliothèque
26
Bourgogne 
JACQUEMIN
1
3
Vienne :
DEVERGNE
1
27
Charentes 
MAINARD
64
7
Seine-Inférieure (actuellement Seine-Maritime)
MORIN
Salle de service
22
Cantal
FORCE
28
6
Dordogne 
SUDREAU
65
9
Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées (actuellement Pyrénées-Atlantiques), Landes, Gers 
VALETTE
20
10
Alpes, Savoie, Ain 
PUICILLAND
61
1
Tarn 
BEZIAT
98
24
Loire 
FRANCAN
67
15
Rouen 
DUDOUT
72
21
Lot
SOUZAT
28
18
Isère, Rhône
GUILLOT
65
13


Informations complémentaires sur les amicales :

Les mentions disponibles sur le tableau permettent d’identifier formellement certains des animateurs de ces différentes amicales. Les informations suivies d’un astérisque proviennent des renseignements fournis par le blog.

Amicale "Chtimis" : l’animateur est de toute évidence Marcel PLANÇON.* Sous le vocable "Chtimis", en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l'Aisne et de l'Oise.

Amicale de la Seine-et-Oise : l’animateur est certainement Christian MOREAU, matricule 27258/Stalag III B, soldat/1er régiment d'infanterie, menuisier, Houilles (Yvelines).*

Amicale de Bretagne : l’animateur est bien entendu Maurice GABÉ. En comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre les quatre départements bretons et la Loire-Atlantique (à l’époque Loire-Inférieure).

Amicale du Loiret et du Loir-et-Cher : il existait deux patronymes MAHU : Daniel né le 29/08/1901 et Alcide né le 21/05/1905, tous les deux à Chitenay (Loir-et-Cher), immatriculés au Stalag IV B ; le premier était 2ème et le second 1ère classe. Tous deux appartenaient au 405ème régiment de pionniers.

Amicale de Lorraine : en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre Meurthe-et-Moselle, Meuse et Vosges.

Amicale du Berry : l’animateur est très probablement Gérard BEGUE, né le 18/08/1912 à Romorantin (Loir-et-Cher), 2ème classe, immatriculé au Stalag IV B, ayant appartenu au 405ème régiment de pionniers. En comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre sous le vocable « Berry », les départements du Cher et de l'Indre.

Amicale de la Haute-Marne : l’animateur est très probablement Émile GAUTHIER.*

Amicale de Paris (13, 14 et 15ème) : l’animateur est Joseph BRIDIER, matricule n°37875/Stalag IV B, 1ère classe/295ème régiment d’infanterie, commerçant, Paris XIVe.*

Amicale de Touraine : l’animateur est bien entendu Arthur GALLERON, matricule 56724/IV A, 1ère classe/112ème régiment d’artillerie lourde, instituteur, Saint Genouph (Indre-et-Loire). Par Touraine et en liaison avec la carte, il faut comprendre l'Indre-et-Loire.*

Amicale du Limousin : par comparaison avec la carte de France associée, il faut comprendre les départements de la Creuse et la Haute-Vienne.

Amicale de la Vendée : il s'agit bien entendu de Joseph FONTENEAU, relieur et bibliothécaire au kommando n°459. Il était originaire de Cugand (Vendée) et réunissait ses compagnons PG vendéens à la bibliothèque le 26 de chaque mois !

Amicale Bourgogne : en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre Côte-d'Or et Saône-et-Loire (l'Yonne possède une amicale départementale).

Amicale de la Seine-Inférieure (actuellement Seine-Maritime) : l’animateur est très probablement Albert MORIN.*

Amicale de la Dordogne : l’animateur est bien entendu Pierre SUDREAU, matricule 56676/Stalag IV B, soldat/112ème régiment d'artillerie lourde, voyageur de commerce, Périgueux (Dordogne).*

Amicale Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées (actuellement Pyrénées-Atlantiques), Landes, Gers : en comparant avec la carte de France, il faut probablement rajouter la Haute-Garonne à cette liste.

Amicale des « Alpes, Savoie, Ain » : en comparant avec la carte de France jointe, il faut comprendre Ain, Savoie, Haute-Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes.

Amicale de l’Isère et du Rhône : l’animateur est Mario GUILLOT, matricule 10945/Frontstalag 133, Brüx, soldat/2ème RR (régiment régional [infanterie]), directeur de scierie, Lyon (Rhône).*


François Léger
Le 11 février 2014


11 février 2014

Élie-Jean PASCAUD, homme de confiance principal


Élie-Jean PASCAUD
dernier homme de confiance principal



   Élie-Jean PASCAUD voit le jour le 29 juin 1908 à La Châtre (Indre), ville où son père exerce la profession de cordonnier.

   A l'âge adulte, il part vivre à Paris et devient notamment clerc d'huissier.

   Le 2 septembre 1939, 1er jour de la mobilisation, il rejoint le  460e Régiment de Pionniers qui se trouve alors sur la Ligne Maginot.  Au printemps 40, il combat l'ennemi durant de longs jours. Sa vaillance sera récompensée par la Croix du Combattant.

   
   Le 16 mai 1940, il est fait prisonnier à Givron (Ardennes). Transféré vers l'Allemagne, dans un convoi de plus de soixante-dix wagons à bestiaux, il est immatriculé au IV B sous le n° 34 288 et envoyé, le 24 juin 1940, au kommando de Trebsen/Mulde (IV G). 


   C'est à Trebsen, sur ordres des Allemands, qu'il cloue au pied de son lit une fiche où il note ses nom, prénom et matricule. Cette fiche est réalisée sur le carton d'un paquet de cigarettes où, sur le recto (ci-contre), on peut encore lire :


Ci-gît, 8 heures par nuit, PASCAUD Élie-Jean, enlevé à l'affection des siens le 16 mai 1940 - K.G.n° 34288 - Priez pour son proche retour à la vie civile. --- collaborationnistes et ...(illisible) suivi des 2 dessins...
   Au verso cette mention :


   Le dessin représente le désir français tant de fois exprimé "Dans l'dos la balayette (sous entendu) ils l'auront". 

L'autre rappelle l'histoire de l'Alsacien auquel un officier allemand avait arraché un poil de sa barbe et lui avait dit "Puisque vous prétendez que les Français peuvent faire tout avec rien, faites donc quelque chose avec ça". Et l'Alsacien quelques instants après lui remit le poil aux extrémités duquel il avait fixé deux boules représentant l'une l'Alsace, l'autre la Lorraine avec la mention : "Vous ne les tenez que par un fil !" 
   
Élie-Jean PASCAUD, en 1941, lors d'une
représentation au cabaret "Chez Prosper"

   Muté au stalag IV C en août 1941, il est affecté à Sporitz I (district de Komotau). Dans ce camp, il fait partie de la troupe du cabaret "Chez Prosper" et travaille pour la firme Poldi-Hutte.

   Il prend les fonctions d'homme de confiance de son kommando début 42 puis devient le responsable du district en octobre de la même année. Le 19 mai 1943 il est muté pour devenir l'homme de confiance du district de Tetschen. En août, il devient adjoint à l'homme de confiance principal du IV C, André LEFÈVRE, puis le remplace le 9 décembre 1943.

   Pour faciliter ses rapports avec les autorités allemandes et lui donner une plus grande autorité, également pour éviter qu'il  se retrouve au travail auquel il est normalement astreint - puisque simple soldat -,  l'ambassadeur Scapini le nomme rapidement au grade d'adjudant " à titre fictif et sans solde".

   Il est toujours en fonction le 8 mai 1945 lorsque le stalag IV C est libéré par les troupes russes. Avec le concours de son équipe il organise et coordonne alors le rapatriement de tous les P.G., Requis du S.T.O., Transformés et Déportés politiques français  qui se trouvent stationnés, ou en transit, sur le territoire du IV C. Au milieu de l'été, les membres de "l'équipe Pascaud" ont été, à leur tour, rapatriés. Il ne reste que deux braves : PASCAUD et VERGEREAU et leur mission va encore durer...

   

Devant la voiture de
la "Mission française" 



   Il y a en effet beaucoup de retardataires et de nombreux problèmes se posent (notamment le cas de ces femmes enceintes ou ayant eu un enfant d'un P.G. qui sollicitent l'accueil de la France), dans ce territoire désormais sous occupation russe et non encore contrôlé par le nouveau gouvernement du Président Edvard Benes.

   


   
L'ordre de mission délivré par les
autorités pour sa fin de séjour
  Rapidement au courant de cette situation très spéciale et apparemment satisfaits des résultats jusqu'alors obtenus, du fait même de leur parfaite connaissance du pays et de la sympathie accordée par le peuple tchèque, les services officiels français de Prague (Mission française de rapatriement, Ambassade, Consulat, Sécurité militaire, Attaché militaire) demandèrent aux deux hommes de poursuivre son travail. Bien entendu, ils acceptèrent, pensant que tout allait se terminer très vite. Pour assurer les missions importantes, PASCAUD fut alors promu lieutenant et Charles VERGEREAU, sous-lieutenant.



   Les semaines puis les mois passèrent ...
En novembre 45, soit six mois après la fin des hostilités, la mission se termina, enfin. Il restait alors à préparer les caisses d'archives et de documents (à l'exception des documents sans doute compromettants - que les membres de la Kommandantur avaient brûlé dans la nuit du 7 au 8 mai 1945) qu'ils  avaient amassé consciencieusement au cours de leurs longs mois de "'rabiot" afin de les expédier au siège de l'Amicale du IV C à Paris.

   Le rapatriement des deux hommes fut enfin fixé et, le 22 février 1946, ils prirent place dans un convoi militaire tchèque sans qu'aucune autorité ne vint les saluer et les remercier. Mais il y avait peut-être une raison à cela...
En effet, au lieu des couchettes annoncées et promises pour leur retour en France, ils voyagèrent dans de vulgaires wagons à bestiaux (comme en 40 !), mélangés à de nombreux étrangers.
Ils arrivèrent à Paris, gare de l'Est, dans la nuit du 23 au 24 février, "sales comme des porcs" car en deux jours de voyage ils avaient simplement lavé leur visage avec un peu de neige lors d'un bref arrêt du train.

   Les formalités de libération effectuées, PASCAUD arriva enfin chez lui. Il était parti du même endroit le 2 septembre 1939...

Il est important de noter que la mission poursuivie par Élie-Jean PASCAUD et ses camarades fut complètement bénévole. Tous ont refusé toutes les offres de rétributions et de récompenses. Élie-Jean ira même jusqu'à refuser, plus tard, la Légion d'Honneur !





    Voici un résumé de sa vie, tel qu'il l'a écrit :

Les tribulations de Jean Lekont-Fierdelaitre

Fils d'un bottier-cordonnier et petit-fils d'un sabotier creusois,
Berrichon d'origine (1908/1922), Parisien d'adoption (1922/1970), St Michelois d'occasion (1971/...),  Creusois de cœur.

Connut deux guerres mondiales, fit la seconde, fut embarbelisé pendant cinq ans sous l'appellation contrôlée - ô combien - de "trentecate-mildeuçan-catrevinhuit" (catebé - categé - catecé) - fut placé sous le signe cabalistique "ahop fortra osmare".
Parti timidement, contraint et forcé pour "la grande aventure" le 1er septembre 1939, réintégra discrètement ses pénates, en catimini, fauché et sans situation, le 24 février 1946, date à partir de laquelle il devint - fatal et curieux destin - "prisonnier de sa captivité", affection envahissante dont il ne devait jamais guérir, mais qui - en dehors des périodes de manque - comme tout vice incurable, lui donna, quelques mystérieuses et platoniques satisfactions que lui seul put apprécier et savourer en connaissance.


À son retour, Élie-Jean PASCAUD va reprendre ses activités et continuer à habiter rue du Cloître-Notre-Dame à Paris. Conjointement, il assure la présidence de l'Amicale du IV C durant plusieurs décennies...

Admis à la retraite il s'installe à St Michel-sur-Orge (91240) et c'est durant l'été 2003 qu'il s'éteint à l'âge de 95 ans. 

Respect, Monsieur PASCAUD !



Texte rédigé d'après les archives d'Élie-Jean PASCAUD.
Documents : collection Pascaud

10 février 2014

La croix de bois, poème

La croix de bois 


Voici le cimetière où règne un lourd silence ...
Dans un coin, oubliée, une modeste croix ;
Ici repose, obscur, un "petit gars" de France.
Les noms sont effacés ou presque sur le bois.

Cimetière d'Aussig (quartier des P.G. français)

Tu t'en fus à l'assaut un jour, brave et superbe,
Rageuse, la mitraille éclaircissait les rangs,
Une balle t'atteint en plein cœur et sur l'herbe
Tu exhales en tombant le râle des mourants.

Chaque jour sur le seuil, guettent la mort dans l'âme,
Accrochés à l'espoir d'une lettre en retard,
Des larmes plein les yeux, tes enfants et ta femme...
Mais la Parque passant... a réclamé sa part.

Ta veuve désormais au souvenir fidèle
Joignant de tes petits les mains entre ses doigts,
Leur apprend à prier dans la pauvre chapelle
Pour celui qui sommeille à l'ombre de la croix ...

Henri GIRAUD, décembre 1941


Henri GIRAUD "croqué"
par Adrien CORNELOUP

Sources : archives Pascaud


05 février 2014

Jean-Marie CORBE, portrait


Le Révérend Père Jean-Marie CORBE  


   Jean-Marie CORBE est né en 1908 à Sens-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Professeur de sciences, il est capturé le 21 juin 1940 à St Dié (Vosges). Immatriculé au Stalag X B sous le numéro 62183 il rejoint le B.A.B. 27 en août 1941. Son Bataillon - dont il est l'aumônier - arrive en février 1942 au camp 17/18 de Brüx.

   Ses démêlés avec les Allemands, ses conférences variées, ses extraordinaires "bouthéons", son activité débordante, son érudition exceptionnelle, en un mot sa personnalité originale et marquante, le rendirent célèbre au sein du kommando 459.

   Il est reparti durant l'été 43, avec son bataillon pour Friedrichshafen (Wehrkreis V).

   Il gardera des attaches très fortes avec le Stalag IV C puisqu'après la guerre il publiera de nombreux articles dans le journal de l'Amicale "Échos du IV C".

   

J.M. CORBE, fléché, avec l'équipe de foot du B.A.B.27

   Paul PATTIER, du kommando 459, qui l'a côtoyé au camp 17/18 écrira à son sujet :

   "Il y avait le R.P. Corbe, dont l'impressionnante auréole d'omniscience s'adoucissait d'inénarrable popularité, 
Et qui était le grand diseur des bobards de qualité, 
Qui nous parlait tour à tour de l'évolution, du principe de causalité ou de Charles Trénet, 
Et dont l'allant, le dynamisme et la sportivité, irrésistiblement vous entraînaient."

   Charles PATOZ, quant à lui, a réalisé un portrait de notre P.G. :



   "J. CORBE ? Un cas curieux de dédoublement de la personnalité. Le révérend est en effet un savant qui pourrait, avec quelque chance de succès semble-t-il, se poser en concurrent sérieux du Prix Courteline.

   Du prêtre, il a gardé l'érudition et l'esprit de dévouement. Du professeur, il a conservé l'art de rendre intelligible les phénomènes. De l'humoriste, il possède l'art de conter la gaudriole, et surtout celui d'exploiter la blague à froid.

   S'il commence un point d'exégèse, son visage prend la gravité du prédicateur mais cette impression demeure fugitive, car bientôt, sous les cheveux qui déjà, blanchissent, le masque resté jeune, s'éclaire de malice. Et Jean Corbe, sous le sceau du secret, en raconte une bien bonne qui, naturellement fait aussitôt le tour du Kommando.
J.M. CORBE vu par Paul-Robert BON



   Parmi nous, s'il en est d'aucuns ayant le désir d'être documentés sur la situation internationale, qu'ils s'en réfèrent aux rumeurs du camp. 
   Nombreux sont les augures qui puisent leurs renseignements à bonne source ! "C'est le Père Corbe qui me l'a dit...".

   Vous l'avez laissé dans un cercle d'admirateurs, analysant les données de Saint-Anselme lorsque vous revenez sa voix est plus ardente, un profane serait surpris d'apprendre qu'il parle de l'épicurien abbé de Grécourt. "Il est vrai, pensera le vulgaire, que nous n'avons pas quitté le domaine de l'apologétique".


   Son violon d'Ingres est le chant. C'est à ce titre, que, dans un but très louable de synthèse théologale et rationnelle, il n'hésite pas à prendre une part active aux chœurs qui braillent d'un timbre faux, mais convaincu, les strophes édifiantes du "kyrie des Moines" ou du "Père Dupanloup".

   Qu'on ne me fasse pas dire surtout que le R.P. Corbe n'est qu'un doux fumiste. C'est un philosophe. Un évolutionniste, déraciné de son milieu d'origine, qui a réalisé la meilleure forme d'adaptation au climat déprimant de la captivité. Il a tant fait pour nous, que son ange gardien saura certainement très facilement obtenir l'oubli de ces vétilles.
Pax hominibus bonae volontatis ..."
signé : Charles Patoz


Sources : documentation et retranscription de François Léger, que je remercie pour son concours. Compléments (photos, caricature) : archives PASCAUD.


04 février 2014

Recherche familles d'ex-P.G. français


   Élie-Jean PASCAUD est rentré de captivité avec les archives du stalag IV C et des milliers de fiches dites "personalkartes".



    Après la guerre, le bureau de l'Amicale du IV C proposait aux anciens P.G. de leur envoyer la photo "made in Germany" apposée sur le document contre un don pour les orphelins.


    J'ai retrouvé quelques cartes et photos et, déjà, j'ai pu en transmettre quelques unes à des enfants d'anciens prisonniers après des recherches simples sur le net ou l'annuaire téléphonique.

   Si vous reconnaissez là un parent, un ancien voisin ... prenez contact.

    Les cartes et photos non identifiées - voir ci-dessous - ont été reversées au P.A.V.C.C de Caen en juin 2016.

    Contactez le P.A.V.C.C. pour obtenir copies des dossiers concernant ces personnes (je peux aussi vous fournir quelques infos).

Eugène ARNAUD
 né 1912 St Chamond  (42)
Louis BERTINO
 né 1917 Avignon (84)

Marcel BOURREAU
né 1906 Contivoir (37)
Eugène BASCHARD
 né 1901 Blois (41)

Louis CLERGUE
né 1906 Montpellier (34)
(famille retrouvée)
Gaston ANTOINE
né 1912 Ste Marguerite (88)


Eugène GUÉGAN,
 né 1916 Le Palais (56)


Isidore DEDIEU,
né 1919 Lezat/Leze (09
)
Benjamin CATUGIER
né 1913 Bobigny (92)

René MOUREY
né  1911 Fougerolles (71)














Albert MIRONNET
né 1909 Le Hâvre (76)
(Transmise à son fils)




Émile NEY,
né 1914 Château-Thierry (02)
Marie-Joseph BILLAUD
né 1911 St Paul en Pareds (85
)













Léon BOUVIER
né 1919 St Denoual (22)
Fernand BRENDEL,
né 1905 St Dié (88)













Claude GOUYETTE
habitait Tréboul (29) en 1952
Louis SAUNAL, né
1907 Rodez (12)
 (transmise à Ronald K. dont la mère
était sa marraine de guerre)







Georges HERLIN
né 1914 à Paris 14