Aux prises avec l'Abwehr
par le révérend père Jean-Marie CORBE
(articles publiés dans les "Échos du IV C",
journal de l'Amicale, entre octobre 1947 et avril 1948)
C'est une histoire riche en péripéties, qui se passait aux mois d'avril-mai 1943. Vous vous souvenez (il s'adresse à ses compagnons d'infortune au sein de l'important Kommando 459 de Brüx Hydrierwerk - NDLR) qu'à cette époque, l'Abwehr, [1] qui n'avait jamais eu en particulière estime les prêtres prisonniers, les accabla alors de tracasseries et d'interrogatoires.
Mon tour vint donc aussi. Je souligne, en passant, qu'étant aumônier du B.A.B. 27, [2] je ne relevais pas, administrativement, du Stalag IV C, et que la surveillance de ma précieuse et dangereuse personne incombait aux officiers et Sonderführer de mon bataillon.
Or, voilà qu'un jour - c'était, si j'ai bonne souvenance, le mardi 6 avril - deux Sonderführer du B.A.B. 27 font irruption inopinément dans la chambre des infirmiers du Camp B [3] où je logeais. C'étaient le jeune Doerrer, que nous appelions par son prénom, Georges, et un nouveau venu à la gueule peu sympathique, un certain Schmeer, que je sus plus tard, être responsable de la démarche. Georges s'adresse à nous :
- Voudriez-vous avoir l'obligeance d'évacuer cette pièce.
J'en connais qui sentirent passer un petit vent froid plus bas que les épaules, bien que le soleil fut riant et l'air très calme ; c'est que notre home était truqué comme une boîte à malices : il y avait des fausses pièces d'identité dans les montants des lits en tubes de fer, ainsi que d'assez fortes sommes en "argent civil", des vestons et des pantalons civils entre les doubles cloisons, des casquettes et des cravates dans certaines paillasses... et cette intrusion inopinée se présentait comme une fouille de type courant !
Le mieux était de ne pas laisser paraître notre émoi ; tout le monde se prépare donc à sortir, pour obtempérer. J'empoigne un livre, jette ma capote sur mes épaules pour aller m'allonger au soleil ; mais un :
- Non, pas vous ! me retient.
- Alors, dis-je, c'est pour moi que vous êtes venus. De quoi s'agit-il ?
Georges attend que tout le monde soit sorti, puis me dit sans ménagement :
- J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer.
Ce n'était pas un deuil ; l'homme de confiance aurait hérité de la corvée ! Mais alors quoi ?
- Dans ce cas, permettez que je m'assoie, et je m'appuie sur le bas de mon lit.
- Voilà ! Désormais vous n'êtes plus Prieser du Bataillon 27.
J'avais l'habitude de ces décisions imprévues ; je souris.
- Quel est l'évêque qui a pris cette décision ?
- C'est sérieux, me dit Georges, et vous devrez rendre au Bataillon tous les instruments du culte !
Comme ça, sans enquête, sur un soupçon ou un racontar, dont j'ignorais tout, je pouvais être déclaré "suspens". Je ne voulus pas marcher.
- Est-ce le major Wirthmann (commandant le B.A.B. 27) qui a décidé cela ?
- Je ne puis pas vous dire, qui l'a décidé, je dois seulement vous le notifier, me fait Georges, visiblement embêté.
- C'est bien ! dis-je, mais je proteste contre l'arbitraire d'une décision sans jugement.
Schmeer, qui n'avait encore rien dit, intervient alors :
- Nous rendrons compte de tout ce que vous aurez dit ou fait !
La provocation était évidente dans le ton de sa voix ; on sentait qu'il n'avait pas l'habitude qu'on lui résistât.
- Vous aurez matière à un long rapport, dans ce cas, repris-je, car je refuse absolument de vous remettre les "instruments" du culte, comme vous le dites.
- Pourquoi cela ? demande Georges
- Parce que le Bataillon n'a aucun droit de les réclamer. Les ornements nous ont été remis directement par les Capucins de Brüx ; s'ils doivent être rendus, c'est moi-même qui les leur rendrai, car j'en ai la garde personnellement. Les livres qui me sont adressés de France, par l'Aumônerie Générale des P.G. [4] sont tous passés à la censure, et vous n'avez aucun motif de les reprendre. Ce qui vous intéresse le plus, c'est sans doute le vin de messe ; je regrette, mais je ne puis vous le rendre, car, même si je n'ai plus le droit de célébrer la messe en public, personne ne peut m'empêcher de la dire en particulier, du moins jusqu'à nouvel ordre.
Je sentais que Schmeer aurait bien voulu intervenir, mais Georges reprit tout de suite, comme pour s'excuser d'avoir à s'acquitter d'une fâcheuse besogne :
- D'ailleurs, vous pouvez toujours continuer vos conférences.
Ce qui m'étonna quelque peu, mais je répondis goguenard :
- Je vous remercie, messieurs, et ils se retirèrent.
Le temps de rassurer les copains de la chambre 94, qui se demandaient ce qui s'était passé, et je cours au bureau d'Ondel, [5] pour savoir si le commandant du camp n'avait rien envoyé me concernant. Tout juste ! Hellwig, un autre Sonderführer, dont nous n'avions à dire que du bien, venait de déposer un papier ainsi qu'un libellé : "Les aumôniers des Bataillons 4, 27 et 33 ne devront plus, désormais, prendre la parole en public dans les cérémonies religieuses. Ils devront se contenter de "faire" la messe. Si, cependant, ils avaient à faire, à leurs camarades, une communication concernant le culte, ils devraient en avertir M. le commandant du camp, en indiquant l'heure. Signé : Schwalb".
Je relis le papier : "Les Aumôniers " ? J'étais le seul.
On me demandait, en somme, de me conformer aux dispositions de la Convention de Genève [6], le commandant du camp ayant droit de regard sur tout ce qui se fait à l'intérieur de son Lager (camp NDLR). C'était un simple rappel du statuo quo : chaque vendredi, je remettais entre les mains de l'homme de confiance un programme (restreint !) des activités religieuses de la semaine, et j'étais en règle, le père Schwalb aussi ; j'aurais été mal inspiré de vouloir me soustraire à cette formalité, car le "vieux" était très compréhensif, même courtois avec nous.
Ainsi, à quelques minutes d'intervalle, deux décisions opposées venaient de m'être notifiées, par deux autorités différentes : le B.A.B. 27 en l'espèce le Sonderführer Schmeer (resté dans la coulisse mais véritable instigateur), me retirait mes fonctions religieuses ; le Lagerführer du Kommando 459 [7] me les confirmait au contraire en me rappelant la règle du jeu. Deux minutes de réflexion me mirent devant cette évidence que ni l'un, ni l'autre n'avait pris de lui-même l'initiative qui me concernait : ils n'avaient fait qu' interpréter un ordre venu d'ailleurs. Mais d'où ? Cela ne pouvait être que du Stalag IV C.
J'en eux la confirmation immédiate en me rendant à la poste, où je trouvai un autre interprète, le Sonderführer Bauer, dit "Thérèse", dit "La Brune", en raison de certaines... je n'insiste pas !
- Monsieur Corbe, me dit "Thérèse" en faisant des grâces et des minauderies, il est arrivé de Wistritz, ce matin, un pli vous concernant. C'était marqué "secret", et je ne sais pas ce qu'il contenait.
Cela me suffisait et je lui dis merci pour le renseignement. A peine rentré, je pris ma plus belle plume, et écrivis le "poulet" suivant :
" Le P.G. CORBE Jean, 62.183/X B, à Monsieur l'Abwehroffizier du Stalag IV C, Wistritz.
" Très étonné de la décision prise à mon endroit, j'ai l'honneur de vous demander de vouloir bien faire une enquête approfondie sur ce sujet. Je déclare prêt à vous fournir tous renseignements qu'il vous plaira de me demander." Et je signe.
C'était peut-être osé de ma part, mais j'aurais bien voulu savoir ce que l'on me reprochait... Mon papier passe au bureau de Schwalb, puis à celui du B.A.B. 27 et s'achemine sur Wistritz. Le vendredi suivant, 9 avril, la réponse vient du IV C : "Interdiction de toute activité dans le camp".
Cette fois la situation était claire : on avait voulu frapper un grand coup. J'étais knock-down, mais pas encore pour le compte !
Tout de même, une chose était à éviter ; c'était de me mettre en défaut. D'accord, avec le Père LE GALL [8], du Camp A, il fut résolu que, le dimanche suivant, je ne prendrais pas la parole ni ne chanterais la grand'messe, comme je devais le faire. Je me contentai donc de "tenir les orgues", en l'espèce le piano de l'orchestre et de diriger le chant. Dans le même temps, tout en réfléchissant à ce que l'Abwehr pouvait bien me vouloir, j'avais abandonné mes cours du soir au certificat d'études, les conférences, les réunions diverses, et j'avais dû en donner les raisons aux copains ; je les invitais au calme, espérant une prompte convocation devant le Haupmann Jähkel.
Le vendredi suivant, jour où devait être remis le programme religieux pour la semaine à venir, je vais trouver Schwalb et lui explique que cela ne pouvait plus durer comme cela. Je lui demande ce qu'il en pense, il me répond :
- A mon avis, c'est le résultat de calomnies à votre sujet. Lisez : "lettres, anonymes de petits potes qui songeaient à la relève". Et il ajoute :
- Je vous prie de croire, que je le déplore et que je n'y suis pour rien !
Je m'en doutais bien que ce n'était pas sa faute, à lui ; mais j'aurais voulu savoir quoi faire. Il me conseilla de rédiger un rapport détaillé sur mes activités dans le camp et de l'envoyer à Wistritz, accompagné d'une appréciation sur mon compte, qu'il se proposa de faire signer par tous les interprètes allemands qui me connaissaient.
J'acceptai la suggestion ; mais pour l'immédiat ? Le surlendemain était un dimanche, c'était mon tour de prêcher, il fallait calmer les mécontentements qui grossissaient.
- Faites comme vous voudrez, me dit-il, que tout se passe dans l'ordre ; je ne veux rien voir !
Le brave homme !
Échos du IV C n° 7 - septembre 1947 -
Voici donc comment se présentait pour moi la situation en cette mi-avril 1943 : interdit de "toutes fonctions à l'intérieur du camp", par ordre du Hauptman Jähkel, Abwehroffizier de Wistritz, j'avais reçu du Hauptman Schwalb, commandant le Kdo 459, de n'être pas inquiété si, tenant pour nulle et non-avenue cette sanction extra-judiciaire, l'exercice de mes fonctions ne causait pas de trouble dans le camp.
Ô diplomatie !...
Au jour des Rameaux, donc, je chantai la Grand'Messe et prêchai prenant sujet des difficultés que le Christ avait eues avec les "autorités détentrices" pour expliquer aux copains de quoi il retournait en l'occurrence, et les inviter au calme. "Tout se tassera !" Telle fut, à peu près, ma conclusion.
J'en avais la certitude intime que tout se tasserait ; mais je me demandais bien par quels cheminements, et sur quelles bases je pourrais établir ma stratégie ; jour après jour, je retournais en esprit et ruminais des pensées diverses autour de ce thème : "Que me veulent-ils ? Que savent-ils ou que croient-ils savoir sur mon compte ?"
Le capitaine Schwalb, d'accord en cela avec les interprètes Hellwig et Renner, m'avait conseillé de rédiger un rapport sur les multiples occupations que j'avais dans le camp. Quoique plus détaillé, ce rapport affecta l'allure impersonnelle et administrative de celui du 6 avril. J'y notais, pour chaque jour de la semaine, les réunions auxquelles je participais :
- lundi : cours de sciences pour les candidats au certificat d'études ;
- mardi : réunion R.P.G. (??), causeries morales, sociales, voire économiques ;
- mercredi : causeries scientifiques (si ce n'était pas une conférence-récital sur Charles Trénet) ;
- jeudi : présentation de concert, quand cela se trouvait ;
- vendredi : rien ! - ils n'avaient pas besoin de savoir que ce jour là, d'ordinaire, avaient lieu nos cercles d'études d'Action catholique ; ils l'ignorèrent d'ailleurs jusqu'à la fin ;
- samedi : relâche, pour la lessive et les confessions (c'est encore un genre de lessive !)
C'est le 19 avril, je crois, que je portai ce memorandum au bureau de Schwalb, qui me fit lire un rapport sur mon compte, rédigé par Hellwig, si j'ai bonne souvenance, et signé de onze Sonderführer de trois Bataillons, ceux qui me connaissaient le mieux ; rapport dithyrambique où l'on trouvait pas assez de mots, ni assez flatteurs, pour dire que j'étais le merle blanc, l'incomparable... et tout, et tout ; bref, une espèce de Messie !
Je n'aurais pas voulu, oh ! pour rien au monde, que ce rapport fût rendu public dans le camp ; je ne me connaissais pas d'ennemis à Brüx, mais je crois que ce "poulet" (pas toi, le Grand !...) aurait pu me compromettre dans l'esprit de plusieurs.
Voilà donc les deux papiers, le mien et celui des interprètes, acheminés sur Wistritz. Mais Wistritz faisait le mort, imperturbablement. Pas le moindre souffle, d'aménité ou de colère, parti du Stalag, ne vint agiter les feuilles des maigres tilleuls qui végétaient chichement sur la place Parmentier [9] (qui n'était pas encore baptisée), ni détourner la suave et pénétrante odeur de "merde de chat" que le vent de Nord-Est rabattait périodiquement de l'usine sur le camp. J'en étais pour mes frais d'encre et de papier et l'activité phosphorée de ma substance grise s'était dépensée gratuitement.
Il fallait autre chose - en tout cas quelque chose. Mais quoi !...
Un après-midi que j'invoquais Machiavel en me grattant l'occiput, ce qui est pour moi la marque d'une attention concentrée, j'eus une inspiration ; répondant à mes imprécations, Machiavel venait à la rescousse. Vous ne vous doutiez pas, mes chers amis du 459, lorsque nous faisions ensemble le Chemin de la Croix dans le réfectoire de la Kantine B, en ce Vendredi Saint 1943, vous ne pouviez pas alors vous douter que je mûrissais sous mon calot une combinaison inspirée par l'immortel auteur d' Il Principe.
Échos du IV C n° 8 - octobre 1947
C'est un petit jeu très récréatif et bon marché : il consiste à mettre en présence du même os ("libre" évidemment - les rédacteurs se chargeront de réclamer à Pierre Dac une indemnité publicitaire), en présence du même os ("libre") disais-je, deux chiens affamés ; ça ne loupe jamais, essayez : pendant qu'ils se bagarrent on compte les points.
Voici donc ce que j'avais élucubré, et le succès devait passer toutes mes prévisions. Me trouvant sur le territoire du IV C, l'officier d'Abwehr du Stalag avait droit de contrôle sur moi et sur mon comportement : il venait même d'affirmer ce droit d'une manière quelque peu brutale ; mais, d'autre part, je relevais du B.A.B. 27 qui, lui aussi, comptait un Abwehroffizier dans son État-Major, et ce dernier devait bien avoir, pensais-je, quelque prétention à régenter ma conduite. J'avais les deux chiens nécessaires pour le "petit jeu récréatif et bon marché", - l'os ("libre"), c'était moi. Ou plutôt non : moi, j'allais être la galerie et l'os ("libre") serait le débat en cours.
Un point cependant me demeurait obscur, et je me demandais s'il ne constituait pas le point faible de mon échafaudage : puisque la décision du IV C m'avait été signifiée par deux Sonderführer du B.A.B. 27, cela ne signifiait-il pas que les deux officiers d'Abwehr étaient "de mèche" pour me faire la vacherie ? On allait bien voir, après tout !
Je demandais à Roger MORÉ-PHILIP [10], mon Vertrauensmann d'alors, de m'accompagner au Stab (bar - NDLR) du B.A.B. 27 pour voir le major Wirthmann ou son Abwehroffizier. Mais ces deux messieurs étaient en Urlaub (Vacances, permission - NDLR) pour 14 jours, à l'occasion des fêtes pascales. Je dus attendre leur retour pour mettre en marche ma petite affaire. C'est le vendredi 7 mai, que jaillit l'étincelle !... et ça fit du bruit ! Quelle étincelle, mes amis !
J'eus la chance de trouver réunis le major et son adjoint. Après les salutations d'usage, toujours très correctes, voire courtoises à mon égard, je suis invité à parler. Voici, à peu de choses près, les propos qui furent échangés.
- Vous savez, messieurs, que l'Abwehr de Wistritz a pris une décision contre moi, m'interdisant toute fonction à l'intérieur du camp, même auprès de mes camarades du Bataillon 27 - cela dure depuis un mois et je n'ai pas encore pu obtenir d'aller défendre ma cause au Stalag. Je ne sais même pas de quoi l'on m'accuse. Je suis très étonné e cet état de choses, et demanderais que la Convention de Genève soit appliquée (argument massue), aucun Prisonnier de Guerre ne devant être puni sans que sa culpabilité n'ait été établie.
- Geweiss ! Bien sûr ! répondent ces messieurs d'un seule voix, mais nous ignorons de quoi il s'agit.
Je sens que ça accroche. Il va y avoir du sport ! J'avais visé juste : c'était bien le Sonderführer Schmeer qui avait machiné toute l'histoire ; je ne m'étonne plus qu'il ne voulait pas que je voie les officiers ! Je puis donc jouer au "petit jeu récréatif et bon marché". Allons-y !
Je leur raconte tout ce que vous savez déjà, négligeant tel détail, en amplifiant un autre, disant, incidemment et sans avoir l'air d'y toucher, que le Sonderführer Schmeer, au mépris de la loi militaire allemande, avait intercepté une demande adressée par moi aux officiers de mon Bataillon par la voie hiérarchique (ledit Schmeer eut droit à un "abattage" maison dont il me sut longtemps un gré hargneux et dont il eut l'occasion de se venger après notre départ de Brüx ; mais "ceci est une autre histoire" dirait Kipling, et j'espère y revenir un jour). Puis, j'ajoute que ce qui me surprenait le plus, c'était qu'une autorité de la Wehrmacht, étrangère au B.A.B. 27, ait pris une sanction contre moi sans en référer aux officiers dont je dépends immédiatement.
Ah les petits potes ! Avez-vous jamais été témoins d'un cyclone, d'une tornade, d'un typhon, d'un raz-de-marée, d'une éruption volcanique, de l'explosion d'une bombe atomique ? Non ? Je le regrette, car ça vous serait utile pour vous faire une idée de ce qui se passa sous la casquette à pont des deux officiers en présence desquels je me trouvais.
Le téléphone est décroché, l'on demande le Hauptman Jähkel, à Wistritz... "Aber Schnell !" Après quelques instants - pendant lesquels ils se renvoyaient l'un à l'autre des mots comme Unerhört ! Unwahrscheinlich ! (Inouï ! Invraisemblable ! NDRL) qui qualifiait la conduite du IV C, - Wistritz répond. Je n'entendis que la moitié de la conversation mais comme ce fut presque un monologue, il ne m'en échappa que peu de chose :
- Heer, major Wirthmann ! du B.A.B. 27. Vous avez puni un prisonnier, qui est Geistlicher (chapelain - NDLR) de mon Bataillon. Vous n'en avez pas le droit. C'est "mon" prisonnier...
Vous connaissez la fécondité verbale d'un Allemand en colère. Vous imaginerez le ton, les gestes, les éclats de voix. Je ne vous en dit pas davantage.
Je me représentais l'autre, malgré ses deux macarons sur la patte d'épaule, encaissant l'engueulade - au Still gestangen devant le téléphone et répétant des Ia wohl ! Herr major !
J'étais dans la position d'un gamin espiègle qui assiste, goguenard, à une prise de bec entre ses parents et son précepteur. Je buvais du lait... pensez donc, un doublé : Schmeer ! - Jähkel !
J'obtins, ce jour là, une convocation immédiate à l'Abwehr de Wistritz, c'est à dire pour le lundi 10 mai à 8 heures du matin.
Je vous raconterai cette comparution le mois prochain.
Échos du IV C n° 9 - novembre 1947
Ce matin du 10 mai 1943, je quitta donc le Lager 17-18 avec le Sonderführer Scheungraber, un grand Bavarois jeune et sympathique , pour me rendre à la convocation du Hauptman Jähkel, Abwehroffizier de Wistritz. Il entra sur nos talons dans les locaux de la justice militaire du Stalag IV C. Sans même prendre le temps de quitter ses gants et sa casquette, son premier mot fut pour appeler :
- Herr Corbe !
- Présent, répondis-je, et il m'emmena sur la droite, dans un des petits bureaux du fond.
- Sprechen Sie Deusch ? questionna-t-il.
Prudemment, je réponds :
- Un peu, mais pas suffisamment pour tenir une conversation suivie.
Il me donna alors un interprète - un Sonderführer dont j'ai oublié le nom - et l'interrogatoire débuta sans désemparer : il était 8 heures moins le quart.
Identité. Nom et prénom. Profession ? "Professeur de sciences naturelles dans un collège". Premier accrochage : selon lui, c'était impossible. Étant prêtre, je ne pouvais être que professeur de religion, si j'étais dans un Gymnasium ; si j'étais vraiment un professeur de sciences, ce ne pouvait être que dans un séminaire. Je compris sa difficulté et lui expliquai, appuyé par l'autorité du Sonderführer, qu'il avait chez nous, à côté de l'enseignement officiel, des établissements - dits libres - où prêtres et religieux pouvaient enseigner toutes les matières.
- Quels sont vos diplômes ?
Là, un petit coup de bluff de ma part : je lui énumérai les établissements où j'avais étudié : Sorbonne, Institut Pasteur, Institut catholique, Collège de France, Institut de chimie, ce qui était exact - mais je crois que je me prévalus d'un stock de diplômes sensiblement plus important que celui dont je suis, en réalité, titulaire. Est-ce à cela que je dus d'être invité à "prendre place" et interrogé assis ? Peut-être. Toujours est-il que le ton fut empreint, tout au long de ces trois heures et demie d'horloge, d'une correction impeccable, sans "gueulantes" ou coups de poing sur la table.
Je viens de relire un compte rendu de cette séance, tel que je le rédigeai à mon retour, et que je fis parvenir à ma famille dans le double fond d'un colis. Je dois préciser ici, pour les camarades qui pourraient ignorer la chose, que, dans les Bataillons de travailleurs, nous étions fréquemment invités à alléger notre paquetage, en particulier à la fin de la saison d'hiver, à cause des déplacements toujours possibles ; tous les mois environ nous pouvions adresser des colis en France ; bonne combine pour faire savoir toutes sortes de choses que la censure n'eût point laissé passer...
J'avais passé un mois à me demander ce que l'on pouvait bien me vouloir. Je fus vite servi... Après quelques questions sur l'organisation du culte catholique au camp de Brüx Hydrierwerk - organisation au sujet de laquelle l'Abwehr ne trouva rien à redire, puisque c'était d'accord avec le commandant du camp - il y eut une première passe d'armes qui s'engagea par une offensive brusquée :
- Que pensez-vous du maréchal Pétain ?
- J'en pense que c'est le vainqueur de Verdun et qu'il continue son devoir de Français - peut-être plus que son devoir !
- Cependant, vous ne faites pas partie des Comités Pétain ?
- Non, et je ne songe pas à en faire partie !
- Pourquoi cela ?
- D'abord, parce qu'il n'en existe pas dans mon Bataillon, ensuite, parce que je n'ai pas confiance dans ceux qui les dirigent !
Et je racontai ce que je savais sur tels ou tels (qui n'ont pas à recevoir ici les honneurs du communiqué), ce que je pensais de leur conduite, du point de vue français. Je demandai même s'il n'y avait pas des raisons spéciales pour que Paul Maison [11], ex-Vertrauensmann de Brüx, emprisonné pour des histoires de femmes, fût traité d'une manière fort courtoise dans son box de "taulard" avec la permission d'avoir des livres, de quoi écrire, etc. etc. On alla même jusqu'à sertir un carreau dans le volet de cellule, afin qu'il puisse assister aux matches de football... et il fut ensuite dirigé sur le IV F où on lui confia la "planque" de directeur du journal du camp ("Camp Quand ?", journal du IV F - NDLR).
Je dis encore que le premier son de cloche que j'avais entendu sur les "Cercles Pétain" était la mise en garde que nous avaient faite les anciens du Kdo, lors de notre arrivée : "Méfiez-vous de ceux qui portent l'insigne Pétain ; il y a des mouchards parmi eux". Discussion avec l'interprète qui traduisait "mouchards" par Schlechte Kameraden ; je lui précisai ma pensée :
- Pour moi, des mouchards, ce sont des gens qui ont reçu ou se sont donné mission d'épier leurs camarades pour les dénoncer.
Et je parlai du poste téléphonique dans le bureau de Paul Maison, etc.
- Pour rien au monde, je n'aurais voulu me compromettre avec un capitaine Frey [12], par exemple, dont la présence dans un Stalag s'expliquait mal, selon nous, et qui n'était réputé que pour ses tripotages dans les vivres de la Croix-Rouge et dans les colis des copains...
Ma documentation était précise, avec noms, chiffres et dates : cela fit impression et l'affaire fut liquidée. Le premier "time" se terminait par un net avantage aux points, en ma faveur.
Échos du IV C n° 11 - janvier 1948
Deuxième round - Attaque éclair, comme la précédente.
- Que pensez-vous de la Relève ?
- J'en pense qu'elle n'est pas faite pour moi, répondis-je avec un large sourire, ce qui eut pour effet de dérider Jähkel, lequel paraissait pourtant n'avoir envie de rire que si on le pinçait.
Je me sentais tout à fait à mon aise. Je rappelle que, depuis l'énuméré de mes diplômes, j'avais été invité à m'asseoir.
Hauptmann Jähkel s'approcha de moi, posa le pied sur le barreau de ma chaise, se pencha, devint confidentiel.
- Qu'en savez-vous, si la Relève n'est pas pour vous ? Vous savez que nous pouvons vous faire rapatrier.
- Sans doute, mais je ne me crois pas apte à vous en donner l'occasion.
- Cependant, sans vous compromettre, il vous suffirait ...
- ... de dénoncer, par exemple, le système d'évasions de Brüx, comme mon voisin l'horloger ? Non, je vous assure que vous vous êtes trompés d'adresse. En août 1941, j'aurais pu rentrer dans un convoi sanitaire avec une fracture au pied droit ; après un jour d'hésitation, j'ai fini par rejoindre le B.A.B. 27 où l'O.K.W. [13] venait de me nommer Geistlicher. Comme tous les prisonniers, j'aspire à revoir mon pays, mais je préfère attendre d'autres occasions.
- Et vos camarades, que pensent-ils de la Relève ?
- Ils s'en fichent !
C'était parti tout seul. Jähkel ne pigea pas d'emblée.
- Was sagt er ? demanda-t-il à l'interprète, qui répondit quelque chose dans ce genre :
- Er sagt dass es ihnen gleichgültig ist
Légère montée de température : la seule fois ou le ton s'éleva légèrement au-dessus de celui qui convient à une conversation entre gens bien élevés.
- Comment ! voilà trois ans qu'ils sont prisonniers, les "autorités détentrices" prennent des dispositions pour les rapatrier et ça les laisse froids !...
- Il faut comprendre leur point de vue, mon capitaine...
Il ne désirait pas cela, le brave capitaine ; je me rends même compte qu'il aurait voulu savoir, sur l'état d'esprit des prisonniers, beaucoup plus de choses que je n'étais disposé à lui en révéler... Mais sur ce point précis, j'estimai qu'il n'y avait pas inconvénient à éclairer sa lanterne.
- On peut classer ceux qui sont rapatriés en trois groupes : d'abord, ceux que visent les dispositions de la Mission Scapini : vieilles classes, pères de familles nombreuses ou veufs, anciens combattants ou otages 14-18, titulaires de la médaille du combattant ... Les prisonniers qui entrent dans cette catégorie le savent, leurs noms sont affichés au réfectoire, affectés d'un coefficient qui détermine l'ordre de départ. Ensuite, ceux qui, ayant des relations en France dans les milieux officiels, ont un dossier de rapatriement en instance à l'O.K.W. ; ceux-là aussi, savent que l'on s'occupe d'eux et ne s'inquiètent pas de la Relève. Enfin, ceux que vous rapatriez pour services rendus et eux aussi sont au courant. Quant aux autres, ils savent pertinemment que la Relève n'est pas faite pour eux et ils s'en fichent.
- Votre raisonnement est très juste, approuva Jähkel, après en avoir discuté quelques instants avec son grand diable de lieutenant. Ainsi, personne ne s'occupe de la Relève ?
- Non, ou si peu : un pour cent peut-être des prisonniers, ceux de la première catégorie, qui arrivent en fin de liste, et qui se demandent s'il ne se trouvera pas quelqu'un de la deuxième ou de la troisième, pour prendre leur place in extremis. C'est tout !
- So ! Es scheint direkt wahrscheinlich ! dit-il méditatif.
Et j'ajoutai en allemand :
- Es ist die richtige Wahrheit.
Fin du deuxième round.
L'avantage était encore pour moi. Entr'acte de quelques minutes, pendant lequel je m'entretins avec l'interprète. Il avait fait, à Paris, deux ans de droit et connaissait pas mal le Quartier Latin.
P.S - Cinq semaines plus tard, un convoi composé de sanitaires [14] enlevait à Brüx une bonne partie de son orchestre et de sa troupe théâtrale. Pour une fois, il y avait de l'imprévu dans la Relève !
Échos du IV C n° 12 - février 1948
Troisième reprise.
Jähkel revient, tenant une liasse de feuilles de divers formats, les unes portant des tampons officiels ; d'autres écrites par des Français : une, en particulier, dont quelques mots sont restés gravés dans ma mémoire et ne risquent pas de s'en effacer de sitôt.
Cette fois, le juge d'instruction fait une préparation de terrain.
- Vous nous avez écrit, dans un rapport, que vous étiez prêt à nous donner les renseignements que nous pourrions vous demander. Vous pouvez parler ?
Rien que ça ! Il me croyait tombé de la dernière averse... Il me présentait le plat : je n'avais qu'à mettre les pieds dedans et les agiter avec frénésie. Après tout, c'est amusant de jouer le rôle de l'éléphant dans un magasin de porcelaines...
- Si j'ai bonne souvenance, répliquai-je, dans le même rapport, je disais mon étonnement de la sanction prise contre moi et vous demandais "de vouloir bien faire une enquête approfondie sur les motifs qui vous avaient portés à prendre cette décision". L'enquête n'a pas été faite, puisque je n'ai pas été interrogé ; c'est donc que vous jugiez les motifs futiles ! Pour mon compte, je les ignore toujours, et ne puis, par conséquent, vous donner de renseignements à leur propos.
Je débitai cela tout de go : c'est la seule, parmi les réponses que j'avais préparées, que je réussis à placer à l'audience. Un crochet du gauche dont je fus assez fier.
Le Hauptmann Jähkel hésita quelques instants, reprit ses papiers, les compulsa, en frappa un du dos de la main et laissa tomber ces mots :
- Un de vos camarades a écrit à votre sujet.
- Sans signer évidemment ; c'est bien gentil tout de même.
L'interprète traduisit fidèlement.
Imperturbable, Jähkel continua :
- Il écrit que, dans un discours, pendant une assemblée religieuse, vous avez dissuadé vos camarades à signer des contrats civils
- Oh ! et vous avez cru cela ?
- Warum nicht
- Non, vous ne l'avez pas cru. Et la preuve, c'est que vous n'avez pas fait l'enquête que je vous proposais.
- Là n'est pas la question. Avez-vous, oui ou non, essayé de détourner vos camarades de signer ?
- Bien sûr que non ! L'accusation n'est pas sérieuse. Réfléchissez un instant : quel est mon intérêt ? Avoir le plus de liberté possible pour l'exercice du culte. Vous devez bien penser que je ne songerais même pas à m'occuper de questions qui n'ont rien à voir avec la religion...
- Bien sûr ! Mais enfin, n'avez-vous jamais parlé contre l'allègement de la captivité (c'était le terme officiel)
- Mais non ! D'ailleurs c'est une question personnelle. Je ne sais pas si cela tient à notre tempérament français mais on a, chez nous, le culte de la liberté individuelle.
- Je dois conclure, fit-il sans sourciller, que vous n'avez jamais fait de discours dans ce sens.
- Vous devez conclure.
- Mais dans vos conversations privées ?
- Pas davantage. Jusqu'ici, deux camarades sont venus me demander conseil à ce sujet, et tous deux sont inscrits sur la liste des volontaires - ce qui prouve en ma faveur. Que vouliez-vous que je leur dise ? "Vois ton intérêt". Mais je ne pouvais leur donner un conseil dont ils auraient plus tard à se mordre les doigts.
Et l'expression "se mordre les doigts" fut consignée, entre parenthèses, dans le rapport en allemand.
- Ainsi, on ne peut pas incriminer non plus vos conversations privées ?
- En tout cas, pas sur ce sujet là !
Je me mordis la langue mais c'était trop tard : j'avais ouvert ma garde en un instant et Jähkel visa l'ouverture :
- Il y a donc d'autres sujets sur lesquels ont pourrait vous accuser ?
J'étais découvert : le mieux c'était d'y aller au corps-à-corps.
- Bien sûr ! Supposez que vous soyez prisonnier dans un autre pays, croyez-vous que tout irait à votre goût ? C'est notre cas, et il y a bien des choses qui ne nous conviennent pas.
- Lesquelles, par exemple ?
- Beaucoup de choses. Mais veuillez me poser des questions de détail !
Il hésita encore un instant, puis rompit là et revint à son sujet :
- Et vos camarades, que pensent-ils des contrats de travailleurs libres ?
- Je n'ai pas cherché à le savoir ; mais je puis vous dire qu'hier, au bureau de l'homme de confiance, sur 2800 sollicités, il y avait 223 inscrits.
Jähkel se tourna vers son lieutenant :
- Ça ne fait pas un dixième !
Je crus bon d'intervenir.
- Es ist kaumein Dreizehntel, Herr Hauptmann.
À peine un treizième, j'exagérais ; mais les Allemands sont brouillés avec les chiffres et aucun ne releva l'erreur.
- À quoi attribuez-vous un si faible pourcentage ?
- Aux conditions inhumaines du travail sur les chantiers de l'Hydrierwerk [15]. Si les prisonniers étaient certains, en signant leur contrat, qu'ils seraient envoyés sur un autre chantier, presque tout le monde signerait.
- Vous exagérez.
- Nullement. Venez sur place et vous verrez.
Un dernier coup d'œil à ses papiers.
Dernière question :
- Vous n'avez plus rien à nous dire ?
- Non, si vous n'avez plus rien à me demander.
Jähkel s'en va, suivi du grand lieutenant en zinc. L'interprète rédige le compte-rendu en trois exemplaires que je signe - et me voilà libre. Ouf !
Il était presque 11 heures 30. En somme, une enquête plutôt qu'un interrogatoire.
Le soir, en rentrant au Camp 17-18, première personne que je rencontre, le Sonderführer Hellwig, qui s'avance vers moi les bras tendus :
- Mon cher révérend père, je vous félicite de votre succès ; je le considère comme une victoire personnelle. J'ai le plaisir de vous annoncer que vous avez été réintégré dans toutes vos fonctions.
Lui aussi avait eu maille à partir avec Jähkel : toujours ces lettres anonymes. Quelle plaie ! Une véritable maladie mentale.
Échos du IV C n° 14 - avril 1948
[1] Abwehr
[2] B.A.B. 27
[3] Camp B : terme utilisé le plus souvent par les P.G. du "459" - Il s'agissait du Camp 18 (à proximité duquel se trouvait le Camp 17 ou Camp A). Ce site jouxtait l'usine d'hydrogénation de la société "Sudetenländische Treibstoffwerke AG", la S.T.W., dans sa partie Sud-Ouest. Les deux camps ont hébergé durant toute la guerre l'important Kommando 459.
[4] Aumônerie Générale des P.G. : fondée par l'abbé Jean RODHAIN, après son évasion.
[5] ONDEL, Mle 1746/IV C, fut homme de confiance du district de "Brüx-Hydrierwerk" et figure parmi les créateurs du "Comité Pétain" au IV C. Il sera muté pour le Stalag IV B en mars 1944 après avoir été accusé par les autorités allemandes de sabotage à la "Transformation"
[7] Kommando 459
[8] Père LE GALL - François, Mle 33925/X B
[9] place Parmentier : nommée ainsi par les prisonniers de guerre par clin d'œil aux Kartofell puisqu'elle se trouvait entre les deux vastes réfectoires du camp.
[10] Roger MORÉ-PHILIP : nom inconnu, toute info est la bienvenue
[11] Paul MAISON, professeur, capturé le 15 mai 1940 à Villers-Maisoncelles (Ardennes) ; Mle 26696/IV B - Il rejoint Brüx et le Kdo 459 en août 40. L'une des figures du "Comité Pétain". Alors qu'il était sur le point d'être "mis en congé de captivité", il est finalement muté au IV F le 24 mars 1943.
[12] capitaine FREY, capturé à Draizes (Ardennes) le 18 mai 1940, immatriculé à l'Oflag IV D sous le n° 1380, il est muté au IV C le 1er mai 1941 et rejoint l'infirmerie de Bilin où il devient homme de confiance et membre actif du "Comité Pétain"... En mars 1943, il rejoint à nouveau Elsterhorst (Oflag IV D). Il fut "inquiété" après guerre pour son comportement relaté ci-dessus puisque les autorités allemandes profitaient de "ses largesses" (détournement de colis). CORBE, entre autres, témoigna contre lui !
[13] O.K.W.
[14] sanitaires : personnels du service de santé - C'est
en janvier 1941 que leur rapatriement débute mais
l'Allemagne a aussi besoin de ces « sanitaires » pour
faire face aux soins à donner aux prisonniers et, bien sûr, de nombreux infirmiers ne rentreront qu'en 1945...
[15] Hydrierwerk
La caricature représente le R.P. CORBE ; elle est signée Paul-Robert BON, Mle 55719/IV B
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