07 novembre 2016

Pierre ROMILLAC


Pierre ROMILLAC -  P.G. 55.871

   Pierre ROMILLAC, né à Levallois-Perret le 31/08/1903, est "Compagnon Charron du Devoir" puis imprimeur à Salbris (Loir-et-Cher). Il est également saxophoniste et joue des polkas, des valses, des mazurkas dans des orchestres de style musette pour faire danser les gens les jours de fête, notamment dans l’orchestre les « Vrais de vrais » à Romorantin (Loir-et-Cher) :


   Pendant son service militaire il est affecté dans les régiments suivants : le 10/05/1925 au 30ème R.A. à Orléans ou il est classé 2ème Canonnier (6ème groupe, 16ème batterie) puis au 131ème R.I. ou il est, entre autres, saxophoniste.

   Il finit son service et devient réserviste au 131ème R.I. de Blois en mai 1926, ou il accomplira quelques périodes.

   Le 09 septembre 1939, la guerre étant déclarée, il est rappelé sous les drapeaux au 405ème Régiment de Pionnier. Il est envoyé en Alsace en tant que canonnier de 2ème classe. Il accède aux grades de caporal puis de sergent le 1er février 1940.
Sur ces photos, avec ses camarades du 405ème R.P., on peut voir qu’il a intégré un orchestre en tant que batteur, et non pas saxophoniste.





   La plupart de ces soldats ont probablement été faits prisonniers, voire pire, mais nous ne saurions dire lesquels.


 Le 20 juin 1940, Pierre ROMILLAC est capturé par les Allemands. On lui affecte le matricule 55.871 et on l’envoie à Mühlberg, au Stalag IV B.

A partir de ses notes prises dans son carnet, des Postkarten qu’il envoyait à sa famille, des lettres qu’il a reçues, des documents administratifs et militaires, et des événements historiques, nous avons pu reconstituer son parcours dans les Stalags avec une relative précision :

* 06/1940 à 08/1940 : IV B – Mühlberg (2 mois)
* 04/1941 à 03/1942 : IV C – Bodenbach (11 mois)
* 05/1942 : IV B – Mühlberg (2 mois ?)
* 06/1942 à 12/1942 : 325 – Rawa-Ruska (6 mois)
* 01/1943 à 02/1943 : IV B – Mühlberg (2 mois)
* 02/1943 à 06/1943 : IV F – Hartmannsdorf (4 mois)
* 06/1943 à 10/1943 : Weissenfels (4 mois)
La variété des lieux est due à ses 3 ou 4 évasions.
Dans ses récits il ne nous a pas précisé de dates. Il préférait se focaliser sur des anecdotes telles que :
- comment il a reconstitué un vélo en vue d’une évasion en piquant çà et là des pièces aux gardes allemands ;
- comment il s’est moqué d’un officier allemand qui menaçait les prisonniers en les prévenant qu’ils seraient : « sévèrement fusillés » s’ils tentaient de s’évader ;
- ou bien comment, avec un camarade, il avait sauté d’un train en marche au nez des gardes allemands : s’étant concerté avec son copain il aurait dit : « Si tu sautes, je saute … ».

   Au cours de ses évasions par les trains qui le rapprochaient de la France, il se cachait dans des wagons de marchandises. Pour ne pas que les chiens des Allemands le repèrent, il se procurait du poivre et en mettait par terre à l'intérieur des wagons. Il s’amusait également du fait que les Allemands avaient beaucoup de mal à compter les prisonniers français, ces derniers étaient très fort pour brouiller les comptes en se décalant dans les rangs comme dans le film « La vache et le prisonnier » d’Henri Verneuil avec Fernandel. 
Il trouvait aussi qu’il y avait des gardiens amicaux qui faisaient ce qu'ils pouvaient pour être gentils avec les prisonniers.
C’est au stalag IV C, à Bodenbach/Elbe, qu’il est resté le plus longtemps, soit 11 mois. On le voit sur ces photos en décembre 1941, où il fait partie d’un orchestre en tant que batteur, comme au 405 ème R.P.

A la même époque (décembre 1941) avec des camarades du IV C
Charles VERGEREAU (1er rang, 3ème à partir de la droite), est la seule personne identifiée pour l'instant sur ce cliché avec Pierre ROMILLAC (2ème à droite au 2ème rang) 

Postkarten, envoyées par Pierre à sa famille à Salbris et Romorentin

Demande de permission (restée sans suite) adressée par son père, Auguste Romillac,
au Stalag IV C le 3 juin 1941


   Plus tard, retour au Stalag IV B à Mühlberg.

Pourquoi se retrouve-t-il en juin 1942, à Mühlberg, transfert, ou repris après une évasion ?
En tout cas une vingtaine de jours plus tard il sera conduit à Rawa-Ruska. Sa présence au camp de représailles n°325 de Rawa-Ruska (à partir de juin 1942), "Le camp de la mort lente" comme le disait Churchill, est la conséquence de ses tentatives d’évasions manquées. Il n’y resta que 6 mois jusqu’au début de l’année 1943, car le camp fut fermé par les Allemands le 19 janvier, à cause de la progression des Russes (et peut-être aussi grâce à la pression de la Croix-Rouge, d’après d’autres sources..), et les prisonniers renvoyés dans leurs camps d’origine.

Et donc second et dernier retour à Mühlberg pour Pierre ROMILLAC. Puis, à partir de juin 1943 c’est 4 mois à Hartmanndorf, le stalag IV F, 4 mois à Weissenfels en tant que travailleur civil.

   Il s’évade définitivement le 10 octobre 1943, comme l’atteste sa carte de membre de l’Association des Prisonniers de Guerre :



   Par la suite il vivra en France dans la clandestinité jusqu’à la Libération.


Brouillon d'attestation d'évadé pour l'obtention de la médaille qu'il a obtenu le 10 juillet 1949



Liste de camarades de captivité inscrits dans son carnet

Lettre, de Robert Forthoffer (K.G. 50.258 – Stalag V C - Wildberg)
qu’il a connu à Rawa-Ruska


Récit de Florent Sallé, petit-fils de Pierre Romillac.
Photos et documents sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR
(collection Florent Sallé et famille Romillac)

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