09 décembre 2014

La boxe ...


Affiche d'un gala donné en 1943


La boxe au IV C



 Des galas de boxe étaient organisés dans les stalags et notamment dans les "gros" kommandos. Les matchs étaient disputés par des P.G. ayant déjà pratiqué ce sport mais d'autres captifs "s'essayaient" également à cette discipline. Les rencontres avaient aussi pour but de distraire les prisonniers et ... leurs geôliers !


      Charles PATOZ décrit l'atmosphère exaltée et passionnée des matchs au sein du camp 17/18 de "Brüx-Hydrierwerk" :
Gala du 22/08/1944 entre Teplitz et Brüx



" Dans cette salle, que de souvenirs depuis trois ans ! Tout un passé : ALONSO, BEAUCHANT, BRAMAI, MARMET ... Le présent s'appelle VETESSE, LAMBERT, JACQUEMINET. Déjà lointaine, la facilité de SANDRÈS ... Ce qui compte aujourd'hui, c'est la puissance de GIRAUD, la science de  SEVESTRE, les k.o. dramatiques de CORDEAU. 
Gala du 22/08/1944 entre Teplitz et Brüx

En entrant, nous retrouvons immédiatement quelque chose de l'atmosphère de la Mutualité et du Central. C'est un vertige de lumière crue, des hurlements, des senteurs fortes. Impossible de circuler. La foule est partout. Sur les tabourets, sur les tables, même au bord du ring. La resquille a donné à fond. Les consignes du service d'ordre se canalisent en rumeurs sourdes qui alternent avec des éclats bruyants. La fumée des pipes enveloppe déjà le haut de la salle d'un nuage épais. A leur tréteau, le maestro et sa bande se déchaînent comme Jack Hylton. Le cri aigre des chasseurs de primes troue la symphonie du Hott. Mais le rythme du jazz l'emporte sur les clameurs. Les saxos ont retrouvé les accents de Haarlem, le public vibre à l'unisson. Tout à l'heure, sur le cercle enchanté, on va s'affronter entre hommes. A l'avance la foule en manifeste une joie âpre et brutale. Chacun  joue les costauds. Les gars de l'organisation doivent y aller de l'épaule. Le moindre froissement amène sur les visages un rictus de colère qui s'accompagne d'un défi. C'est le triomphe de la force. Par contraste, on se prend à chercher les comédiennes platinées qui viennent, aux premières loges, humer l'odeur du mâle. L'orchestre se tait. Entre spectateurs on discute le coup. Tout le monde s'y connait, mais les nez écrasés, les oreilles en choux-fleurs apparaissent en augures. C'est à la fois le paddock, la réunion fédérale, la bourse des matches, les couloirs du Palais des Sports, les populaires de Wagram. Faisceau de lignes blanches, le ring s'érige sous la lueur aveuglante des lampadaires. A chaque instant un soigneur en franchit les cordages. Cette simple escalade semble devoir conférer, à ceux qui en sont dignes, des quartiers de noblesse... Privilèges du ring ! Aux angles, deux boxeurs, propres et gominés, se dévisagent, un peu pâles devant  l'imminence de la sanglante confrontation. Dans son coin, impassible, l'arbitre attend. En tenue civile, le speaker fait les présentations dans un inénarrable mélange de gouaille et de grandiloquence. Les préparatifs s'achèvent. L'arbitre appelle les deux adversaires. Dans la salle, les globes s'éteignent. Autour du ring, la lumière, tamisée, devient plus douce. Un long frémissement, quelques rires énervés, puis la foule, instinctivement observe le silence. Un coup de gong. L'instant devient pathétique ...
"Première reprise ! crie le speaker"

Reprise de la publication du 1er février 2014 de François Léger pour le groupe  "Stalags IV" de Facebook.
Photos : archives Pascaud

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