24 février 2016

Pierre PEYRILHE

Tué deux mois avant la liberté...




 Pierre PEYRILHE, mon grand-père paternel, était né le 14 janvier 1910 à Salles-d’Aude (Aude). Il était ramonet (régisseur agricole employé à soigner les chevaux) et habitait à Coursan (Aude), avenue de Toulouse. Il avait épousé ma grand-mère en 1933 et mon père était né en 1936.
P.G. du IV A
 2ème classe au 3ème bataillon de chasseurs pyrénéens (2ème demi-brigade), il est fait prisonnier au fort de Roppe (près de Belfort) au soir du 20 juin 1940.
D’abord détenu à l’Oflag IVB/Z sous le n° matricule 2.116, il est transféré au Stalag IVA le 25 septembre 1940.




La famille Tomisch et Pierre tenant le chien



  Le 9 novembre 1940, il arrive dans l’entreprise de transport de Martin Tomisch à Lauenstein (45 km au sud de Dresde) en tant que chauffeur. Il est bien traité par ses patrons, reçoit des cadeaux pour Noël, est invité, en 1942, au mariage du fils de la famille (sous-marinier à bord d’un u-boot en France) et mange à la table familiale. Il s’essaye même au ski (photo ci-contre).

  En 1943, il devient travailleur civil et vit chez ses patrons. Il loge dans un petit appentis attenant à la maison qui lui est réservé. Il dispose d’un lit et d’un poêle à bois (il n’est pas rationné en bois et peut donc se chauffer relativement correctement). Avec son camion, il livre aux alentours de Lauenstein essentiellement du charbon et des pommes de terre. 



Le camion de livraison de l'entreprise Tomisch


   Le 6 février 1944, il est arrêté chez ses patrons par la police allemande pour relation avec femme allemande et redevient prisonnier de guerre. Selon le témoignage d’un de ses compagnons de captivité, Martin Tomisch a fait tout ce qu’il a pu pour le faire sortir de prison mais sans succès. C’était certainement difficile pour lui d’intercéder pour un prisonnier de guerre français, surtout en 1944, sans se mettre en péril lui-même…. C’est un certain Jean GAUDION qui l’a remplacé chez les Tomisch du 7 février 1944 au 8 mai 1945. Je n’ai aucun renseignement sur ce prisonnier. 
P.G. en captivité à Lauenstein (coll. privée)
    De sa date d’arrestation au 5 mars 1944 il est incarcéré dans une prison civile. Du 5 mars à juillet 1944 il est hospitalisé à l’hôpital de Schmorkau. En juin 1944 il est présenté devant un tribunal militaire allemand et est condamné, le 14 juin 1944, à 2 ans de forteresse (3 ans avaient été initialement requis). La jeune fille concernée, traduite elle aussi devant le même tribunal, est condamnée à 5 mois de prison.

  A sa sortie de l’hôpital, il retourne au Stalag IVA (kommando 734) puis est transféré au XXB (kommando 670) où il reste peu de temps (il dit dans une lettre que le XXB est un stalag de punition : il a droit à une lettre et une étiquette colis par mois. Il écrit, pour rassurer ma grand-mère que la vie y est supportable, que le travail est varié et parfois agréable et qu’ils mangent passablement bien).

  Il est enfin envoyé au IVC et plus précisément au kommando de Triebschitz III (kommando F1). Je n’ai aucun renseignement sur cette période. Je ne sais pas en quoi consistait ce kommando et où il travaillait. Ses lettres à ma grand-mère deviennent alors rares et ne disent rien. Il tente de s’évader et est abattu le 5 mars 1945 par un adjudant du camp. Il est enterré dans le cimetière de Tschauch le 09 mars (d’après les témoignages de ses compagnons de captivité).



P.G. du IV A avec Pierre PEYRILHE, 4ème depuis la droite

   J’ai, en ma possession, plusieurs noms de camarades de captivité :
- René RIGAUD de Bram et Pierre DAURIAC de Lézignan-Corbières qui étaient avec lui dans les derniers mois de sa vie ;
- Pierre BERGE de Marcorignan ;
- SCOUANNEC (je n’ai pas le prénom) qui était avec lui à l’hôpital de Schorkau et qui est décédé d’une péritonite le 1er avril 1944 ;
- CORLAY de Saint-Romain-de-Benet (avec qui il était, semble-t-il, dès le début de sa captivité) ainsi que le nom de l’homme de confiance du kommando Triebschitz F1 : le sergent ZERBINOF.


La maison des Tomisch.
Sur la droite, l'appentis où logeait Pierre
  La famille Tomisch vit toujours dans la maison. En 2013 je me suis rendue à Lauenstein et j’ai pu voir l’endroit où mon grand-père a passé la plus grande partie de sa captivité. J’ai regardé la maison de l’autre côté de la rue sans oser frapper à la porte, ne sachant comment je serais reçue. C’est à mon retour en France que j’ai décidé d’écrire aux Tomisch qui m’ont envoyé une seule et unique lettre (avec des photos) me racontant la vie de mon grand-père chez eux.

  J’ai aussi réussi à retrouver la jeune fille (grâce à la retranscription du procès qui se trouve aux Archives Nationales de France et dans lequel son nom est mentionné) et je lui ai envoyé un courrier. Depuis bientôt deux ans nous correspondons régulièrement. Elle m’a raconté ses souvenirs et le traumatisme qu'elle a subi avec le procès, son emprisonnement et le bombardement de Dresde qu'elle a vécu. Elle est maintenant la seule personne encore vivante qui ait connu mon grand-père.

  
   Je suis preneuse de toutes les informations et notamment celles sur la fin de sa captivité et sur le kommando de Triebschitz III (kommando F1) dont je ne sais rien.

Texte de Françoise Peyrilhe

Photos : collection Françoise Peyrilhe (sauf P.G. à Lauenstein) sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

Si vous avez des infos sur les compagnons de captivité de Pierre, envoyer un mail à : f_peyrilhe@yahoo.fr
Remerciements à Françoise pour ce témoignage

1 commentaire:

Unknown a dit…

Bonsoir,
votre grand-père a été capturé à la reddition du Fort de Roppe le 21 Juin 1940 à 10h30 et non le 20 Juin au soir.
Bien cordialement à vous, Eric Enderlen