18 mars 2013

Louis LACOUR


   Mon père, Louis LACOUR (21/03/1913-02/05/1989), est fait prisonnier au massif du Donon le 20 juin 1940. Il est détenu dans un camp de transit à Sarre-Union jusque vers septembre-octobre 1940 (mes souvenirs d'enfance des rares récits de mon père sont imprécis sur ce point). Les prisonniers ont parcouru à pied une partie du trajet de leur lieu de captivité à Sarre-Union.


La plaque du K.G. Louis Lacour
   Mon père est expédié à Mülhberg (Brandebourg) par le train (wagons à bestiaux, mais wagons de voyageurs lors de la traversée de vallée de l'Elbe). Il est immatriculé au Stalag IVB sous le matricule 55557. Il est ensuite affecté et expédié au Stalag IVC à Brüx dans les Sudètes où les Allemands construisent une usine d'essence synthétique (procédé Fisher-Tropsch).
Il y reste jusqu'au 8 mai 1945.

   Le 8 mai 1945, c'est la débandade allemande. Les prisonniers sont laissés à eux-mêmes. La situation est terrible en raison d'un bombardement aérien russe qui fera de nombreuses victimes parmi les prisonniers français (mon père parlait d'un proche camarade tué en étant hospitalisé).
Louis Lacour (2ème rang, 4ème en partant de la gauche)
et d'autres camarades le dimanche 31 octobre 1943
Mon père et un camarade (je ne me souviens pas de son nom) décident de quitter le camp pour rejoindre les Américains et fuir les Soviétiques. Ils parcourent à pied la vallée de l'Eger (Ohre) jusqu'à Karlsbad (Karlovy Vary). Ils transportent leur maigre bagage au moyen d'une brouette. Quelques allemands des Sudètes leur ont offert à manger et à dormir. Mon père rappelait le changement d'attitude des ces allemands à l'égard des prisonniers.

Louis Lacour (1er à gauche au 3ème rang)
le 1er janvier 1945

   Vers Karlsbad, mon père et son camarade empruntent un train de fortune qui transporte des prisonniers vers l'Allemagne. Le train est escorté et protégé par des soldats américains en raison des desperados SS qui sévissent le long de la ligne. Les prisonniers réparent les voies (pose de rails et de traverses). Un pont détruit stoppe le voyage en train. Ils continuent dans des camions de l'armée américaine jusqu'à Gera (Thuringe). Les Américains transfèrent les prisonniers français vers Paris par avion (Dakota). Mon père arrive à Paris-Le Bourget vers le milieu de juin 1945, et est démobilisé. 

Obsèques des P.G. victimes du
bombardement du 12 mai 1944 à Brüx
   Quelques souvenirs de récits supplémentaires :
A partir de la fin de 1943 ou du début de 1944 le camp a subi de fréquents bombardements la nuit (britanniques) et le jour (américains) pour détruire l'usine d'essence synthétique.
Ces bombardements ont fait des dizaines de victimes parmi les prisonniers français. Les prisonniers employés à la construction et à l'extension de l'usine ont effectué de nombreux sabotages pour entraver sa construction et son extension (par exemple, canalisations obstruées, détruites ou interrompues, sable dans les boîtes à graisse des wagons de marchandise, casse lors du déchargement de wagons de marchandise) avec une grande habileté pour ne jamais éveiller les soupçons des Allemands et éviter les représailles.

Texte et documents : Jean-Louis Lacour, que je remercie. 

D'autres photos sont consultables dans le diaporama
"Stalag IV C"

Des documents de la collection de Jean-Louis seront insérés ultérieurement dans des messages particuliers (La foi, bombardements etc.)

Toutes les photos publiées sont sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 FR

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